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Entretien
LE Pr ZIRI, PSYCHIATRE, AU SOIR D�ALG�RIE : �La mise en place d�un observatoire national des suicides est une urgence�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 11 - 2011

Ph�nom�ne de sant� publique � l��chelle mondiale, le suicide continue, en l�absence d�une enqu�te statistique et �pid�miologique s�rieuse, d�alimenter en Alg�rie une chronique journalistique qui pr�sente le sujet avec un catastrophisme dont les cons�quences peuvent �tre fatales, avertissent les sp�cialistes, pour des sujets vuln�rables ayant fait l�exp�rience du suicide ou couvant, sans le savoir, un syndrome suicidaire.
Dans cet entretien, le Pr Ziri, psychiatre et DG du CHU de Tizi-Ouzou, nous parle de son travail de recherche men� dans le cadre professionnel. Il s�agit d�une �tude prospective sur le suicide et les tentatives de suicide dans la wilaya de Tizi-Ouzou qui, tout en se voulant une correction, une remise en cause de toutes les affirmations empiriques propag�es par les journaux sur le sujet, relance le d�bat sur la n�cessit� d��laborer un plan de prise en charge et de pr�vention contre ce probl�me de sant� publique.
Le Soir d�Alg�rie : �Suicide et tentative de suicide : � propos d�une �tude prospective dans la wilaya de Tizi-Ouzou�, c�est le titre d�une �tude que vous avez men�e dans un cadre professionnel et qui s�int�resse � un sujet d'une br�lante actualit�. Quelle est la gen�se de ce travail et pourquoi l'int�r�t pour un tel sujet ?
Pr Ziri : Il faut dire que le sujet autant que le ph�nom�ne ont capt� mon int�r�t depuis le d�but des ann�es 2000. A l��poque, j��tais amen� � participer de fa�on active � une commission pluridisciplinaire qui a �t� cr��e par les pouvoirs publics. C��tait une sorte d�observatoire des fl�aux sociaux et qui s��tait pench�e, prioritairement, sur le ph�nom�ne du suicide dans notre wilaya qui avait fait couler beaucoup d�encre � l��poque. On s�en souvient, les journaux faisaient �tat r�guli�rement et de fa�on inqui�tante de cas de suicide, essentiellement parmi les jeunes. L�emballement m�diatique �tait tel que les pouvoirs publics �taient oblig�s de r�agir par la mise en place de cette commission. Mon r�le, en tant que psychiatre, au sein de cette commission consistait � donner un avis scientifique. L�analyse et l�observation prospective du probl�me ont �t� ax�es sur les param�tres de la vie sociale qui sont, pour beaucoup, d�terminants dans la tentative et le passage � l�acte de se donner la mort. J�ai eu, par la suite, � approfondir la r�flexion sur le sujet dans le cadre de mon travail de recherche pour l�obtention du dipl�me de doctorat en sciences m�dicales et qui a abouti � l��laboration de la th�se que vous avez entre les mains et dont la publication est attendue pour le d�but du premier trimestre de l�ann�e prochaine. Au-del� de l�aspect th�orique, je pense que mon travail va contribuer, un tant soit peu, � la compr�hension du probl�me, mais il reste beaucoup � faire pour une appr�hension raisonn�e et sereine de ce fl�au social.
Vous avez fait le choix de faire une �tude prospective, quelles sont les raisons d�une telle d�marche m�thodologique ?
S�agissant de l�approche suivie dans la conduite de cette �tude, j��tais frapp� comme tout le monde par le battage m�diatique autour du ph�nom�ne du suicide dans notre wilaya. En tant que psychiatre, j��tais amen� � r�fl�chir pour essayer de comprendre ce qui s�est r�ellement pass�, et l�approche prospective adopt�e constitue, � mes yeux, la d�marche m�thodologique la plus indiqu�e pour saisir avec exactitude la r�alit� du probl�me qui �tait v�cu alors en Kabylie, en ayant comme souci de soumettre � l�examen attentif le processus socio-psychologique qui a conduit � la survenue de chacun des cas recens�s et �tal�s dans une p�riode donn�e (2007 � 2008). D�terminer la pr�valence, l�incidence des suicides et des tentatives de suicide ainsi que l�identification des facteurs de risque de ces situations figurent parmi les objectifs fix�s � cette �tude.
Justement, que s�est-il r�ellement pass� ? Quelle a �t� la r�alit� du suicide en Kabylie et quelle a �t� votre conclusion fondamentale ?
La conclusion fondamentale, l��clairage essentiel fourni par cette �tude est que la r�alit� du suicide en Kabylie est loin d��tre conforme � celle fa�onn�e par le discours m�diatique. On ne se suicide pas en Kabylie plus qu�ailleurs en Alg�rie. Hormis des chiffres �pars et d�livr�s de fa�on �pisodique par certaines institutions, comme la gendarmerie, la Protection civile ou par des services hospitaliers sp�cialis�s, il n�existe aucune �tude statistique � l��chelle nationale permettant d�oser une comparaison chiffr�e ou une analyse du taux de pr�valence du suicide par wilaya. D�apr�s les chiffres dont nous disposons, on peut dire, sans se tromper, que la wilaya de Tizi- Ouzou se situe, en termes de taux de pr�valence du suicide et des tentatives de suicide, dans la moyenne observ�e au niveau de beaucoup de pays du pourtour m�diterran�en.
Quel int�r�t accordez-vous � la publication d�un tel travail de recherche ?
