L'Office national de la statistique (ONS) vient d'annoncer en ce mois d'août 2017 un taux de chômage inquiétant mais qui était prévisible. Le constat est que certains responsables vivent encore l'ère matérielle des années 1970, pouvant conduire le pays droit au mur sans vision stratégique s'adaptant au nouveau monde. Par ailleurs, les organismes chargés de l'investissement et l'emploi agréent un maximum de projets avec de nombreux avantages financiers et fiscaux. Or, il convient de se demander si ces projets s'insèrent dans une vision globale du développement du pays, s'ils concernent des segments porteurs de croissance durable ou ne s'assimilent-ils pas à un replâtrage par la redistribution de la rente pour calmer le font social? Il existe un lien dialectique entre développement et sécurité car sans un développement durable il y a nécessairement accroissement de l'insécurité qui a un coût croissant. L'Algérie selon les observateurs internationaux, où j'ai été invité personnellement le 02 novembre 2016 à Alger à un large en tant qu'expert indépendant avec la délégation du Parlement européen (PE) à Alger présidé par M. Antonio Panzeri, Président de la Délégation pour les Relations avec les Pays du Maghreb, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la création d'emplois durables et donc de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine 1.- Structure de l'emploi et du chômage 2013/2017 La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants au 1er janvier 2015, à 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016 et à 41,3 au 01 janvier 2017. L'augmentation du volume de la population résidente totale s'explique par un accroissement relativement important du volume des naissances vivantes. En avril 2017, selon l'ONS, la population active a atteint 12,277 millions de personnes contre 12,117 millions en septembre 2016, avec un solde positif de 160 000 personnes, soit une hausse de 1,3% et les femmes représentaient 20,6% avec un nombre de 2,524 millions. Rappelons que fin 2015, la population active était de 9,493 millions d'habitants en 2005, 10,862 en 2010, 11,423 en 2012, 11,964 en 2013, et une population active en 2015 d'environ 11,932 millions d'habitants. La population en chômage pour la même période, toujours selon l'ONS, est de 15,3% en 2005, en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8% en 2012/2013, 10,6% en 2014 11,2% en 2015 avec un taux de chômage des jeunes de 29,9%, un taux de chômage pour le sexe masculin de 9,9% et pour le sexe féminin. Selon l'ONS, cité par l'APS, en avril 2017, la population occupée (personnes ayant un emploi), était estimée à 10,769 millions de personnes contre 10,845 millions de personnes en septembre 2016, enregistrant un solde négatif de 76 000 personnes par rapport à septembre 2016 où six (6) chômeurs sur dix (10) en moyenne sont des chômeurs de longue durée, c'est-à-dire que 62,2% cherchent un poste d'emploi depuis une année ou plus. La population en chômage a ainsi atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016 avec un taux de chômage des jeunes de 16-24 ans de 29,7% et que la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu, il est constaté que 787 000 chômeurs n'ont aucun diplôme, soit plus de la moitié de l'ensemble de la population en chômage (52,2%). Ainsi, le taux de chômage sans qualification est passé de 7,7% en septembre 2016 à 10,1% en avril 2017, alors que celui des diplômés de la formation professionnelle est passé de 13% à 14,8% entre les deux périodes de comparaison. Par contre, le taux de chômage des diplômés universitaires a légèrement reculé passant de 17,7% en septembre 2016 à 17,6% en avril 2017, en baisse de 0,1 point. Toujours selon l'ONS, la baisse du volume de l'emploi entre septembre 2016 et avril 2017 a touché le secteur du BTP avec un solde négatif de 91.000 personnes, ainsi que le commerce, les services et l'administration publique (un solde négatif de 84.000). En revanche, un solde positif a été enregistré pour le secteur de l'agriculture (63.000) et l'industrie (36 000) comparativement à septembre 2016. Le rapport préliminaire du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives économiques mondiales pour l'Algérie montre que si en 2016, la croissance du PIB réel a été de 4,2%, la situation devrait fortement se dégrader en 2017 et en 2018. En effet, le FMI table sur une croissance de 1,4% du PIB algérien en 2017 et en 2018, l'économie algérienne devrait connaître une quasi-stagnation, avec un taux de croissance du PIB de seulement 0,6%. Conséquence directe de ce ralentissement économique, le taux de chômage devrait sensiblement augmenter sur la même période estimé à 13,2% en 2018 avec