Hassan Saïd, ou «Saïd qalb elouz», pour les intimes de Ouled l'houma, a fait partie de la promotion du conservatoire du maître El Anka en 1955. Cette même promotion dont est sorti un autre cheikh vivant en exil, en l'occurrence Amar el Achab. Parmi les 36 chanteurs qui étaient élèves du conservatoire chez le «cardinal» El Anka, il ne reste aujourd'hui que Amar El Achab et Boujemaa El Ankis, que Dieu leur prête longue vie. Hassan Saïd, de son vrai nom Saâd Hassan, a vu le jour à la Casbah d'Alger, plus exactement à la rue des Pyramides, le 18 novembre 1931, mais était originaire de la Haute Kabylie. Enfant, Hassan Saïd fréquentait l'école coranique de Sidi Ali Ben Ali à la citadelle. Commençant par la récitation des versets du Coran, il faisait, de temps en temps, le muezzin pour les prières du dohr et d'El'Asr. Ce n'est qu'a l'âge de 8 ans, qu'il entame sa scolarité, à l'école Chabiba, à côté du Mausolée de Sidi Abderrahmane. Hassan Saïd, selon quelques mélomanes du genre chaâbi, avant de rejoindre le conservatoire du maître El Anka, ne ratait pratiquement aucune séance de travail de ce dernier, soit au niveau de la station radio à la rue Bertezen, l'actuelle salle Ibn Khaldoun, ou bien lors des soirées et fêtes que ce dernier animait. D'ailleurs, certains du milieu racontent qu'un jour, El-Anka avait interprété un texte ayant pour titre «Kenza». Hassan Saïd était présent, il lui a plu, il a cherché la source de ce texte, il a fini par le récupérer et un jour il l'a, à son tour, chanté devant le maître en introduisant le dernier couplet que le maître ne possédait pas. A la fin, El- Anka lui a demandé comment il a fait pour avoir ce texte ? A Hassan de lui répliquer : « Je l'ai récupéré, là où vous l'avez récupéré, sauf que moi, j'ai eu le dernier couplet qui manquait, «El khmassa» comme on dit, sans pour autant dévoiler sa source. En atteignant l'âge de pouvoir travailler pour assister son père, Hassan Saïd s'est fait embaucher au port d'Alger en qualité de docker comme la plupart des habitants de la Casbah. C'est dans ce milieu qu'il fait la connaissance de cheikh Lahlou, lui aussi docker, cheikh dans la chanson chaâbi et mélomane. A vrai dire, c'est son premier contact, puis il fera d'autres rencontres comme celles d'Ali Souki, frère d'un ancien élève du maître, en l'occurrence Rachid Souki, ou encore cheikh Kebaïli. Mais c'est grâce à Athmane Bouguetaya qu'il sera introduit à la radio. Hassan Saïd avait interprété quelques qçsid du tiroir et de certains auteurs tels que Haddad El Djilali, Mohamed Hachellaf, Mahboubati, auteurs et compositeurs de renom. D'ailleurs, il a effectué son premier enregistrement, un 45 tours à la maison Philips et il le sortira aux éditions Tepaz, les deux titres étant «Dhaa Sabri» et «Aâqli Bahouak». Une année plus tard, il ajoute six autres titres, à savoir «El baz ou Laghrab», «Mir loughram», «Ya Mustapha ghir aaliya», «Sidna Mohamed El Khames». Hassan Saïd a eu un riche parcours, durant son exercice dans la chanson, dite chaâbi, comme tous les artistes de sa génération, ou ses prédécesseurs. Malheureusement, cette discipline est restée loin des feux de la rampe pour des raisons obscures. Il a rendu l'âme le 10 octobre 2013, à l'âge de 82 ans et enterré au cimetière de Dely Brahim.