Le président de la République préside la cérémonie de célébration de la Journée internationale des travailleurs    La Journée internationale des travailleurs une occasion de se remémorer la lutte d'hommes honorables    Fête des travailleurs: plusieurs activités organisées dans les wilayas de l'Ouest du pays    Premier Congrès international sur la santé intégrative à Oran et Mascara les 2 et 3 mai    L'APN participe à la réunion du groupe de haut niveau pour la technologie, innovation et transition numérique à Amman    Le président de la République préside la cérémonie de célébration de la Journée internationale des travailleurs    Tour international du Bénin : le cyclise Hamza Amari vainqueur de la 2e étape    L'Armée sahraouie cible un poste de commandement des forces d'occupation marocaines dans le secteur d'El Bekkari    Championnats d'Afrique Open de natation: trois médailles dont 1 en or pour l'Algérie    Un terroriste abattu et 11 éléments de soutien aux groupes terroristes arrêtés en une semaine    La diplomatie sportive en mesure de défendre les choix de notre pays aux niveaux régional et international    Fatah et Hamas expriment leur volonté politique de parvenir à la réconciliation et l'unité palestinienne    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'élève à 34.568 martyrs    Cherfa reçoit le Conseiller diplomatique de la Première ministre italienne en charge du Plan Mattei    Décès du musicien et un des fondateurs de l'Orchestre philharmonique algérien, Abdelkrim Kara    Le film espagnol « Matria » remporte la « Gazelle d'Or » du 4ème Festival du film méditerranéen d'Annaba    Ouverture à Alger, du 6e Festival international "Algé'Rire"    Sport/Liberté de la presse: riche programme pour célébrer la Journée    «Objectif atteint en terminant parmi les quatre meilleurs»    L'USMA campe sur ses positions et boycotte Berkane    Championnat d'Afrique de volley : L'ASWB vainqueur face au Litto Team du Cameroun    Première session des consultations politiques    Les manifestations pro-palestiniennes s'intensifient dans les universités américaines    La délégation algérienne rencontre Haniyeh    Session de formation au profit des cadres du Bureau des affaires des pèlerins algériens    Des médecins mauritaniens assistent à des opérations de transplantation rénale au CHU de Batna    Faid participe aux réunions annuelles à Ryad    Le ministre zambien de l'Education reçu à l'Université d'Alger 1    Aoun lance la deuxième opération d'exportation d'insuline vers l'Arabie saoudite    « L'occasion rêvée de fidéliser le public au cinéma »    Les expositions variées séduisent les visiteurs    Le dossier de classement sur la liste de l'Unesco en préparation    «Le haut commandement attache un grand intérêt au moral des personnels»    «Faire avorter les plans et menaces qui guettent l'Algérie sur les plans interne et externe»    Le président de la République décide d'attribuer à certains magistrats à la retraite le titre de «Magistrat honoraire»    Vingt nouveaux établissements scolaires    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80        Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le lynchage de Mouammar Kadhafi
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 10 - 2011

La mort de Mouammar el-Kadhafi a été saluée par une explosion de joie dans les palais gouvernementaux occidentaux, à défaut de l'être par le peuple libyen. Pour Thierry Meyssan, cet assassinat militairement inutile n'a pas été perpétré par «l'Empire» uniquement pour l'exemple, mais aussi pour destructurer la société tribale libyenne.
