La fonction de hallab (hallaba au pluriel) est un travail lucratif qui consiste à acheminer du carburant vers le Maroc à dos d'âne, mais qui expose ses pratiquants à payer par de la prison cette activité illégale à plus d'un titre. Ce «commerce» d'un nouveau genre auquel s'adonnent les jeunes de la région de Maghnia, le long de la bande frontalière, de Marsat Ben M'hidi à Sebdou, a pris une telle ampleur que les autorités sont sur le pied de guerre pour l'éradiquer. L'école n'a pas pu retenir sur les bancs de classe certains écoliers de la région qui, voyant leurs aînés activer dans ce genre de pratique, se mettent de la partie pour se former . Le premier rêve, c'est d'avoir son propre âne et ses jerricans pour «traire» le carburant (d'où le mot hallab) comme font les adultes oisifs et des fonctionnaires pour arrondir des fins de mois pénibles. Le projet est donc de quitter l'école, de se procurer un âne, remplir un jerrican, avec, au bout du rêve, la consécration, une Renault 25 comme ultime investissement pour traire les pompes des stations d'essence. Mais si les voitures prennent d'assaut toute source de gasoil et sillonnent inlassablement et à grande vitesse les routes jusqu'aux pistes frontalières, les ânes comme leurs conducteurs n'apparaissent que le soir.
