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Comme l'ombre d'un doute…
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 01 - 2020

Lorsque le 22 février 2019, le Hirak s'était mis en marche, au sens propre comme au sens figuré, les relations algéro-françaises allaient bon train. Le crédit bancaire consacré à l'achat d'une automobile carburait aussi bien qu'une Renault, les importations françaises de médicaments se portaient comme un charme, Total lorgnait du côté de Hassi Berkine, Cevital dévalait quatre à quatre les marches du perron de l'Elysée en direction d'Alger, Kamal Daoud et Boualem Sansal tenaient le haut du pavé de la littérature francophile laïque. Notons cependant que c'est au moment où, vu de Paris, tout allait au mieux dans le meilleur des mondes que le Peuple algérien pris d'un malaise sourd, fit sienne la rue dans une protestation pacifique emplie d'éloquence. Les médias et les officiels français se trouvèrent subitement frappés d'aphonie mais un commentaire macronien fendit le silence ambiant pour apporter à partir de Djibouti, le 12 mars 2019, un soutien à l'ex-Président Bouteflika dans sa tentative de rester au pouvoir contre des promesses de changement…à venir. Une année plus tard, l'industrie du gonflage des pneus est en panne sur la bande d'urgence, les fossoyeurs de l'Etat National sont en prison, Hassi Berkine hisse un drapeau tricolore, celui estampillé de l'Etoile et du Croissant et la France, dépêche d'urgence à Alger, son Ministre des Affaires étrangères, gratifiant le Pays de «puissance d'équilibre et de paix». Tentative néophyte de traduction du communiqué du Quai d'Orsay, respectueuse de l'esprit et de la forme du texte, du français à l'arabe d'une part et du français à l'amazigh d'autre part dans ses trois versions consacrées par le site électronique de l'APS en lettres arabes, latines et tifinagh…pour faire bonne mesure, mais malheureusement toujours pas en anglais, en russe et en chinois, dénotant une vision pour le moins étriquée des enjeux internationaux immédiats auxquels l'Algérie est confrontée.
Et pour mettre tout le monde d'accord, nous lisons, en français dans le texte du communiqué officiel du «point de presse» qui se veut «conjoint» du Ministre de l'Europe et des affaires étrangères Jean-Yves le Drian avec son homologue algérien Sabri Boukadoum ce qui sonne comme une remarque irréfutable, sans que l'on sache précisément si cette dernière s'adresse aux autorités désormais en charge du destin du Pays ou à l'opposition dites «démocratique» qui jurait, il y a quelques semaines à peine, de l'impossibilité physique de la tenue du scrutin pour la magistrature suprême tant elle était convaincue de la marginalisation des partisans de l'Etat National. «Les élections présidentielles ont eu lieu» constate donc Jean-Yves Le Drian et si les mots ont un sens, nous déchiffrons, dans la même veine «qu'il y a désormais un nouveau gouvernement avec lequel la France veut travailler».
Non pas un nouveau Président, symbole, comme le drapeau du mouvement national et de l'Etat républicain, mais «un gouvernement», avec lequel il s'agirait de coopérer. Dans cette tentative de traduction qui est la nôtre, il ne nous semble pas qu'il s'agisse d'un glissement sémantique car à ce niveau de responsabilité politique nous devinons une orientation que Paris souhaite imprimer à ses relations avec l'Algérie. Œuvrer avec un gouvernement et donc avec des ministres dont les portefeuilles ont échu à des milieux proches du Hirak post crise de la bannière amazighe, et qui, quelques jours à peine avant leur nomination en responsabilité marchaient le vendredi dans les rues d'Alger.
