L'USM Oran, qui a bouclé en mars dernier ses 93 ans d'existence, poursuit sa chute libre après avoir échoué à se maintenir en Inter-régions tout en s'exposant désormais à la disparition. Un triste sort pour le plus ancien club de la région Ouest du pays qui se meurt dans un silence total, ne suscitant ni inquiétude ni souci de la part des sportifs et responsables. Abandonnée encore par ses dirigeants tout au long de cette saison, l'USMO ne pouvait éviter la descente après avoir terminé 15e et avant-dernière au classement de son groupe. Cette équipe sera ainsi contrainte de jouer lors de l'exercice prochain dans un palier encore bas, à savoir la Régionale 1. En fait, les «Noir et Blanc» ont évolué pendant toute la saison sans la moindre considération sachant que, d'après l'entraîneur Lotfi Boublenza, les joueurs ont défendu les couleurs du club sans le moindre équipement jusqu'à la 25e journée. Selon le même coach aussi, il a fallu également attendre les dernières journées, soit après que le sort de l'équipe a été scellé, pour que la commune d'Oran débloque enfin sa «dérisoire» subvention qui n'a finalement servi à rien. De l'avis des observateurs dans la capitale de l'Ouest, au train où vont les choses, il y a tout simplement risque de disparition de cet autre monument du football algérien, d'autant que le club voit également ses supporters, les plus anciens de la région, disparaître l'un après l'autre, alors que sa situation, qui se dégrade d'année en année, ne plaide pas pour faire rallier à sa cause des fans de la nouvelle génération oranaise. Un constant accablant pour le Doyen des clubs oranais. A l'USMO, l'on impute la responsabilité de cette situation aux dirigeants qui ont complètement délaissé l'équipe ces dernières années, en s'intéressant uniquement à leurs affaires personnelles, alors que les concernés, eux, pointent du doigt les autorités locales qui se contentent d'aider le club par des «miettes». Un «géant» aux pieds d'argile Les dirigeants disent que leurs appels de détresse lancés fréquemment n'ont jamais été entendus, au grand dam du peu d'amoureux de cette prestigieuse formation qui continuent à lui témoigner fidélité. A Oran, l'on est unanimes à dire que ce monument du sport-roi dans le pays et dans la capitale de l'Ouest en particulier, est en train de connaître le même scénario vécu par d'autres légendaires formations algériennes, à l'image de l'ES Guelma, pour ne citer que celle-là, qui se morfondent dans les paliers les plus bas du football national. Assurément, regrettent les observateurs, le club oranais ne mérite pas un tel sort, un club qui a joué un rôle prépondérant dans la résistance lors de la période coloniale et dont la création par, entre autres, feu Sadek Boumaza, avait pour objectif justement de défendre la cause nationale. Ce fut également un moyen de défendre l'identité nationale à l'époque, d'où le nom de l'Union sportive musulmane Oran qui lui a été choisi. Outre son passé glorieux dans la lutte contre le colonialisme, l'USMO s'est illustrée également sur les terrains de football. Il avait remporté 7 fois le championnat d'Oran entre 1932 et 1950, ainsi que la Coupe d'Oran de la saison 1951-1952. Le palmarès du club compte également le titre de vice-champion nord-africain à trois reprises (1933, 1935 et 1950). Ce passé, écrit en lettres d'or, ne lui a pas suffi, néanmoins, pour se frayer un chemin vers la gloire lors de la période post-indépendance.