Le juge Goldstone, qui avait eu l'unique chance de marquer l'histoire par une prise de position équitable, l'avait gâchée en retournant sur sa queue. Le juge Goldstone, qui avait eu l'unique chance de marquer l'histoire par une prise de position équitable, l'avait gâchée en retournant sur sa queue. Cet «autisme» caractérisé l'avait, contrairement à ce qu'il croyait, disqualifié et englouti dans les méandres de l'histoire. Car depuis qu'il a publié son rapport sur le génocide de Gaza, le juge Richard Goldstone est devenu l'ennemi public numéro un en Israël. Aux yeux du gouvernement Netanyahu et de ses partisans de la droite, le juge sud-africain incarnait les efforts en vue de «délégitimer» l'Etat juif et le priver de sa capacité à se défendre. Les médias populaires le présentèrent alors comme le Juif anti-sémite par excellence. Les organisations de défense des droits de l'homme qui avaient fourni à l'époque des informations à la commission ont été, elles, qualifiées de collaborateurs et de traîtres. Qu'en est-il aujourd'hui, après qu'il ait renié le fait qu'Israël avait délibérément visé des populations civiles palestiniennes à Gaza, et donc commis des crimes de guerre, voire des crimes contre l'humanité ? Apparemment, le juge Goldstone se retrouve dans des draps aussi sales qu'ils l'étaient auparavant. Il ne trouve toujours pas grâce aux yeux des Israéliens. Il est «pourchassé», à l'image d'un criminel en fuite, par les chroniqueurs des principaux journaux qui ont jugé «impardonnable» son rapport «antisémite». En réalité, le juge qui semble avoir vécu des nuits blanchies de remords, a revu ses accusations à la baisse en faisant une opération de communication «inattendue», et rare, au profit d'Israël. Même si ses nouveaux arguments n'ont aucun caractère officiel, ils battent en brèche ses précédentes conclusions. Sous quel stupéfiant a-t-il lâché sa déontologie ? Le «Penthotal» semble avoir fait son effet. En 2009, il a mis Israël et le Hamas sur un pied d‘égalité moral. En 2011, il place le pays, qui a mené des centaines d'enquêtes sur le comportement de son armée à Gaza, dans une meilleure position morale que l'organisation. C'est évidemment une bonne chose pour la cause sioniste. Mais on doute que les «enquêtes israéliennes» s'il y eut enquête, dont très peu ont abouti à des inculpations ou à des condamnations, auraient été réalisées sans le rapport de M. Goldstone et sa menace de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice à La Haye. De plus, la crainte d'un autre rapport accablant a un puissant caractère dissuasif. Israël impuni continue de massacrer les Ghazaouis, alors que Goldstone qui croyait à la bénédiction des «sages de Sion» avait tout perdu. Il est devenu «l'homme qui avait perdu son ombre». Que faire ? Une volte-face publique à assumer, désormais. C. A.