Alors que la tradition gaullienne française cherche à privilégier l'action avec les Etats, la coopération française avec l'Algérie se verrait-elle surfacturer une orientation manœuvrière au niveau gouvernemental - en particulier dans son «volet» économique et culturel mais aussi la Justice et l'Education - censée représenter le prix politique à payer par Alger pour apaiser le front intérieur ? Sans réponse définitive à cette interrogation, force est de constater que la visite du Ministre français de l'Europe et des Affaires Etrangères se déroule dans la foulée d'une conférence au cœur même de la capitale européenne, Berlin, ou la voix de l'Algérie haute et claire a énoncé les principes qui sont les siens, non-ingérence dans les affaires d'autrui, strict embargo sur les armes pour les belligérants et soutien à la légalité institutionnelle des Nations. Cependant et afin que le message soit reçu sans grésillements sur la ligne, le Président Si Abdelmadjid Tebboune a commis une première variation quasi insignifiante mais aux conséquences certaines sur les principes de la diplomatie algérienne.
La sécurité de la Libye est un prolongement de celle de l'Algérie
Voilà donc la doctrine de défense qui fut fossilisée à dessein par certaines parties fédéralistes, enrichie d'une dimension maghrébine enfin posée. Ces forces politiques intérieures ne s'y sont pas trompées. Prises de panique à l'idée d'être débordées par ce frémissement maghrébin fécond, dans la droite lignée de la philosophie badissienne sur les cercles d'interpénétration culturelle de l'Algérie, de la Nation Arabe et du monde musulman, elles envoyèrent illico presto, dans un mouvement d'enveloppement d'ordre stratégique intéressé, un symbole de la révolution et du Hirak algérois à Tunis, s'appuyant sur la sincérité des sentiments panarabes et pan maghrébins de nos voisins tunisiens pour donner un contenu idéologique «soummamiste» aux relations maghrébines, nous voulons dire étroitement nationaliste.
Il est d'ailleurs pour le moins curieux de ne mettre que sur le dos du parlementarisme à la tunisienne les retards mis à la formation d'un gouvernement de représentation nationale dans ce pays frère en expurgeant les luttes politiques qui s'y déroulent de l'influence française qui s'y exerce, empêchant la Tunisie de participer à la Conférence de Berlin, mais aussi avec pour effet immédiat de geler l'activité internationale du Président Kais Saied, en particulier dans la coordination étroite au plus haut niveau d'une rencontre avec le Président algérien sur la question libyenne pour lui substituer symboliquement...la naïveté instrumentalisée de notre héroïne nationale à qui nous vouons le plus grand des respects, Madame Djamila Bouhired.
Il eut une seconde variation dans la conférence de Berlin exprimée dans l'allocution de Si Abdelmadjid Tebboune et dont l'APS n'a malheureusement pas obtenu, semble-t-il, le texte complet auquel cas elle l'aurait bien évidemment immédiatement diffusé dans sa version intégrale tant les orientations qui s'y trouvent sont fondamentales. Elle s'inscrit de facto dans une dynamique multilatérale imprimée par le Président Si Abdelmadjid Tebboune qui a bien pris soin devant les chefs d'Etat qui comptent dans ce monde d'indiquer que la première visite qu'il ferait en Europe serait pour l'Allemagne.
Ce changement de pied n'a pas été perçu uniquement par les français. La poignée de mains entre les Présidents Tebboune et Macron a beau avoir été échangée à Berlin sur un aéroport par un temps glacial, elle n'en représente pas moins une photographie qui en a figé de manière éloquente les attitudes corporelles et les regards expressifs et relève du cadre strictement protocolaire et non pas de la coordination politique comme certaines parties en Algérie ont voulu le suggérer. La qualification mise en avant par Jean-Yves Le Drian d'«une puissance d'équilibre et de paix, fermement attachée au respect de la souveraineté des États et au dialogue politique… écoutée et respectée et sur ces bases-là, nous pouvons avoir ensemble une relation extrêmement forte» est problématique à plus d'un titre. En effet, au même moment la France envoi au Mali 220 soldats en renfort.
Il y a dans cette formulation, en particulier dans les mots «sur ces bases-là» comme une injonction pour l'Algérie de se cantonner à jouer le rôle d'un tigre aux dents de papier, car engluée dans un pacifisme de renoncement de la construction maghrébine, se contentant de la mise en avant de symboles impuissants comme Djamila Bouhired, figure passéiste et dans le meilleur des cas idéalisée, sans véritable sens contemporains reliés à une action moderne en construction constante et patiente d'avenir régional.
