Les écologistes et les forestiers des wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa sont très inquiets devant les risques qui menacent la biodiversité dans ces régions du fait des incendies de forêt. Ils lancent un cri d'alerte en faisant remarquer qu'un seul hectare de forêt brûlé sera remplacé par 10 ha reboisés ! Le spectacle donné par les flammes qui ont dévoré le couvert végétal et la fumée qui en sort avec les cendres emportées par le vent leur donnent raison. Ce ne sont pas seulement les maquis qui ont brûlé mais surtout les arbres des forêts et même des arbres fruitiers et des oliviers entraînant un préjudice considérable pour les agriculteurs. La canicule aidant, le facteur humain ne serait pas étranger à ces incendies qui se comptent maintenant par centaines. Au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, les responsables du secteur des forêts, qui sont en première ligne dans la lutte contre ces incendies, parlent de la destruction par le feu d'une superficie de près de 5 000 ha de végétation dont plus de la moitié est constituée de forêts (2670,5 ha exactement). D'importants dégâts sur la biodiversité et des pertes économiques sont déplorés par les écologistes, les forestiers et les agriculteurs. On évalue à environ 40 000 le nombre d'arbres détruits par le feu, dont la majorité représente des oliviers (36 000) alors que les incendies de récoltes ont frappé une superficie de 6,5 ha de blé dans le périmètre céréalier de Draâ El-Mizan. La comparaison avec l'année passée est édifiante : la wilaya de Tizi Ouzou n'a enregistré en 2011 que 79 incendies ayant détruit 355 ha, toutes formations végétales confondues ; cette année, selon des estimations arrêtées au 20 août par les services concernés, les pertes occasionnées par le feu au patrimoine végétal de la wilaya s'élèvent à quelque 112 000 ha, dont 48 000 ha de forêt. Des circonstances exceptionnelles ont favorisé cette année la recrudescence des incendies avec une moyenne quotidienne de 10 incendies. Les spécialistes évoquent une conjonction de facteurs favorables aux incendies : «La forte canicule, la constitution d'un lit dru de combustibles fait de branchages cassés et d'herbes tassés sous le poids des importantes quantités de neige qui se sont abattues sur la région. Ces chablis ont constitué un véritable conducteur entre la basse strate herbacée et les arbres.» Mais le facteur humain n'est pas exclu, on sait que les incendies de forêt arrangent bien des intérêts. Il faut ajouter la persistance du vent du Sud. Pour faire face avec célérité et efficacité à cette situation exceptionnelle, qui peut devenir «normale» à la longue, les services chargés de combattre les incendies de forêt et de préserver la faune et la flore dans cette wilaya exigent des moyens d'intervention exceptionnels, notamment des hélicoptères pour atteindre les lieux rendus difficiles d'accès par le relief fortement accidenté des superficies boisées.
