Bour el aman (à bon port), el ‘isaba (la bande), mouharabat el fassad (lutte contre la corruption), mourafaqat el hirak (accompagnement du mouvement populaire), des expressions parmi d'autres que le regretté général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a fait entrer dans le nouveau langage des Algériens quand ils parlent de politique. L'Algérie est arrivée à bon port après une traversée tempétueuse, en évitant intelligemment les récifs artificiellement placés pour casser le pays et le plonger dans le chaos. La bande a pris le chemin de la prison et la lutte contre la corruption ne peut plus s'arrêter. L'accompagnement du Hirak, conçu par l'institution militaire et exposé en toute transparence et sincérité à l'opinion publique nationale et internationale, par le chef d'état-major de l'ANP, a permis le retour à la stabilité institutionnelle par la voie constitutionnelle. Le mérite en revient au regretté général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah auquel les Algériens rendent un hommage mérité. Son destin a voulu qu'il quitte ce monde au moment même où une nouvelle étape s'ouvre pour l'Algérie. Lui-même, avait évoqué à plusieurs reprises les grands traits de cette Algérie novembriste nouvelle, en référence à la Déclaration du 1er Novembre 1954 et aux exigences de la modernisation du pays. Que sera cette Algérie ? Elle sera, d'abord, toujours et en toutes circonstances, dans la légalité constitutionnelle qui est incompatible avec le bricolage des «quotas» de sièges et de la cooptation pour le choix des dirigeants du pays, sur la base d'allégeance régionale ou clanique, concoctés arbitrairement dans un «cabinet noir» par quelques personnes qui se sont arrogées tous les droits sur le pays. Le peuple est souverain, nul ne peut lui dicter son choix qu'il exprime à travers les urnes. Dans l'Algérie nouvelle, le peuple a le soutien de l'institution militaire. D'ailleurs, cette Algérie nouvelle a été rendue possible grâce au peuple et à l'armée, «khaoua, khaoua», comme l'a scandé le Hirak. Le respect des lois de la République, des institutions de l'Etat et du peuple algérien, doit devenir une règle fondamentale pour tous et en premier lieu pour ceux qui ont en charge la gestion des affaires du pays. L'Algérie nouvelle est fondée sur l'Etat de droit, nul n'est au-dessus de la loi. Le soutien et l'accompagnement qu'a apporté le regretté général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah au secteur de la justice, ont montré la voie à suivre dans le domaine de la lutte contre la corruption : il n'y a pas d'intouchables. Aujourd'hui, ce sont les «requins» et non pas seulement le «menu fretin» qui se retrouvent en prison pour payer de leurs actes contraires à la loi, destinés à les enrichir rapidement et illicitement, grâce à leurs positions au sein du pouvoir ou à des liens avec de hauts responsables. En matière économique, un de ses derniers discours (mardi 19 novembre 2019 à Ouargla) indique bien une des caractéristiques de l'Algérie nouvelle qui commence à se dessiner : la protection et le soutien en faveur des établissements publics nationaux, notamment les sociétés et les complexes industriels, et ce, afin de consolider leur contribution à l'économie nationale et préserver les emplois. Le chef d'état-major a cité, à titre d'exemple, le complexe sidérurgique d'El Hadjar, qui constitue la fierté de l'industrie nationale et qui est un acquis à préserver, «étant donné qu'il emploie des milliers d'ouvriers et qu'il a été l'objet des desseins de la bande qui a tenté par tous les moyens de le fragiliser et d'entraver son développement, afin de priver l'économie de notre pays de la plus-value que ce complexe pourrait offrir, notamment dans ce domaine sensible». On retrouve cette préoccupation dans le discours du président Tebboune prononcé jeudi dernier après sa prestation de serment: bâtir une économie nationale forte, diversifiée, génératrice de richesses, créatrice d'emplois et vecteur de bien-être social à même de renforcer notre sécurité alimentaire et de mettre le pays à l'abri de la funeste dépendance aux hydrocarbures et vis-à-vis de l'étranger. Dans l'Algérie nouvelle, l'Etat sera intransigeant dans la gestion des deniers publics. Les crédits accordés par les banques publiques et les multiples avantages financés par l'argent public ne serviront plus des dépenses de luxe et de prestige ou des achats de biens privés à l'étranger. C'est cela l'Algérie nouvelle.