La violence, il faudrait aussi la comprendre comme l'ennemi, non seulement du football, mais de tous ceux qui veulent se démarquer d'elle, de ceux qui la dénoncent, qui l'arrosent de qualificatifs qui la caractérisent. Faut-il la comprendre ? La réponse est sans hésiter, non, parce qu'elle est déjà comprise. Elle saute du terrain pour aller vers les gradins, lorsque le règlement du foot n'est pas enseigné aux joueurs, et bien souvent aux entraîneurs et aux présidents de clubs. Il se passe que le coup de sifflet de l'arbitre, à tort ou à raison, se fait retentir plusieurs fois sur les 90 minutes ou plus, l'arbitre n'a pas compris que le sifflet est souvent un outil provocateur qui accompagne les provocations du joueur sur son adversaire, et que lorsque l'entraîneur, depuis la main courante donne raison à son joueur au lieu de le calmer. Les esprits s'attaquent, à ce moment, au deuxième arbitre ou au commissaire du match, et le président se détache de son fauteuil de la tribune officielle pour arroser l'arbitre de paroles qui sont loin de l'honorer, particulièrement lorsque cette réaction se fait devant des supporters qui n'attendent que cette étincelle pour la déclencher et mettre le feu à la baraque. Est-il besoin de rappeler que ces propos pourraient être à l'origine d'envahissements du terrain, causer des blessés et des destructions de biens publics ? La violence, c'est souvent lorsque des joueurs qui s'offrent des centaines de millions de centimes comme salaire et se détachent d'une réalité du terrain. Le football est bâillonné, il n'a plus le droit de s'exprimer. Ce sont souvent des présidents de clubs qui mènent le bal. 2018 tire à sa fin, la violence fabriquée par des voyous est en train de passer la main à une nouvelle génération plus violente. Certains joueurs ont une large responsabilité, la manière de réagir après avoir été bousculés, crochetés, refus de remettre la balle aussitôt, leurs courses poursuites sur le terrain, les simulations, les fausses crampes, qui se multiplient, sont aussi des signes de provocations qui chauffent les gradins. L'arbitrage, voilà un sujet qui soulève des réactions souvent coléreuses. Un arbitre de football, dit-on, n'a pas le droit à l'erreur. Juste pour les uns, faux pour les autres. En fait, c'est même plus compliqué que ça : même quand sa décision est bonne, il y a toujours quelqu'un pour dire qu'il a tort. Ça fait partie du métier, alors il fait face seul au public, aux joueurs, aux dirigeants. Après, c'est la suite que tout le monde connaît : critiques, injures. «Une mission ingrate, qui n'érode pas la passion et l'envie de revenir le week-end d'après. Au fil des mots et peu importe leur niveau, ils insistent sur les mêmes choses». Un expert en arbitrage déclarait chez un confrère français : «Paradoxalement, plus on descend, et plus c'est dur d'arbitrer. Moins de pression chez les amateurs, certes, mais on est davantage livré à soi-même. Pas de caméra de télévision, peu de moyens et d'éducateurs formés : dans de nombreux districts, c'est la pénurie et le bricolage». Il faut être lucide : nous sommes des êtres humains. Souvent, après un match, quand des présidents, des entraîneurs ou des joueurs critiquent un arbitre, c'est parce que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu pour eux. C'est un argument pour masquer leurs lacunes. «La dernière descente de la violence au stade 5-Juillet pourrait être considérée comme une alerte. Encore plus sérieuse, elle interpelle les dirigeants de ce football, les présidents de clubs à une mobilisation plus accrue, à trouver vite des solutions, voire même à réinventer la sécurité dans les stades. Chacun gagnerait à y réfléchir à trouver le meilleur traitement. Se sentir en sécurité par la présence des services de sécurité n'est pas une aussi bonne idée. Les services de sécurité, eux aussi, sont menacés par ces énergumènes, des blessés parmi eux, tout comme les supporters innocents. Le piège se referme et la responsabilité prend du volume.