Résumé : Ahmed a été condamné à plusieurs mois de prison. Cela ne l'empêche pas de les menacer par écrit. Fahima le craint vraiment. Madjid, qui est de retour, a une bonne nouvelle. Il ne la lui apprend pas tout de suite, heureux de la voir brûler d'impatience… -Cesse de jouer ! Tu sais que ma patience a des limites, le prévient-elle en faisant mine de se fâcher. Alors ? Qu'est-ce qu'il y a ? Madjid prend tout son temps pour boire son café et sort même une cigarette. Fahima lance un cri, en regardant en l'air, semblant prier le ciel de l'aider. A patienter ou à lui enlever cette cigarette des lèvres. Elle ne sait pas. - Tu veux vraiment savoir ? lui demande-t-il. Eh bien…Voilà, mon patron a accepté de trouver quelqu'un pour me remplacer ! - Il va t'accorder un congé ? réplique-t-elle. Maintenant, alors que ce n'est pas l'été ! Tu aurais pu le lui demander plus tard…On aurait passé les vacances, ensemble, au bord de la mer ! A quoi pensais-tu quand tu le lui avais demandé ? lui reproche-t-elle. - Tu es sur les nerfs, remarque-t-il. Que s'est il passé durant mon absence ? - Rien, répond-elle en vérifiant que le dîner n'est pas en train de brûler. Je ne comprends pas pourquoi tu as pris un congé maintenant ! Y aurait-il quelque chose que j'ignore ? - C'est toi qui te comportes comme s'il se passait quelque chose ! - Oui, finit-elle par lâcher. Tout à l'heure, on a reçu un mot du… - Il vous a menacés ? - On peut dire que c'était des menaces, répond-elle. Depuis un moment, je me dis que ce serait bien qu'on quitte le quartier ! Et si on déménageait ? - Et le travail, tu vas le quitter ? Car si c'est un fou, il nous surveillera jusqu'à tout connaître de nos faits et gestes, dit son mari avant de lui apprendre la nouvelle. Mais il ne pourra rien contre vous, la rassure-t-il. Bientôt, je serais là ! - Un mois ne suffira pas… On a besoin de toi, tous les jours, toutes les nuits… Madjid sourit. - Dès que le grand patron aura signé ma demande, je travaillerais ici, au dépôt…Le travail sera certainement plus pénible mais je serais là et c'est ce qui compte ! N'est-ce pas ? Fahima saute et crie de joie. Elle n'y croyait plus. Leurs filles accourent et partagent sa joie, tout en lui demandant “Qu'est ce qu'il y a maman” ? - Bientôt, papa n'aura plus à travailler loin de nous !leur apprend-elle. On sera enfin réuni comme toutes les familles ! Cette fois, elles sautent au cou de leur père, heureuses comme jamais. - C'est vrai, papa ? - Oui…Sabah, cette année, tu iras à l'école et c'est moi qui t'y emmènerais, lui apprend-il. Tu as vite grandi… Majda se tient bien droite, tenant à ce qu'il la remarque. - Toi aussi , s'écrie-t-il, apparemment impressionné. Qu'avez-vous mangé cette semaine ? Les fillettes rient. Fahima qui est en train de préparer la table, s'arrête pour les regarder. Elle est émue. Il y a tant d'amour dans le regard de son mari. Elle se sent mieux maintenant qu'il travaillera en ville. Ce n'est pas pour demain mais cela se fera prochainement. Le sentiment de sécurité qui lui a tant manqué ses derniers temps, revient. - Ce week-end, on ira chez grand-mère, décide-t-il. On verra toute la famille, vous vous amuserez avec les chèvres et leurs petits ! - Ouais ! - Allez vous laver les mains, leur ordonne-t-elle, ne supportant pas qu'il prenne des décisions, sans la consulter. Tu pourrais me demander mon avis !lui dit-elle. - Pas pour aller voir ma famille, répond-il, rejoignant les filles, dans la salle de bains, refusant d'en discuter, même s'il sait que ce n'est pas du goût de Fahima… A.K. (à suivre)