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Un impératif pour assurer la cohésion sociale, fonction d'une forte croissance
La maîtrise du processus inflationniste en Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 01 - 2024

Comprendre le processus inflationniste en Algérie qui a des incidences sur le pouvoir d'achat et sur la nécessaire cohésion sociale, étant donc un problème sécuritaire, qui a terminé fin 2023 en moyenne entre 9/10% implique, à la fois, de le relier à l'inflation mondiale, aux équilibres macro-économiques et macro- sociaux internes et à la répartition du revenu par couches sociales, l'inflation accentuant les inégalités. Je recense huit facteurs interdépendants qui expliquent le processus inflationniste.
La première raison est l'inflation importée, puisque 85% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%, proviennent de l'extérieur. La sécurité alimentaire mondiale est posée car outre les effets du réchauffement climatique via la pénurie d'eau douce, les prix des produits agricoles connaissent un prix élevé surtout depuis la crise en Ukraine. La crise en mer Noire avec l'augmentation des coûts du transport maritime pourrait accroître les prix des produits importés en 2024.
La deuxième raison est la faiblesse du taux de croissance interne, résultant de la faiblesse de la production et de la productivité, résultante du déséquilibre entre l'offre et la demande, les pénuries entraînant des actions spéculatives, tout en pénalisant pour bon nombre de matières premières les entreprises fonctionnant en sous capacités avec forcément une hausse des prix. Selon le premier Ministère, l'assainissement des entreprises publiques ont coûté au Trésor public, environ 250 milliards de dollars, durant les trente dernières années à fin 2020, dont plus de 90% sont revenues à la case de départ et plus de 65 milliards de dollars de réévaluation, les dix dernières années à fin 2020, faute de maîtrise de la gestion des projets. Malgré des dépenses en devises importantes entre 2000/2023 (sans compter les dépenses en dinars), la croissance a été en moyenne annuelle, de 2/3%, avec une exception pour 2023 avec un taux de 4%, selon le FMI, tiré par la dépense publique, alors qu'elle aurait dû dépasser 9/10%
La troisième raison est l'importance du déficit budgétaire. Pour son équilibre budgétaire selon le FMI et en référence à la loi de finances 2023, l'Algérie a besoin d'un baril de pétrole à près de 140 dollars. Pour la Loi de finances 2024, le montant est certainement plus important, le prix fiscal de 60 dollars étant un artifice comptable. En effet, le projet de Loi des finances (PLF) 2024, publié au journal officiel, prévoit des recettes de 9.105,3 milliards de DA en 2024 et des dépenses de 15.292,74 milliards de DA comme autorisation d'engagement et 15.275,28 milliards de DA comme crédits de paiement avec un déficit budgétaire de -6170 mds de dinars, (près de 46 milliards de dollars), soit -17,4% du produit intérieur brut, (près de 46 milliards de dollars au cours de 137 dinars un dollar) contre des prévisions de la Loi de finances 2023, des recettes de 7.901,9 mds DA (+4) et des dépenses de 13.786,8 mds de DA soit un déficit budgétaire de 4.092,3 mds de DA (-15,9% du PIB), la clôture fin 2023 du déficit budgétaire ayant été de -5526 milliards de dinars (–16,4% du PIB), soit 40 milliards de dollars. La hausse du budget peut, en plus d'autres facteurs, être également expliquée par une évolution des transferts divers et notamment des transferts sociaux qui ont dépassé les 5000 milliards de dollars en 2023 (près de 37 milliards de dollars) et pour 2024, le budget des transferts devrait atteindre 4.078,74 Mrds DA en autorisation d'engagements et 4.146,52 mds DA en crédits de paiement, représentant une part de 27,5 % du total du budget de l'Etat. Mais sans la maitrise de la gestion de la dépense publique, cela peut pouvant induire de vives tensions inflationnistes du fait de la faiblesse de l'offre à moins d'accroitre les importations de biens en les subventionnant, les transferts sociaux globaux ayant dépassé les 5000 milliards de dinars en 2023. L'équilibre budgétaire dépend avant tout des recettes de Sonatrach qui ont été de 60 milliards de dollars en 2022 pour un cours moyen de 106 dollars le baril et 16 dollars le MBTU pour le gaz, avec une moyenne de 80 dollars pour l'année 2023 et 11/12 dollars le MBTU, les recettes devraient se situer entre aux alentours de 50/52 milliards de dollars, pour le profit net devant retirer les coûts et la part des associés.
La quatrième raison est la dépréciation du dinar. Le 3 janvier 2024 selon la cotation de la banque d'Algérie (cotation officielle), l'euro s'échangeait à 147,3100 et le dollar américain à 134,4144. Quant à la cotation sur le marché parallèle, l'euro s'échange à 235,50 dinars à l'achat et 237,50 dinars à la vente , soit un écart de plus de 50%. La dépréciation officielle du dinar permet d'augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures (reconversion des exportations d'hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens, montant accentué par la taxe douanière s'appliquant à la valeur du dinar, supportée, en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité L'accroissement des effets inflationniste, outre l'inflation importée est la non proportionnalité entre la dépense publique et le faible impact, le taux de croissance.
