Les mouvements de protestation sont devenus habituels dans tous les secteurs socioéconomiques et dans toutes les régions du pays. Depuis plusieurs semaines, il ne se passe plus un jour sans qu'une manifestation de colère ou de mécontentement ne soit observée. La santé et l'éducation nationale sont les plus touchées par la grève, laquelle concerne de plus en plus de secteurs d'activité. C'est pour dénoncer«un dialogue de sourd» que les praticiens de la santé publique maintiennent leur mouvement de protestation qui dure depuis près de deux mois. Après des grèves observées de temps à autre pour exprimer leurs revendications, ils sont passés, il y a un mois, à un débrayage cyclique de trois jours renouvelable chaque semaine, ce qui a créé une paralysie dans les établissements de santé et semer la pagaille dans les différents services. L'échec du dialogue entre grévistes qui ne cèdent pas et tutelle qui ne répond pas semble aggraver la situation davantage. Les protestataires annoncent cette fois de passer d'un débrayage cyclique à une action illimitée à partir d'aujourd'hui jusqu'à la prise en charge totale de leurs revendications, notamment celles liées à la prime de contagion et la titularisation des contractuels. C'est un dialogue «constructif et franc» et des solutions «concrètes» de la part du département de Ziari qui feront reculer cette masse importante de travailleurs de la décision d'une grève illimité pénalisant le citoyen avant tout. Intervenant samedi à une conférence de presse, Amar Lakhal, le président de la Fédération nationale des personnels de la santé publique (FNPSP), a affirmé que les syndicalistes sont «prêts à entamer un dialogue constructif et franc avec la tutelle pour trouver des solutions concrètes à nos revendications. Il y avait, certes, auparavant du dialogue avec la tutelle, mais malheureusement, ça n'a rien donné pour l'instant», a-t-il noté. En effet, la réponse de la tutelle ne semble pas arriver et l'abandon de la grève n'est pas envisagé en cette période de dialogue négatif. Par ailleurs, la situation dans l'éducation nationale n'est pas plus confortable. Alors que certaines wilayas ont pu retrouver un calme relatif permettant aux élèves de regagner les classes et surtout préparer les examens de fin d'année, d'autres vivent toujours au rythme de la protestation, causant un retard notable du programme et des doutes quant à l'organisation des examens aux dates prévues. Le département de Baba Ahmed donne quelques solutions qui ne semblent pas convaincre les travailleurs du secteur au détriment de l'intérêt de plusieurs millions d'élèves et des milliers de candidats aux examens officiels des trois paliers. Pour le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), les discussions ont échoué parce qu'elles n'ont pas fait avancer la cause des professionnels du secteur. Le ministère avait, cette fois aussi, soutenu que certaines revendications dépassaient ses prérogatives comme les primes du Sud et des Hauts-Plateaux ou, encore, celles qui exigeraient un examen approfondi telle la révision des dysfonctionnements des statuts particuliers des travailleurs de l'éducation. Par conséquent, une autre corporation continue à bouillonner, outre celle de la santé et des corps communs de la fonction publique. Des avions cloués au sol Cette année, la protestation a touché plusieurs secteurs, elle a réussi avant-hier aussi à clouer au sol les avions de la compagnie aérienne Air Algérie pendant des heures à l'aéroport international Houari-Boumedienne. Ce dernier a plongé, suite à un mouvement de grève inopiné des pilotes de la compagnie, dans un désordre total pénalisant les voyageurs bien que les services ont repris avant la fin de la journée. Les pilotes ont indiqué que leurs revendications sont d'ordre «salarial». Air Algérie aurait entamé des discussions avec ses travailleurs et les deux parties seraient parvenues à un accord, ce qui a permis le retour à la normal et la reprise des vols. Il s'agit, faut-il le rappeler, du 2e débrayage du genre après celui constaté le mois de janvier 2012. Santé, éducation nationale et fonction publique ne sont que quelques exemples qui renseignement sur une situation d'ébullition que vit le front social face à un dialogue stérile engendrant une situation de pourrissement en l'absence de solutions convaincantes. Cela en dépit des augmentations décidées en faveur de quelques corporations dont les indemnités des retraités militaires, suivies de l'augmentation de 11% de la pension des retraités à partir du 1er mai. Ces revalorisations pour les retraités, suffiront-elles pour satisfaire et apaiser un peu un front social en grogne?