kC'est un état d'esprit pour ne pas dire un sentiment fort qui nous pousse à voir d'un œil malveillant ou à envier quiconque possède quelque chose que nous n'avons pas, au point de lui souhaiter un malheur, ou de désirer ce qu'on n'a pas. Beaucoup d'écrivains, surtout des romanciers et des dramaturges qui, pour donner du piquant à leurs œuvres et susciter l'envie de les lire, font de la jalousie un thème de prédilection. Quelquefois, il suffit de regarder fixement une autre femme dans la rue pour susciter une grande jalousie auprès de son épouse qu'on a à ses côtés. Et que de drames, de retournements de situation, de complots on a pu voir dans la vie à cause de deux individus qui ne se supportent pas et qui, rongés par la jalousie, entraînent les autres dans le malheur, comme les enfants innocents ou d'autres personnes qui ont eu la malchance d'appartenir à leur univers. Ce qui fait la beauté des romans C'est ce sentiment de jalousie qui habite en chaque être humain et qui donne du tonus aux meilleurs acteurs de cinéma ou de personnages de littérature choisis pour mieux incarner ce sentiment souvent destructeur. Parmi les ouvrages qui se sont beaucoup appuyés sur la jalousie pour se valoriser, il y a les romans sentimentaux. Celui qui a attiré le plus l'attention du public des lecteurs capables d'apprécier, c'est « Le diable au corps » écrit dans un style de haute tenue par Raymond Radiguet dont la vie s'est arrêtée à 24 ans. L'auteur a mis en scène un jeune homme qui passait d'une femme à une autre, en réussissant même à séparer un homme de sa fiancée. Mise à part une mise en forme réalisée dans une écriture de facture classique, le roman se déroule dans un climat de tristesse en raisant des nombreuses contrariétés : des parents jaloux de leur enfant versatile alors qu'ils voulaient qu'il fasse des études, des hommes face à leurs fiancées infidèles. Et dans ce milieu social attaché aux valeurs morales, le jeune a été un perturbateur. «L'amant imaginaire » de Taos Amrouche est un roman polyphonique dont le titre connote l'amour dans tous ses états. Qui dit « amant » dit amours compromis et jalousie ou drames de jalousie, sinon atteinte à l'honneur qui dans les sociétés traditionnelles provoque des vengeances. Des romans dont les personnages meurent ou tuent par jalousie, à l'exemple des romans épistolaires comme « Les liaisons dangereuses» font vivre des liaisons qui exposent à des risques comme les crimes par vengeance, dans les couples désunis. Et si on dit que le théâtre est une thérapie et une catharsis, c'est parce qu'il nous apprend à mieux nous connaître, à connaître l es sentiments humains, les facteurs d'union ou de désunion. C'est pourquoi, il nous arrive de nous identifier aux personnages d'œuvres littéraires ou cinématographiques, parce qu'on a connu les mêmes phénomènes de répulsion et d'attraction dominants dans les sociétés émancipées. La pièce théâtrale « Andromaque » de Racine est porteuse d'images d'amours contrariés. Les personnages masculins ou féminins sont livrés à la jalousie pour ne pas dire qu'il s en sont rongés. C'est ce qui créé la passion du théâtre, celui de Molière, de Racine, de Corneille ou de Shakespeare. La jalousie dans le vécu collectif C'est un sentiment for de désir. Et on désire généralement ce qu'on n'a pas. On devient jaloux lorsque quelqu'un à quelque chose qu'on n'a pas ; une femme pleine de qualités, des biens, un physique parfait, etc. de tout temps, il y a eu des jaloux, surtout chez les femmes. Que de conflits de familles provoqués par la jalousie ! Aussi, pour démolir une situation conjugale bien réussie, rendre malade une femme, provoquer le mauvais œil contre quelqu'un dont on est jaloux, les vieilles sorcières ont usé des recettes efficaces pour des drogues qui font de l'effet dès qu'on les consomme. On a connu, d'après des histoires qui nous ont été rapportées, des personnages qui ont perdu la raison ou contracté des maladies incurables à cause des drogues qu'on leur a fait prendre dans leurs aliments. Les vieilles femmes marocaines sont là dessus renommées. C'est aussi au Maroc que s'est développée la pharmacopée à la base de ces pratiques occultes. La jalousie a été la source des plus grands problèmes sociaux. Il arrive que quelqu'un qui a bien réussi sur le plan matériel, conjugal, rencontre en chemin des gens qui lui tournent le dos, sans raison. Ils ne saluent plus et ils ne parlent pas. Là, c'est un jeune qui, après avoir décroché tous les diplômes, se fait recruter par une administration où se trouve un camarade d'enfance occupant un poste de plus bas niveau dans la hiérarchie administrative et qui lui cause indirectement des ennuis, par jalousie. Beaucoup ont vécu ce genre de situation. Il nous est arrivé aussi d ‘assister à une dispute entre deux vielles qui en arrivent même à s'arracher les cheveux pour une cause légitime ; le mari de la fille de l'une d'elles est convoité par la fille de l'autre qui le harcèle chaque jour pour qu'il l'épouse ; une histoire rocambolesque qui pourrait donner toute la matière nécessaire à une tragédie.