Tous les subterfuges sont utilisés pour masquer la réalité de l'état d'avancement des travaux dans différents projets de travaux publics lancés dont le plus important est l'autoroute Est-Ouest. Le constat est de plusieurs spécialistes des routes et autoroutes. Ils accompagnaient Amar Ghoul ministre des Travaux publics lors de la visite de travail qu'il a effectuée ce jeudi à Annaba. Il y a eu d'abord la nouvelle aérogare Rabah Bitat de Annaba. Prévue pour être réceptionnée fin 2010 puis en 2011, les travaux de cette infrastructure d'une capacité d'accueil de 700.000 voyageurs/an extensible à 1 million sont à peine à 65% de réalisation. Il n'est pas certain qu'avec les graves perturbations au sein du conseil d'administration de la société égyptienne Arab Contractor maître de l'ouvrage et générées par les derniers événements en Egypte, cette aérogare soit achevée en 2012. Ce qui n'est pas le cas des projets de l'embouchure d'Oued Seybouse avec l'ouvrage d'art à l'entrée Sud au niveau du Pont Y, l'aménagement de l'entrée Nord de la ville de Annaba à partir de Sidi Brahim ainsi que la trémie sous la RN44. A ces niveaux, les travaux réalisés par des entreprises algériennes avancent bien dans le strict respect des délais impartis. Le ministre a eu à le noter avant d'entamer la 4ème étape de sa visite. Elle concernait la section Annaba du tronçon d'autoroute Est-Ouest dans la localité de Bir El Merdja commune d'El Eulma. Amar Ghoul s'y est longuement attardé aux côtés de Mohamed Ghazi wali de Annaba et de plusieurs membres du directoire du consortium de la société japonaise «Cojaal» en charge de la réalisation de ce tronçon. Un état d'avancement des travaux lui a été fourni sur ce tronçon formant l'autoroute Est-Ouest. L'on saura que la complexité des travaux du tronçon de Lakhdaria est maîtrisée. Que celui de Constantine-Annaba long de 167 km sera achevé le mois de juin prochain. Que le parachèvement de ce qui reste, c'est-à-dire Annaba-Frontières algéro-tunisiennes via Tarf sera concrétisé à cette même date. Telles sont en tous les cas les explications fournies au ministre. Ce dont doutent sérieusement les spécialistes en question ; ils se sont interrogés sur cette poursuite de la stratégie de la fuite en avant adoptée par ceux en charge de cette réalisation. Celle-ci a répercuté d'une année sur l'autre, les dépenses pour masquer des plus-values plus lourdes que ne le dit le discours officiel. L'état des lieux enregistré au niveau du tronçon d'Annaba est à cet égard édifiant. Si le respect de l'échéance de juin 2011 pour l'achèvement des travaux relève d'un exploit, il est certain que le ministre aura du mal à s'en tenir à l'enveloppe financière initiale annoncée. Sur le terrain, les techniciens algériens présents tout au long de la visite ministérielle, du reste très instructive, ont décortiqué à la loupe ce qui a été réalisé, en cours ou appelé à être lancé. Comme ils ont pu relever les astuces employées pour camoufler les malfaçons. Sous d'autres cieux, n'importe quel chef d'entreprise, pour cette façon d'agir, risquerait de grosses sanctions. Pour ces techniciens, les tours de passe-passe imposeront d'alourdir les opérations de plus-values. Ce qui n'a pas empêché le ministre de réitérer son affirmation relative à la réception du tronçon d'autoroute Constantine-Annaba (170 km) pour le mois de juin prochain. Et à moins d'une mauvaise interprétation, celle de la totalité de l'autoroute Est-Ouest en novembre 2011. Il n'est pas le seul à s'en tenir à sa position initiale. Les spécialistes, y compris ceux de l'Agence nationale des autoroutes, estiment que cette échéance de novembre 2011 est un véritable défi. En ce qui concerne le tronçon de Tarf, ils maintiennent leurs arguments portant sur l'état d'avancement des travaux. Selon eux, la société nippone chargée de la réalisation de ce tronçon est loin des objectifs de réalisation fixés. Ce tronçon d'autoroute Est-Ouest de Annaba sera-t-il achevé dans les délais préconisés par Amar Ghoul ? À cette question, un cadre chargé du suivi des chantiers a été catégorique : «Il n'en sera rien et vous allez le constater par vous-même en avançant. En certains endroits on en est encore au renforcement alors que sur d'autres, les travaux viennent tout juste de débuter. Il ne faut surtout pas vous fier à ce que vous voyez en ce qui concerne les points où le bitume a été mis. A mon avis, le mois de juin 2012 sera une date appropriée pour la réception du tronçon de Annaba». Il faut croire que Amar Ghoul retournera à Alger avec toujours les mêmes soucis quant à des travaux de l'autoroute Est-Ouest qui n'en finissent pas de durer. En tout état de cause, sa visite de travail dans la wilaya de Annaba n'est pas passée inaperçue du côté des automobilistes et des usagers du transport aérien car les premiers sont en butte à des difficultés récurrentes de circulation, les seconds à l'absence de commodités au niveau de l'actuelle vieille aérogare Rabah Bitat. Et c'est justement pour accélérer les solutions qu'ont été lancés plusieurs projets de réalisation de routes, échangeurs, ouvrages d'art, trémies ainsi qu'une aérogare, un nouveau parking avion et le renforcement de l'ancien avec des bretelles de voies de circulation et d'accès et l'assainissement de la piste principale. Lancement aussi des travaux portuaires, de la protection cathodique des quais métalliques, confortement et rempiètement du quai N°14. Tous ces projets sont en charge d'entreprises algériennes. Certains sont déjà achevés alors que d'autres le seront dans le respect des délais impartis. Pour les cadres algériens, c'est une manière comme une autre de dire aux décideurs du gouvernement, faites-nous confiance, nous sommes aussi compétents sinon plus que les étrangers. A. Djabali