une tendance inflationniste toujours selon le FMI que l'on essaie de suppléer par la création d'emplois à très faible avaleur ajoutée. Une enquête de l'ONS d'avril 2016 confirme la tertiarisation de l'économie, sa corrélation avec celle de l'emploi. Mais ce sont des petits commerce et services représentant 83% de la superficie économique à très faibles productivité non comparables à celles des pays développés où la tertiarisation de l'économie à travers les services des technologies de l'information et de la communication crée des opportunités de croissance économique et génère des emplois productifs et la corrélation avec celle de l'emploi. En effet, en avril 2016, la structure de l'emploi selon le secteur d'activité, fait ressortir que les services marchands et non marchands absorbent 61,6% de la main-d'œuvre totale, suivi par le BTP (16,8%), l'industrie (13%) et l'agriculture (8,7%). D'une manière plus précise, concernant l'administration, selon la direction générale de la Fonction publique, le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 est de 20 020 172 fonctionnaires dont 1 608 964 à temps plein (79,64%) et 411 208 agents contractuels (20,30%). Les administrations centrales de l'Etat représentent 313.171 agents, soit 15,50%, les services déconcentrés de l'Etat 813 725 agents, soit 41,57%, l'administration territoriale 312 009 agents, soit 15,4%, les établissements publics à caractère administratif 449 268 agents, soit 22,24%, et les établissements publics à caractère scientifique et technologique 105 999 agents, soit 5,25%. Il y a lieu de relever la jeunesse car les moins de 30 ans représentent 274 074 agents, les 30/40 ans 735 756 agents, les 41/50 ans 668 725 agents, les 50/59 ans 92 580 et les plus de 60 ans seulement 20 944 agents. 2.- Faire le bilan de l'allocation d'investissement entre 2000/2017 Sachant que le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut(PIB), que sur ces 5% les PMI/PME qui constituent plus de 95% du tissu productif algérien sont en difficultés (bureaucratie, système financier sclérosé, système socio-éducatif non adapté, foncier,) en plus de la concurrence de la sphère informelle produit de la bureaucratie qui contrôle 40/50% de la masse monétaire en circulation, il convient de se demander si les jeunes promoteurs agrées par l'ANDI, l'ANSEJ et d'autres organismes chargés de la promotion de l'emploi, ont la qualification et surtout l'expérience nécessaire pour manager les projets, à l'instar de ce qui se passe partout dans le monde, diriger une entreprise dans un cadre concurrentiel afin d'avoir des prix /coûts compétitifs. Le risque n'est-il pas d'assister à un gaspillage des ressources financières en fait de la rente des hydrocarbures et à terme au recours au trésor à l'instar de l'assainissement des entreprises publiques ? Comme on le constate actuellement pour la SNVI et El Hadjar véritable gouffres financiers, dont le collectif malgré ses promesses euphoriques publiques induisant en erreur les plus hautes autorités du pays, qui avait promis la résolution de tous les problèmes entre 2014/2015. Car l'actuelle politique industrielle, sans cohérence se fonde sur l'ère matérielle des années 1970 ( fer-ciment) croyant que c'est la solution miracle, oubliant que le monde s'oriente vers de nouvelles technologies économisant le fer et le ciment, segments contrôlés au niveau mondial actuellement par cinq firmes internationales, étant impossible d'exporter surtout en Afrique, sans un partenariat étranger fiable. La trajectoire raisonnable, en attendant une véritable relance des segments hors hydrocarbures, n'aurait-elle pas été l'investissement le plus sur dans l'acquisition du savoir faire par une formation additionnelle et des stages pour les préparer sérieusement à l'insertion dans la vie active durablement ? Comment ne pas rappeler que selon les données officielles pour ce qui est de la répartition des projets par secteurs, ANSEJ notamment, c'est celui des transports qui a attiré le plus d'investissements suivi de prés par le secteur du bâtiment, des travaux publics, suivi de loin moins 15/20% par le secteur de l'industrie celui de l'agriculture avec un faible investissement direct étranger IDE hors hydrocarbures au niveau des segments productifs permettant la concurrence internationale, se concentrant essentiellement sur le marché intérieur, nombre insignifiant en comparaison de ce qui est enregistré chez nos voisins et surtout, en rapport avec le potentiel national et des efforts gigantesques en investissements publics. Les grandes firmes choisissent de s'installer chez nos voisins et vendre chez nous. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international