Jeudi 20 octobre 2011, vers 13h30 GMT, le Conseil national de transition libyen a annoncé la mort de Mouammar el-Kadhafi. Bien que confus, les premiers éléments laissent à penser qu'un convoi de voitures a tenté de quitter Syrte assiégée et a été bloqué et partiellement détruit par un bombardement de l'Otan. Des survivants se seraient mis à l'abri dans des canalisations. M. Kadhafi, blessé, aurait été fait prisonnier par la brigade Tigre de la tribu des Misrata qui l'aurait lynché. Le corps du Guide de la Grande Jamahiriya arabe socialiste n'a pas été conservé dans sa ville natale de Syrte, ni transporté à Tripoli, mais acheminé comme trophée par les Misrata dans la ville éponyme. La tribu des Misrata, qui a longtemps hésité à choisir son camp et est quasi absente du CNT, aura finalement investi Tripoli après son bombardement par l'Otan et lynché Mouammar el-Kadhafi après le bombardement de son convoi par l'Otan. Elle aura même transféré son corps dans sa ville pour marquer son triomphe. En juillet, le Guide aura maudit les Misrata, leur enjoignant de partir à Istanbul et Tel-Aviv, faisant allusion au fait que leur tribu est issue de juifs turcs convertis à l'islam. Un flot de commentaires préparés à l'avance a été déversé instantanément par les médias atlantistes visant à diaboliser Mouammar el-Kadhafi et, de la sorte, à faire oublier les conditions barbares de sa mort. Les principaux dirigeants de la Coalition ont salué la mort de leur ennemi comme marquant la fin de l'opération «Protecteur unifié». Ce faisant, ils admettent implicitement que celle-ci ne visait pas à mettre en œuvre la Résolution 1973 du Conseil de sécurité, mais à renverser un régime politique et à en tuer le leader, alors même que l'assassinat d'un chef d'Etat en exercice est interdit en droit étatsunien et universellement condamné. De plus, le lynchage de Mouammar el-Kadhafi montre la volonté de l'Otan de ne pas le déférer à la Cour pénale internationale qui n'aurait pas été plus en mesure de le condamner pour crime contre l'humanité que le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie ne put prouver la culpabilité de Slobodan Milosevic malgré deux ans de procès. Dans le torrent de boue déversé par les médias atlantistes pour salir sa mémoire, reviennent en boucle des accusations mensongères, ce qui montre a contrario que ces médias disposent de peu d'éléments authentiques utilisables à charge. Ainsi revient l'affaire de l'attentat contre la discothèque La Belle à Berlin (5 avril 1986, 3 morts), jadis utilisée comme prétexte par l'administration Reagan pour bombarder son palais et tuer sa fille (14 avril 1986, au moins 50 morts). À l'époque, le procureur allemand Detlev Mehlis (celui qui truquera deux décennies plus tard l'enquête sur l'assassinat de Rafik el-Hariri) s'appuya sur le témoignage de Mushad Eter pour accuser un diplomate libyen et son complice Mohammed Amairi. Cependant, la télévision allemande ZDF découvrira plus tard que Mushad Eter est un faux témoin et un vrai agent de la CIA, tandis que le poseur de bombe Mahammed Aamiri est un agent du Mossad. Ou encore l'affaire de l'attentat de Lockerbie (21 décembre 1988, 270 morts) : les enquêteurs identifièrent le propriétaire de la valise contenant la bombe et son retardateur sur la foi du témoignage d'un commerçant maltais qui avait vendu un pantalon se trouvant également dans la valise piégée. La justice écossaise mit alors en accusation deux agents libyens Abdelbaset Ali Mohmed Al Megrahi et Al Amin Khalifa Fhimah et le Conseil de sécurité prit des sanctions contre la Libye. En définitive, pour obtenir la levée des sanctions, la Libye accepta d'extrader ses deux agents (le premier fut condamné à la prison à vie, le second fut innocenté) et de payer 2,7 milliards de dollars d'indemnités, tout en persistant à proclamer sa complète innocence. En définitive, en août 2005, un des chefs d'enquête écossais déclara que la pièce à conviction principale, le retardateur, avait été déposé sur les lieux par un agent de la CIA. Puis l'expert qui avait analysé le retardateur pour le tribunal admit l'avoir lui-même fabriqué avant que la CIA ne le dépose sur les lieux. Enfin, le commerçant maltais reconnut avoir été payé 2 millions de dollars pour porter un faux témoignage. Les autorités écossaises décidèrent de réviser