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Défis de l'Algérie pour la relance économique
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 12 - 2015

Cette présente contribution est une très brève synthèse, fruit d'un long rapport sous ma direction assisté de 26 experts internationaux, remis à la demande du Premier ministre au gouvernement, (10 volumes 1 000 pages janvier 2013), où nous avons souligné l'importance des potentialités de l'Algérie, devant éviter toute vision alarmiste, tout étant réaliste par un discours de vérité. Les derniers rapports internationaux ( 2014/2015) montrent que le climat des affaires doit être amélioré, l'Algérie malgré ses potentialités étant souvent déclassée. Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose. Beaucoup de réalisations mais des insuffisances qu'il s'agit impérativement de corriger. Je suis convaincu, afin d'éviter l'expérience dramatique des impacts de la crise de 2006, que la bataille de la relance économique future de l'Algérie et sa place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et sa capacité à innover, impliquant de cerner cinq axes.
Premier axe : la politique socio-économique depuis l'indépendance politique rentrant dans le cadre du programme de Tripoli a été menée exclusivement par l'Etat avec plusieurs variantes. Paradoxalement, les paramètres macro-économiques de l'Algérie apparaissent comme positifs mais éphémères sans réformes structurelles. De 1965 à 1979 avec une orientation exclusive vers l'investissement productif. Celle-ci s'est effectuée autour de l'Etat omniprésent sur l'ensemble du cycle: planification, financement, réalisation de l'investissement et production. De 1980 à 1990 orientée essentiellement vers les infrastructures BTPH et les activités commerciales. De 1991 à 2000 du fait de la situation particulière qu'a connue l'Algérie avec l'avènement du terrorisme et la cessation de paiement on ne peut à proprement parler de politique de développement mais avec la cessation de paiement des ajustements macro-économiques et macro-sociaux extrêmement douloureux du fait des exigences du FMI. De 2000 à 2015 du fait que la demande sociale a été compressée et des destructions massives entre 1990-2000, une politique orientée essentiellement vers les infrastructures. Les tendances relatives aux grands agrégats révèlent une macro-économie sous contrôle relatif fonction des aléas de la rente des hydrocarbures qui représente 97/98% des exportations totales, les 4/5% hors hydrocarbures selon les statistiques douanières pour 2015 étant constituées de demi produits en majorité de dérivées d'hydrocarbures. La dette extérieure reste pour l'instant faible grâce au remboursement par anticipation, moins de 4 milliards de dollars US, avec des réserves dee change qui termineront entre 140/145 milliards de dollars fin 2015 mais grâce toujours aux hydrocarbures. Le budget commence à connaitre des tensions budgétaires du fait de la chute depuis 2014 du cours des hydrocarbures. Aussi, le retour à l'endettement guette le pays horizon 2020 en cas d'un cours inférieur à 70 dollars et du maintien du rythme actuel de la dépense publique qui se fonde sur un cours de 115/125 dollars. En effet, si la balance commerciale a fortement bénéficié de la remontée des cours des hydrocarbures entre 2007/2012, cependant depuis 2010, les importations suivent une tendance haussière, l'Algérie important 70% des besoins des ménages et des entreprises qu'elles soient publiques ou privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% avec un dépérissement du tissu industriel moins de 5% du produit intérieur brut. L'inflation qui a connu un niveau record en 2012 ( 8,9% selon les statistiques officielles) est relativement maîtrisée depuis fin 2013 mais compressée artificiellement par les subventions généralisées et les transferts sociaux, non ciblées ( 60 milliards de dollars en 2004 soit 27/28% du PIB ). Mais les tendances inflationnistes commencent à apparaître depuis le second semestre 2014, devant connaitre une forte hausse en 2016 du fait du dérapage du dinar tant par rapport au dollar qu'à l'euro, étant passé de 75/77 dinars un dollar à 106/107 dinars un dollar et de 85 dinars à 116/117 dinars un euro. Pour une appréciation objective, il y a lieu d'éclater l'indice de l'ONS, et analyser les liens entre la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales, celui percevant 20 000 dinars par mois net n'ayant pas la même perception de l'inflation que celui qui perçoit 200 000 dinars. Les banques notamment publiques qui concentrent plus de 85% des crédits octroyés se cantonnent en guichets administratif accompagnant peu les investisseurs ce qui ce qui reflète en partie la faible efficacité du système bancaire, sans compter la léthargie du système boursier. Les banques publiques sont malades de leurs clients notamment les entreprises publiques (assainissement de plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2014) 70% étant revenues à la casse de départ montrant que le blocage est d'ordre systémique et que ce n'est pas seulement une question de capital argent mais de management stratégique lié à la politique socio-économique globale. L'industrie publique est largement obsolète et concentre des pertes totales malgré des assainissements répétés nécessitant sa restructuration et sa modernisation. L'apurement des créances détenues par les cinq banques sur les entreprises publiques par le passé, qui risque de se répéter en cas de mesures populistes, s'est traduit par des décaissements importants du Trésor. Ainsi, les ressources du pays sont basées sur des rentes qui contribuent à anesthésier les volontés de changement. Paradoxe plus le cours des hydrocarbures est faible plus on ressent le besoin de réformes, et ralentit lorsque le cours est élevé... Deuxième axe : l'Algérie tente difficilement sa transition d'une économie publique vers une économie plus libérale à vocation sociale. Elle s'est ouverte à l'économie de marché, mais non maitrisée, à partir de la crise de 1986, effet de la chute du cours des hydrocarbures. Toutefois, l'économie algérienne reste encore une économie essentiellement publique, toute l'économie étant tirée par la dépense publique via la rente des