Une doctrine de sécurité nationale réajustée en fonction des impératifs de l'heure ?
L'ambiguïté est d'autant plus entretenue que la visite le surlendemain, à Alger et à Tunis, du Ministre allemand fédéral des affaires étrangères aura pour cadre de travail la question de la Libye et du Mali, posant de facto leur liaison intrinsèque, comme des problématiques enchevêtrées, l'occupation permanente et exponentielle du Mali pesant de tout son poids dans la désintégration progressive de la Libye. La France par son action militaire dans les pays sahéliens, par l'intervention de ses forces spéciales et l'armement fourni au Marechal Haftar affirme dans ce pays, la primauté du militaire sur le politique et devient une partie intégrante du conflit en Libye.
C'est ce que Sabri Boukadoum a certainement fait remarquer à son homologue allemand, alors que Berlin est sollicité sur le plan financier et sur celui des moyens de renseignements par Paris au risque d'être entrainé dans un conflit qui ne la concerne en rien et dans lequel elle joue sa réputation de géant économique mondial pacifique aux yeux des africains épris de dignité et de liberté. Il reste cependant quelques doutes sur la conférence de Berlin et ses implications de moyen terme. Deux pays se sont distingués de par l'originalité de leurs positions.
D'une part l'éloquence algérienne qui s'est faites l'interprète sincère d'une solution libyenne à la recherche de son unité perdue auquel a fait écho le silence inhabituel de la seule puissance qui comptait à Berlin, les Etats-Unis d'Amérique. Dans cette question libyenne, Washington possède plusieurs fers au feu sans que l'on puisse encore déterminer de manière définitive lequel serait le bon entre le turc, l'égyptien, l'émirati, le français plombé par la responsabilité de son Etat dans le déclenchement de ce conflit, l'italien voire l'allemand à l'exclusion bien entendu du russe que Washington souhaiterait voir bouter hors de ce pays, ce qui explique en partie une certaine prise de distance avec le Maréchal Haftar.
Dans des situations géopolitiques d'importance relativement mineure de cette nature et alors que les USA sont avant tout concentrés sur l'Iran, la Syrie, l'Irak, la Corée du Nord, la Russie et la Chine, la position américaine sur le plan stratégique est de ne pas ouvrir plusieurs fronts à la fois qui l'obligerait à allonger les lignes logistiques de ses engagements de forte intensité. Elle penchera donc dans cette configuration particulière dans le camp de la coalition qui arrivera à mettre un terme à un point de fixation dont elle ne sent pas l'intérêt immédiat.
Aux manœuvres militaires avec le royaume marocain, qu'elle a préféré annuler pour se consacrer aux priorités du Moyen-Orient et de l'Asie, elle encourage le financement par les saoudiens des forces marocaines en poussant Ryad à soutenir à hauteur de 22 milliards de dollars la modernisation des armées de Rabat, en particulier son aviation, sa défense anti-aérienne et certainement une force sous-marine en gestation. Aussi, il s'agit-là d'une opportunité diplomatique suffisamment rare pour ne pas être exploitée.
La crise régionale sans précèdent que nous vivons, confirme nos élites politiques et militaires dans leur réaffirmation constitutionnelle du principe fécond et sage de non-ingérence dans les affaires d'autrui. La défense nationale relève naturellement des missions de l'ANP alors que dans le contexte d'atomisation sous l'effet de dynamiques d'ingérence structurelles à l'œuvre, le concept de sécurité nationale, plus globalisant, pourrait éventuellement intégrer les missions de la Présidence et du Haut Conseil à la sécurité.
Nous verrions alors se renforcer de manière très significative le déploiement d'une action diplomatique de la crédibilité dissuasive, grâce en filigrane à la puissance de nos armées, comme nous avons pu le constater à la lumière des derniers évènements. Et faire œuvre de grande utilité pour la construction maghrébine à laquelle nous ne pourrons pas échapper et dont il vaut mieux être les initiateurs pragmatiques en commençant par en bâtir ses fondations solides en suivant d'abord la ligne de continuité Alger-Tunis-Tripoli grâce à la solution de continuité d'opportunité historique qui se présente à nous.


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