Amnesty International a, dans un rapport publié jeudi, dénoncé l'usage excessif de la force par les forces d'occupation marocaines, dans la répression de manifestants sahraouis à Laâyoune, qui célébraient la victoire de l'Algérie dans la Coupe d'Afrique des Nations le 19 juillet, causant la mort d'une jeune militante sahraouie, et appelé à une enquête «impartiale» et à traduire les auteurs en justice. «Les autorités marocaines doivent enquêter de manière impartiale et efficace sur le recours excessif à la force par les forces de sécurité contre les manifestants sahraouis à Laayoune, qui célébraient la victoire de l'Algérie dans la Coupe d'Afrique des Nations le 19 juillet», a déclaré Amnesty International dans son rapport repris par les médias. L'organisation a indiqué avoir vérifié des séquences vidéo et recueilli des témoignages indiquant que «les forces de sécurité, très présentes dans les rues et dans les cafés pendant le match de football, avaient fait un usage excessif de la force, jetant des pierres pour disperser la foule des manifestants et provoquant des affrontements». Selon deux témoins oculaires, cités par cette ONG des droits de l'homme, «Sabah Njourni, une femme de 24 ans, a été tuée après avoir été abattue par deux voitures des forces auxiliaires marocaines». Il est à rappeler que le meurtre de la jeune femme sahraouie, Sabah Othman Omeida (Sabah Njourni) à Laayoune dans les territoires sahraouis occupés a été vivement condamné par les Sahraouis et la communauté internationale. «Il existe des preuves évidentes suggérant que la réponse initiale des forces de sécurité marocaines aux manifestations sahraouies, qui ont commencé pacifiquement, a été excessive et a provoqué de violents affrontements qui auraient pu et auraient dû être évités. Les autorités doivent enquêter de manière impartiale et efficace sur les attaques contre les manifestants et traduire en justice les personnes soupçonnées d'être responsables de procès équitables», a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. «Il est clairement établi que la réaction initiale des forces de sécurité marocaines aux manifestations sahraouies, qui ont commencé pacifiquement, a été excessive et a provoqué de violents affrontements qui auraient pu et auraient dû être évités», a-t-elle ajouté. Amnasty a noté que «les affrontements entre manifestants sahraouis et forces de sécurité marocaines ont éclaté peu après que les Sahraouis soient descendus dans les rues de Laayoune, agitant des drapeaux algérien et sahraoui, scandant des slogans célébrant la victoire de l'Algérie dans le football et appelant à l'autodétermination du peuple sahraoui». Des témoignages et des vidéos montrent que les forces de répression marocaines sont intervenues en lançant des pierres, en utilisant des balles en caoutchouc et en pulvérisant du gaz lacrymogène et de l'eau pour disperser les manifestants. Dans son rapport, Amnesty cite une déclaration officielle émanant des autorités locales à Laaoyoune, prétendant qu'un groupe «motivé par des éléments hostiles» avait profité des célébrations pour se livrer à des actes de vandalisme et de pillage», et que les forces de sécurité avaient été «obligées d'intervenir pour protéger des biens privés et publics». Selon des militants, des dizaines de manifestants sahraouis, de supporters de football et de passants auraient été blessés. Certains ont déclaré que près de 80 personnes pourraient avoir été blessées, mais le nombre exact reste incertain, nombre d'entre elles n'étant pas allées à l'hôpital pour des traitements par «peur de représailles». Une vidéo montre un agent de sécurité dans une «position de Weaver» Dans une vidéo analysée par Amnesty International, un agent de sécurité lève les bras dans une «position de Weaver», une position habituelle adoptée par les policiers pour se préparer à décharger leur arme à feu et semble lancer son arme à feu sur la foule. Pourtant, les Principes fondamentaux relatifs au recours à la force et aux armes à feu par les agents de la force publique des Nations Unies stipulent que les forces de sécurité doivent épuiser tous les moyens non violents avant de recourir à la force. Ces principes stipulent également que les autorités doivent faire preuve de retenue et ne recourir qu'à l'utilisation d'armes à feu pour se protéger contre la menace imminente de mort ou de blessures graves. Des témoins oculaires, cité par Amnesty, ont affirmé que «les forces auxiliaires marocaines ont commencé à pourchasser des militants avec des véhicules de la police et renversé au moins trois personnes, selon un témoignage». Au moins deux personnes qui ont assisté à la mort de Sabah Njourni ont déclaré qu'elle avait été frappée par deux véhicules de la force auxiliaire qui accéléraient vers elle et ne s'étaient pas arrêtées pour la sauver ou vérifier son état. Les images satellitaires analysées par Amnesty International et les renvois avec des vidéos filmées au moment où elle a été frappée par des véhicules de sécurité montrent qu'elle se trouvait à proximité d'un passage pour piétons. «Le meurtre de Sabah Njourni semble être la conséquence directe du manque de retenue de la police. Il est essentiel que l'enquête que les autorités marocaines ont annoncée sur sa mort soit approfondie, impartiale et efficace et que ses conclusions soient rendues publiques. Tous les membres des forces de sécurité reconnus coupables de sa mort doivent être traduits en justice», a déclaré Magdalena Mughrabi. Un des deux témoins oculaires, un militant sahraoui, a raconté le moment où Sabah Njourni a été frappé par des voitures des forces de sécurité: «S'ils voulaient ralentir, ils auraient pu, la rue était vide», a-t-il déclaré. «La fillette courait dans une autre rue, elle se trouvait au passage pour piétons, mais ces deux voitures des forces auxiliaires conduisaient à une vitesse folle - c'est une zone résidentielle donc elles ne devraient pas rouler aussi vite», a-t-il déploré. Le témoin a décrit comment la première voiture avait heurté Sabah Njourni, l'avait projetée en l'air et la deuxième voiture l'avait renversée. La victime Sabah est décédée des suites de ses blessures peu après son arrivée à l'hôpital. Le militant a également déclaré qu'un autre manifestant, qui avait été heurté par une voiture, ne s'était pas rendu à l'hôpital par «peur des représailles des autorités» marocaines. Un autre militant a déclaré à Amnesty International avoir été témoin d'un autre incident où un véhicule des forces auxiliaires avait heurté un manifestant sahraoui gravement blessé à la jambe et à l'épaule. La victime ne voulait pas être identifiée par peur de représailles, tandis qu'un troisième témoin a raconté à Amnesty International qu'il avait failli être frappé par une voiture de police qui zigzaguait et se dirigeait à toute vitesse vers lui. Il a également déclaré que des voitures des forces auxiliaires conduisaient sur les trottoirs et dans le sens contraire de la circulation pour tenter d'intimider et de harceler les gens. Selon les militants, au moins 13 personnes ont été arrêtées au cours de la manifestation - dont quatre enfants âgés de 14 à 17 ans. Les quatre enfants seront jugés en septembre. Les autorités d'occupation marocaines continuent d'imposer des restrictions arbitraires aux droits des Sahraouis à la liberté d'expression, de réunion pacifique et à la liberté d'association. Les forces de sécurité marocaines ont fait un usage excessif de la force pour disperser des manifestations pacifiques et les militants sahraouis ont été victimes de «harcèlement, d'intimidation et de poursuites uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions et exercé leurs autres droits fondamentaux», a conclu Amnesty dans son rapport.