hydrocarbures. L'héritage socialiste est fortement présent dans la philosophie et les pratiques de la vie économique et sociale et dans celui de la pérennité de l'entreprise publique. La pression démographique rend l'Algérie de plus en plus dépendante des importations qui n'a pas jeté les bases d'un appareil productif capable d'affronter la concurrence internationale. Actuellement, les considérations politiques à court terme l'emportent sur les perspectives à long terme. Tant que la majorité de l'électorat tirera ses revenus des emplois dans la fonction publique, qu'elle pourra bénéficier de services sociaux peu coûteux, les réformes fondamentales n'auront guère de chances de progresser de par l'opposition tant du grand public que de la technostructure censée mettre en œuvre ces changements. Les investissements directs étrangers hors hydrocarbures et dans les secteurs productifs sont très faibles, les étrangers étant attirés par les marchés publics du BTPH. .En même temps qu'elle les encadrées dans le cadre de la règle des 49/51% instauré par la loi de Finances 2009, généralisée aux banques en 2010, la majorité des pays étrangers ont annoncé que pour les PMI/PME, cette règle est inopérante, devant distinguer les segments stratégiques où cette règle serait applicable, ainsi que le droit d préemption, décidée seulement en conseil des ministres et non encadré par une loi qui limite l'action du gouvernement, des segments non stratégiques où la minorité e blocage serait suffisante. L'agriculture constitue un réservoir important de main d'œuvre et peut servir en cas de chute du cours des hydrocarbures comme d'amortisseur social tout en diminuant la facture alimentaire assurant l'autonomie alimentaire. D'une manière générale, les entreprises privées sont présentes surtout dans le secteur des services avec prédominance du commerce de détail, dans les petites entreprises de BTPH et du secteur manufacturier traditionnel. Excepté les hydrocarbures, de certains segments des télécommunications, de quelques sociétés mixtes, le secteur étranger productif est marginal. Paradoxalement, l'Algérie fait massivement appel à l'assistance technique, le poste services étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à 11/12 milliards de dollars entre 2010/2014. Ainsi, les résultats de l'actuelle politique sont désormais nettement perceptibles sur plusieurs aspects stratégiques de l'économie algérienne. Le comportement actuel est de type « semi-rentier » et ne recherche pas la réforme en profondeur de l'économie. La rente pétrolière génère plusieurs effets pervers de l'économie à son seul profit, ce qui renforce encore davantage la monoculture énergétique du pays et la sphère informelle avec la dépréciation continue du dinar algérien reflet de la faible productivité et production locale, où existe un écart depuis 2014 d'environ 60% entre le cours sur le marché officiel et sur le marché parallèle. L'industrie souffre d'une faible rentabilité et d'importants surcoûts propres aux économies dirigées ; systèmes de prix sont souvent déconnectés de la conjoncture économique ; les systèmes d'approvisionnement ou de négociations contractuelles nées du code des marchés publics sont lents et coûteux ; la vocation sociale des entreprises s'est allégée mais a fortement imprégné les mentalités ; les systèmes de cooptation des personnels entraînent des sureffectifs et une gestion laxiste ; la grande industrie a insuffisamment contribué au développement du tissu industriel et a parfois utilisé son statut public pour croître sans considération pour la réglementation ; la plupart des grands complexes ont cherché à tout intégrer non seulement les activités industrielles classiquement sous-traitées, mais aussi des fonctions aisément disponibles sur le marché (nettoyage, gardiennage, restauration...). Ce n'est que sous la pression économique qu'elles ont tardivement externalisé ces activités ; la faible considération pour l'environnement peut générer de graves difficultés pour attirer des groupes internationaux qui connaissent parfaitement l'évolution de la jurisprudence internationale ; l' interprétation unilatérale de la réglementation a généré des contentieux comme en témoigne les nombreux litiges dont ceux de Sonatrach à l'international Troisième axe : la gestion actuelle du commerce extérieur, héritée du système passé entrave le fonctionnement de l'industrie, y compris à l'exportation. Le poids historique de la lourdeur bureaucratique caractérise l'ensemble des organismes qui interviennent dans le cycle de la vie de l'entreprise est une entrave constante au fonctionnement efficient de celle-ci. Leur disparition ne sera que progressive. Ceci est probablement aggravé par un système judiciaire lent, peu transparent et non adapté à une économie moderne. L'objectif de protection de l'industrie naissante a généré une gestion bureaucratique des
procédures de licences d'importation qui est devenu un terreau pour de nombreuses pratiques non conformes. L'adhésion de l'Algérie à l'OMC serait un signal fort pour simplifier ce système obsolète mais les habitudes prises ont généré des monopoles lucratifs et puissants qui seront lents à disparaître ou à contourner. Les formalités de contrôle des changes restent encore largement interprétées par le personnel des banques qui garde la nostalgie de la puissance de son rôle de contrôleur. Concernant l'investissement étranger, les multinationales recherchent classiquement des avantages comparatifs pour produire de façon compétitive pour un marché local solvable mais aussi vers un marché régional et/ou mondial, en intégrant leurs capacités commerciales et productives, d'où l'importance de l'intégration du Maghreb pont entre l'Europe et l'Afrique où l'Algérie pourrait trouver des avantages comparatifs. Le modèle à dominance étatique à taux d'intégration verticale élevé va à l'opposé des nouvelles mutations mondiales. Les lourdeurs bureaucratiques (délais de négociation et de mise en place) et l'incertitude juridique (taux douaniers, fiscalité, réglementations) ont encore renforcé l'image d'un marché difficile et fermé, isolant l'Algérie des nouvelles mutations mondiales. (Suivra)


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