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Le Tam Tam ou les mille et une nuits d'Orient
Publié dans La Nouvelle République le 11 - 04 - 2015

Au Cabaret Sauvage à Paris, s'est déroulé, jusqu'au 3 avril dernier, le spectacle Cabaret Tam Tam, soit une plongée grandeur nature dans l'atmosphère unique des cabarets orientaux qui enchantèrent les nuits parisiennes des années 1940 jusqu'aux années 1980.
L'occasion de revenir, en compagnie du producteur du spectacle Méziane Azaïche et de l'historienne NaïmaYahi, sur ces lieux de fête, et leurs influences sur la musique et la politique. Cap sur ces mondes disparus, à la croisée de l'histoire de France et de celle de son immigration. Les tentures rouges du Cabaret Sauvage se parent d'arabesques. Son enceinte ronde résonne des musiques des Mille et une nuits, jouées par un orchestre réduit, portées par la voix de la charmeuse Samira Brahmia. Sur son parquet, des danseuses aux pieds nus, rappels de Shéhérazade, vêtues d'étoffes chatoyantes, ondulent, en d'ensorcelantes danses du ventre. Une acrobate virevolte autour d'une corde, atteint le faîtage du chapiteau. Au cœur du Parc de la Villette, le Cabaret Sauvage a accueilli, jusqu'au 3 avril dernier, en une jolie mise en abyme, la réminiscence d'un autre cabaret : le Tam Tam– l'acronyme Tunisie-Algérie-Maroc –, aujourd'hui disparu, ouvert dans les années 1940, rue Saint-Séverin, dans le Ve arrondissement, par Mohamed Ftouki, père de la diva Warda El Djazaïria (1939-2012), enfant des rues de Paris, et l'une des grandes voix du monde arabe. Par l'œil avisé et les souvenirs du truculent photographe ClikClak Kodak, par les archives projetées, et l'esprit aux aguets d'une jeune serveuse, prompte à accueillir toutes ses histoires, un monde fascinant ressurgit, traînant dans son sillage sa galerie de fantômes : celui des cabarets orientaux, qui contribuèrent au faste des nuits parisiennes, des années 1940 aux années 1980. Cabaret Tam Tam : à la suite de Barbès Café, Méziane Azaïche, le boss du Cabaret Sauvage, produit cet autre spectacle, sur ces pans de mémoire collective, qui unissent l'histoire de France à son immigration maghrébine. Les rendez-vous du Tout-Paris À l'origine, ce projet tient à un vœu : «Je voulais ressusciter ces lieux de ma jeunesse», dit-il. Dans ces cabarets du Quartier Latin, l'alcool coulait à flots. Au fil de nuits interlopes, le Tout-Paris, l'élite intellectuelle, sportive, littéraire, politique, etc. venait chercher son rêve d'Orient, goûter la gastronomie exotique, se délecter des musiques d'ailleurs... S'y croisaient, dans un respect mutuel, bandits, proxénètes, poètes, juifs, musulmans...Tout un monde ! «Chargée de l'expertise historique du spectacle, titulaire d'un doctorat sur "l'histoire culturelle des artistes algériens en France (1962-1987)», Naïma Yahi complète :"Ces lieux vécurent leurs heures de gloire dans les années 1950-60-70. Dans ces antres, versant oriental des cabarets russes de Pigalle, inspirés des Cafés Concerts «à la française», la bonne société venait s'encanailler, se dépayser. François Mitterrand, lui-même, avait ses habitudes, au El Djazaïr, rue de la Huchette. De rares représentants de la diaspora arabo-orientale, tirés à quatre épingles, se joignaient aussi à la fête : la sortie de l'année !». Elle ajoute : Malgré la «nuit coloniale», selon la formule de Ferhat Abbas, et le système discriminant envers les immigrés, il régnait un certain dynamisme culturel maghrébin. Aux côtés des images d'Epinal – ouvriers d'usine, bidonvilles – trônaient aussi, fastueux, ces cabarets". La naissance des stars Sous les étoiles, les cabarets résonnaient alors de toutes les musiques de l'Orient, en un joyeux mélange d'influences : rythmes traditionnels du Maroc, de Tunisie, airs berbères de Kabylie... mais aussi, à l'envi, quelques couleurs flamenca, rumba, ou salsa. Se tissait, ici, un nouveau folklore «orientalisant». L'orchestre interprétait les grands tubes, en provenance d'Egypte, du Proche et du Moyen-Orient ; la variété prenait le pas sur la musique classique arabo-andalouse... Pour la première fois, les artistes, en route vers la professionnalisation, recevaient des cachets. En parallèle, ils jouaient pour des labels, Pathé Marconi ou Columbia, sur les disques adressés au marché oriental. Les hommes interprétaient des chansons kabyles, traditionnellement réservées aux femmes. La musique changeait... Autour des musiciens, une vingtaine de danseuses, belles dénudées, ondoyaient. Au firmament de ces nuits brillaient des personnages – le crooner judéo-algérien Salim Halali, patron de cabarets (Ismaïlia Folies et le Sérail) ; le chanteur algérien Akli Yahyaten, etc. – et des vedettes, qui firent, par la suite, dans leurs pays, d'époustouflantes carrières : la danseuse Shéhérazade, Fadila Dziria, héroïne de la chanson hawzi, ou encore l'étoile Warda El Djazaïria, chanteuse de la Révolution au grand festival musical panarabe de 1961. Lieux d'émancipation politique Cet engagement, Warda El Djazaïria le forge justement à Paris. Car la fête, seule, n'aurait suffi à définir ces cabarets. Ici, les consciences s'aiguisaient, pour l'indépendance à venir, comme l'explique Méziane : «Dans ces lieux de vie, paroles et idées circulaient, libres». Naima le confirme : «Malgré un orientalisme «stigmatisant», ces cabarets, à la fois lieu d'espionnage pour les Renseignements généraux, et de rencontre pour des militants du FLN, venus collecter des fonds, voyaient poindre l'horizon d'une émancipation. Des musiciens, formés dans ces cabarets, rejoignaient la troupe artistique du FLN. La famille de Warda fut aussi expulsée au Liban, accusée d'avoir caché des armes pour la Libération. Le Tam Tam fut fermé. Finalement, c'est en exil, et notamment dans ces cabarets, que s'est construite, en partie, la modernisation des expressions politique et musicale». À l'orée des années 1980, ces cabarets périclitent au profit de lieux de plaisir moins onéreux, et plus branchés telles les discothèques. Aujourd'hui, à leurs adresses, subsistent kebabs, magasins, échoppes... Sur leur magie, le rideau s'est tiré. À leur sujet, Naima Yahi parle de «lieux de mémoires", qui conservent en leur cœur, la "part française de la culture maghrébine», un «bout d'histoire de France». Aujourd'hui, le temps d'un spectacle, ces lieux, revus au goût du jour, flamboient à nouveau. Place aux folles nuits d'Orient !

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