La cinquième raison est l'accroissement de la population algérienne avec des besoins croissants qui a évoluée ainsi :1960 11,27, – 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06 – et au 01 janvier 2024 est de 46.889.856 millions dont 23.664.639 population masculine (50,50% et 23. 225.217 population féminine (49,50%) avec de nouveaux besoins et devant avoir un taux de croissance de 8/9% pour absorber le flux additionnel entre 350.000 à 400.000 demande d'emploi par an, qui s'ajoute au taux de chômage évalué en 2023 par le FMI à environ 14%.
La sixième raison est l'importance du marché informelle qui contrôle plus de 50% de la superficie économique. Les enquêtes sur le terrain montrent que les prix des produits non subventionnées s'alignent sur le cours du dinar sur le marché parallèle amplifiant l'inflation et s'étendant en période de crise (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul Institut Français des relations Internationales IFRI – Paris, décembre 2013, «L'essence de la sphère informelle au Maghreb et les axes directeurs de son insertion», réactualisée revue IMPED stratégie ministère de la Défense nationale MDN octobre 2019). Pour la Banque d'Algérie en 2020, il y avait plus de 6200 milliards de dinars de la masse monétaire en circulation hors banques soit au cours de 137 dinars de l'époque un dollar 45,25 milliards de dollars. Le Président de la république courant 2021 avait dénoncé l'effritement du système d'information et donné un montant variant entre 6000 et 10.000 milliards de dinars. L'annonce de l'ouverture de bureaux de change qui ne date pas d'aujourd'hui puisque les dispositions du règlement n°95-07 du 23 décembre 1995 modifiant et remplaçant le règlement n°92-04 du 2 mars 1992 relatif au contrôle des changes, notamment ses articles 10 à 15, plus de 40 bureaux de change avaient été agréés, aucun n'étant opérationnel, et la promesse du ministre des Finances, (source APS) de l'ouverture fin 2023 n'a pas eu lieu. Sa réussite suppose une démarche progressive, la stabilité juridique et monétaire, la refonte du système financier dont les banques publiques accaparent plus de 85% des crédits octroyés et un écart raisonnable entre l'officiel et le marché parallèle, la valeur d'une monnaie étant fonction du niveau de production et de la productivité, le dinar algérien étant corrélé à plus de 70% aux réserves de change via la rente des hydrocarbures, ne devant jamais oublier que les lois économiques sont insensibles au slogans politiques et que dans la pratique des affaires n'existent pas sentiments.
La septième raison est l'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar qui a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales, dont le taux d'intérêt des banques qu'elles devraient relever de plusieurs points, s'ajustant aux taux d'inflation réel et freinant, à terme, le taux d'investissement à valeur ajoutée. Par ailleurs face à la détérioration de leur pouvoir d'achat, nous assistons à la déthésaurisation des ménages qui mettent des montants importants sur le marché et pour se prémunir contre l'inflation placent leur capital-argent dans l'immobilier, des biens durables à forte demande comme les pièces détachées, facilement stockables l'achat d'or ou de devises fortes. La huitième raison, est la fraude fiscale et la corruption à travers les surfacturations qui se répercutent sur le prix final des biens et accroît le processus inflationniste, la numérisation n'étant qu'un moyen à impacts limités pour le recouvrement sans un véritable système d'information à la base. La directrice générale des Impôts le 04 avril 2023 a fait état de 6000 milliards de dinars d'impôts non recouvrés soit au cours actuel, 44 milliards de dollars. Pour les transferts illicites de capitaux à l'étranger, selon les données du FMI, les entrées en devises entre 2000/2021 sont estimées, approximativement, autour de 1100 milliards de dollars avec une importation de biens et services de plus de 1050 milliards de dollars le solde étant les réserves de change au 31/12/2020 et une surfacturation entre 10% et 15% donnerait un transfert illicite de devises entre 100 et 150 milliards de dollars entre 2000/2020 placés dans l'achat de biens , ou de tierces personnes ayant la nationalité étrangère et dans des paradis fiscaux où il est difficile de les récupérer.
En conclusion, évitons toute vision de sinistrose : l'Algérie a terminé fin 2023 avec des réserves de change à 73 milliards de dollars, un endettement extérieur et 83 milliards de dollars si l'on inclut les 173 tonnes d'or, selon le FMI fin 2023, un endettement extérieur faible, 1.6% par rapport à son PIB, un endettement public soutenable environ 65,3% du PIB. Il s'agira de profiter de ce cadre macro-financier favorable pour réaliser la transition d'une économie de rente (98% des recettes en devises provenant des hydrocarbures avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures à plus de 65%, à une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales. Acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, elle en a toutes les potentialités, au sein d'un monde en perpétuel transformation, sous réserve d'une nouvelle gouvernance au sein d'une planification stratégique.
Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités


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