le procès, mais l'état de santé d'Abdelbaset Ali Mohmed Al Megrahi ne le permit pas. L'actuelle campagne de désinformation comprend aussi un volet sur le train de vie décrit comme somptueux du défunt et sur le montant pharaonique de sa fortune cachée. Or, tous ceux qui ont approché Mouammar el-Kadhafi, ou simplement ceux qui ont visité sa maison familiale et sa résidence après leur bombardement peuvent attester qu'il vivait dans un environnement comparable à celui de la bourgeoisie de son pays, bien loin du bling bling de son ministre du Plan, Mahmoud Jibril. De même, aucun des Etats qui traquent la fortune cachée des Kadhafi depuis des mois n'a été en mesure de la trouver. Toutes les sommes significatives saisies appartenaient à l'Etat libyen et non à son Guide. À l'inverse, les médias atlantistes n'évoquent pas le seul mandat d'arrêt international émis par Interpol contre Mouammar el-Kadhafi avant l'offensive de l'Otan. Il était accusé par la justice libanaise d'avoir fait disparaître l'imam Moussa Sadr et deux de ses accompagnateurs (1978). Cet oubli s'explique par le fait que l'enlèvement aurait été commandité par les Etats-Unis qui voulaient éliminer l'imam chiite avant de laisser l'ayatollah Rouhollah Khomeiny rentrer en Iran, de peur que Sadr n'étende au Liban l'influence du révolutionnaire iranien. Les médias atlantistes n'évoquent pas non plus les critiques que des organisations de la résistance anti-impérialiste et nous-mêmes avions formulées contre Mouammar el-Kadhafi ses compromis récurrents avec Israël. Pour ma part, je peux attester que, jusqu'à la bataille de Tripoli, le Guide avait négocié avec des émissaires israéliens, espérant parvenir à acheter la protection de Tel-Aviv. Je dois aussi attester que, malgré mes critiques sur sa politique internationale et le dossier complet à ce sujet que la Dcri française lui a aimablement communiqué à mon sujet en juillet dans l'espoir de me faire arrêter, Mouammar el-Kadhafi m'a accordé sa confiance et m'a demandé d'aider son pays à faire valoir ses droits aux Nations unies ; un comportement bien éloigné de celui d'un tyran. Les médias atlantistes n'ont pas non plus cité les ingérences que j'ai condamnées de la Libye dans la vie politique française, notamment le financement illégal des campagnes électorales présidentielles de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal. Le Guide avait en effet autorisé son beau-frère Abdallah Senoussi à corrompre les deux principaux candidats en échange de la promesse de l'amnistier ou de faire pression sur la justice française pour clore son dossier pénal. Surtout, les médias atlantistes n'évoquent pas l'œuvre principale du Guide : le renversement de la monarchie fantoche imposée par les anglo-saxons, le renvoi des troupes étrangères, la nationalisation des hydrocarbures, la construction de la Man Made River (les plus importants travaux d'irrigation au monde), la redistribution de la rente pétrolière (il fit d'une des populations les plus pauvres du monde, la plus riche d'Afrique), l'asile généreux aux réfugiés palestiniens et l'aide sans équivalent au développement du tiers-monde (l'aide libyenne au développement était plus importante que celle de tous les Etats du G20 réunis). La mort de Mouammar el-Kadhafi ne changera rien au plan international. L'événement important était la chute de Tripoli, bombardée et conquise par l'Otan - certainement le pire crime de guerre de ce siècle - , suivie de l'entrée de la tribu des Misrata pour contrôler la capitale. Dans les semaines précédant la bataille de Tripoli, l'écrasante majorité des Libyens a participé, vendredi après vendredi, à des manifestations anti-Otan anti-CNT et pro-Kadhafi. Désormais, leur pays est détruit et ils sont gouvernés par l'Otan et ses fantoches du CNT. La mort du Guide aura par contre un effet traumatique durable sur la société tribale libyenne. En faisant tuer le leader, l'Otan a détruit l'incarnation du principe d'autorité. Il faudra des années et beaucoup de violences avant qu'un nouveau leader soit reconnu par l'ensemble des tribus, ou que le système tribal soit remplacé par un autre mode d'organisation sociale. En ce sens, la mort de Mouammar el-Kadhafi ouvre une période d'irakisation ou de somalisation de la Libye.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.