Le Pr Boulassel recommande des mesures de prévention pour diminuer le passage à l'acte. Le médecin-chef du service de médecine légale du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, le Pr Brahim Boulassel a insisté, jeudi à Tizi Ouzou, sur la nécessité de prendre des mesures de prévention pour diminuer le passage à l'acte suicidaire en milieu hospitalier. «Les institutions hospitalières sont tenues aux obligations de la surveillance des malades et de leur sécurité pour éviter les conséquences», a-t-il dit. S'exprimant lors du 1er Congrès de la faculté de médecine de l'Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, l'intervenant a mis en avant la responsabilité engagée des établissements hospitaliers, publics ou privés, face au suicide. Un phénomène, a-t-il observé, qui occupe, en milieu hospitalier, une part non négligeable, entre 4 et 5 % selon la littérature scientifique, de l'ensemble des suicides. Dans sa communication intitulée «pathologie néoplasique et passage à l'acte suicidaire à l'hôpital, à propos de deux cas», le Pr Boulassel, a révélé l'existence chez nous de ce phénomène en milieu hospitalier notamment, si bien que, a-t-il observé encore, les cas survenant ne soient pas tous recensés. «Le suicide peut être à l'origine de mise en cause de responsabilité, civile et administrative, qui peut être évoquée pour défaut de soins, défaut de vigilance, négligence, non-assistance à personne en danger, etc. », a-t-il considéré. S'agissant des deux cas de suicide autopsiés, des patients hospitalisés pour respectivement, une prise en charge d'une pathologie néoplasique avec une détresse respiratoire, métastases pulmonaires, et pour prise en charge de trouble de comportements, violence et agitation, entre autres, le Pr Boulassel a estimé que la responsabilité des deux établissements peut être engagée parce qu'ils sont tenus, a-t-il dit, à une obligation de soins, de surveillance et de prévention. Pour déterminer et situer cette responsabilité, le parquet, a-t-il poursuivi, recherchera le caractère prévisible ou imprévisible du comportement du malade, type de pathologie mentale ou physique et son niveau du risque suicidaire, et la nature de la surveillance exercée, surveillance inefficace, insuffisante et non-permanente, et la non-vigilance du personnel soignant particulièrement lors des périodes critiques au début et à la fin d'une hospitalisation. Mais aussi, l'organisation matérielle du service, la non-éviction des moyens suicidaires dans l'environnement du malade, la non-protection des cages d'escalier, l'accès aisé au toit de l'édifice, absence d'un système de protection au niveau des fenêtres et l'absence d'une architecture des unités qui permet une meilleure observation et surveillance. Tout en considérant que le suicide lors d'une hospitalisation peut être considéré comme ayant pu ou dû être empêché ce spécialiste a estimé qu'un patient qui présente une pathologie lourde invalidante, physique ou mentale, à risque suicidaire doit bénéficier d'une prise en charge psychologique et psychiatrique de qualité et entourer de mesure de sécurité nécessaires, surveillance continue, pour prévenir le passage à l'acte. Tout suicide d'un patient pendant son traitement hospitalier, à la fois dans et en dehors de l'hôpital, pendant une permission, une promenade, une sortie d'essai ou séjour dans un autre hôpital pour un traitement concomitant est, a encore observé le Pr Boulassel, considéré comme un suicide à l'hôpital.