Tout modeste qu�il soit, sa publication permettra, en premier lieu, aux �tudiants d�avoir un document de r�f�rence. Il est aussi n�cessaire de vulgariser ce genre de travail pour permettre au commun des lecteurs, au grand public d�avoir un aper�u sur un ph�nom�ne de soci�t� et un probl�me de sant� publique qui interpelle de nombreux acteurs sociaux et institutionnels. Il est aussi urgent d�engager un d�bat sur ce ph�nom�ne qui, jusqu�� ce jour, n�a pas fait l�objet d��tudes statistiques d�envergure nationale, � l�instar de ce qui se fait dans de nombreux pays qui ont proc�d� au recueil des donn�es et des informations sur tout ce qui touche � ce ph�nom�ne. C�est dans ce sens que nous avons sugg�r� de mettre en place un observatoire national des suicides et des tentatives de suicide. Un organisme qui aura, entre autres missions, la tenue d�un fichier national sur le probl�me qui n�cessite une approche et une action intersectorielle et concert�e des diff�rents intervenants. Le travail effectu� de mani�re fragment�e et fractionnaire par chacune des institutions comme la Gendarmerie nationale, les services de s�curit�, la Protection civile, les �tablissements de sant� publique ou encore la justice ne permet pas une lecture harmonieuse et juste des chiffres et des donn�es qui, dans l��tat actuel des choses, ne renvoient pas un reflet exact de la r�alit�. Permettez-moi donc d�insister sur l�urgence de la mise en place d�un tel organisme (observatoire national des suicides et des tentatives de suicide, ndlr) qui servira de cadre de rencontre et de concertation. L�harmonisation, la mise en commun de l�information et des donn�es puis l�analyse et l��tude minutieuse de ces derni�res serviront de socle de travail pour l��laboration �ventuelle d�une strat�gie de lutte et de pr�vention contre un ph�nom�ne dont l�endiguement n�cessite la mise en synergie et l�intervention de plusieurs secteurs et pas seulement celui de la sant�. Le suicide est un ph�nom�ne complexe n�cessitant des solutions tout aussi complexes. Seule une politique nationale de pr�vention du suicide est � m�me de r�duire l�incidence et la pr�valence des suicides et des tentatives de suicide.
Le suicide est un ph�nom�ne qui frappe par son aspect spectaculaire et grave, il ne laisse jamais indiff�rent. Comment est-il d�fini dans la litt�rature scientifique ? Comment un individu peut-il �tre amen� � attenter � sa vie ?
Le suicide est une conduite humaine tragique sp�cifique et exceptionnelle. Il fait, malheureusement, partie de la triste r�alit� de la vie. C�est un probl�me de sant� publique de par le monde : un million de personnes environ se donnent la mort chaque ann�e � travers le monde, c�est la troisi�me cause de mortalit� apr�s les accidents de la circulation et les accidents cardiovasculaires. Depuis l�antiquit�, le suicide a pos� � l�homme des probl�mes d�ordre �thique, religieux et, notamment, juridique, suscitant fascination dans certains milieux et condamnation s�v�re dans d�autres. Deux approches d�finissent le suicide. La premi�re, d�ordre sociologique, met l�accent sur la dimension sociale, tout en occultant l�histoire individuelle des sujets qui se suicident. L�approche psychiatrique, quant � elle, stipule que toute personne ayant attent� � sa vie est atteinte de maladie mentale. L��pid�miologie du suicide et de la tentative de suicide sont tr�s variables d�un pays � l�autre et, parfois, d�une r�gion � l�autre. Les tentatives de suicide, m�me si elles sont sous-�valu�es, demeurent beaucoup plus fr�quentes. La plupart des cas de suicide sont li�s � des maladies mentales ou psychologiques : les troubles de l�humeur, notamment, la d�pression et les troubles bipolaires maniacod�pressifs, les �tats psychotiques (schizophr�nie, troubles d�lirants) sont les affections les plus incrimin�es. L�alcoolisme, la toxicomanie, les raptus anxieux et certains troubles de la personnalit� sont consid�r�s comme des facteurs pr�cipitant ou adjuvants. Les conduites suicidaires sont d��tiologies complexes et multifactorielles. Plusieurs pistes ont �t� avanc�es pour essayer d�expliquer les causes du suicide ; c�est par la convergence de ces diff�rentes th�ories que nous pouvons faire une approche r�elle du suicide. Le passage � l�acte suicidaire traduit souvent l��chec des capacit�s d��laboration d�un individu � g�rer un conflit. Toute conduite suicidaire doit donc �tre �valu�e minutieusement, en mettant l�accent sur le degr� d�authenticit� et d�intentionnalit�, les m�thodes employ�es, les circonstances d�apparition et, surtout, l�existence ou non de troubles mentaux associ�s. Plusieurs facteurs de risque d�importance variable ont �t� identifi�s, ce qui permet aux psychiatres et aux m�decins g�n�ralistes de d�celer, d��valuer et de traiter les patients au potentiel suicidaire �lev�. Ce qui, � terme, devrait permettre de diminuer de mani�re significative le nombre des conduites suicidaires.
Un dernier mot ?
La lutte contre ce fl�au est un travail de longue haleine. Elle doit d�abord �tre ax�e sur la pr�vention qui englobe des actions, � la fois individuelles et collectives, pour agir sur les principaux facteurs responsables du suicide. Elle doit �tre envisag�e dans un contexte pluridisciplinaire avec la mise en place de programme d�action d�envergure nationale, tout en tenant compte des sp�cificit�s r�gionales.


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