Hier, c'était au tour des enseignants et des élèves, des trois paliers de l'éducation nationale, de sortir dans les rues d'Alger pour se retrouver par dizaines dans un sit-in à la Grande-Poste et soulever leurs revendications socio-professionnelles, appelant à «des réformes profondes, au changement du système éducatif et à l'amélioration du niveau scolaire», mêlées à des slogans plus politiques. Ils ont organisé cette manifestation dans le sillage de l'appel à la grève lancé par le Collectif des syndicats autonomes du secteur de l'Education nationale qui a connu, selon l'APS, un suivi mitigé à travers les différents établissements éducatifs d'Alger. Les échéances des examens de fin de cycles primaire et moyen et surtout le bac, commencent à pointer à l'horizon et cela explique certainement la prudence des élèves et de leurs parents, ainsi que des enseignants, eux-mêmes, qui veulent éviter de compromettre la préparation de ces examens. Le Collectif des syndicats autonomes du secteur de l'Education nationale est constitué de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'Education (Cnapeste) et du Conseil des lycées d'Algérie (Cla). Comme les autres jours, la manifestation des enseignants s'est déroulée dans le calme. Le dispositif de police n'a pas eu à intervenir. Il a été installé pour veiller au maintien de l'ordre public et protéger les personnes et les biens contre d'éventuels actes de vandalisme que commettraient des délinquants qui ont pris l'habitude d'infiltrer les rangs des manifestants pacifiques pour commettre des vols, surtout contre les femmes. En fait, cette grève était annoncée de longue date, mais elle est tombée, hier, en pleine effervescence créée par les manifestations qui se déroulent dans plusieurs villes depuis vendredi 22 février, les enseignants grévistes en ont visiblement profité pour s'inscrire dans ce mouvement. Les enseignants et élèves ont repris les mots d'ordre des manifestants anti 5ème mandat, à côté de slogans hostiles à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit. Des marches d'enseignants se sont déroulées également dans d'autres villes du pays, comme à Bouira, Constantine et Oran, avec les mêmes mots d'ordre. En même temps que les médecins, les enseignants ont donc emboîté le pas aux avocats et aux étudiants qui ont réagi aux décisions contenues dans le dernier message du Président Bouteflika. Malheureusement, hier encore, des observateurs ont noté que des écoliers non accompagnés étaient dans la rue en compagnie des enseignants qui manifestaient. Il est évident que certains de ceux qui dénoncent le système et réclament son changement sont tentés par l'instrumentalisation de l'école dans les luttes politiques et idéologiques. La directrice centrale de l'évaluation et de la prospective au ministère de l'Education nationale, Samia Mezaib, rappelait, il y a quelques jours, qu'il s'agit d'une «responsabilité morale qui incombe à tous, pas uniquement aux chefs des établissements scolaires, mais à toute la société et la famille». Elle s'exprimait sur la sortie dimanche des élèves des cycles moyen et secondaire dans la rue pour manifester dans le sillage des marches populaires, Mme Mezaib a qualifié cela de «dangereux car ces élèves sont mineurs et doivent être encadrés». La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, également avait attiré l'attention sur ce fait, sur sa page Facebook : «Nous avons tous le devoir moral, l'obligation et la responsabilité de protéger notre école, donc de protéger nos élèves et de protéger nos enfants» a écrit la ministre, soulignant que «c'est parce que l'école est gratuite et obligatoire, qu'elle demeure ‘'l'école du peuple''». Elle a lancé un appel aux «parents, enseignants, élèves et à tout l'encadrement» de prôner «un seul mot d'ordre, à savoir mettre l'école algérienne au-dessus de toute considération». Elle estimait que les élèves doivent être à l'intérieur des écoles et non dans la rue insistant sur cette «situation confuse d'où l'obligation de faire montre de vigilance et de protéger l'école».