Le 8 juin 2025, la ville de Mascara a vécu un moment fort de recueillement et de mémoire à l'occasion de la commémoration du 67e anniversaire de l'assassinat du chanteur et militant Ali Maâchi.Au Musée du Moudjahid, une série d'activités culturelles et éducatives a été organisée pour honorer cette figure emblématique de la lutte pour l'indépendance, tombée au champ d'honneur le 8 juin 1958. À travers expositions, projections et ateliers, le public, jeunes et moins jeunes, a été invité à redécouvrir le parcours exceptionnel de cet homme qui a mis sa voix et son art au service de la patrie. En coordination avec la direction des Moudjahidine et des Ayants-droits, les organisateurs ont mis en lumière la double dimension d'Ali Maâchi : artiste talentueux et militant déterminé. Une exposition de brochures, d'archives, de photos rares du martyr entouré de ses musiciens, a permis de raviver les souvenirs d'un parcours aussi lumineux qu'héroïque. Un film documentaire retraçant sa vie a également été projeté, offrant une immersion poignante dans l'univers de celui que l'on surnommait «l'Ambassadeur du Chant». Ali Maâchi naît le 12 août 1927 à Tiaret, à une époque où l'Algérie ploie encore sous le joug colonial. Il commence sa scolarité à l'école primaire d'Aïn El-Kerma mais quitte rapidement les bancs de l'école pour aider son père dans les travaux agricoles. Très tôt, il montre un intérêt marqué pour la musique. En 1949, lors de son service militaire à Bizerte, en Tunisie, il élargit son horizon culturel et fait la rencontre de plusieurs figures artistiques majeures du monde arabe. Ces échanges enrichissent profondément sa vision de la musique, qu'il envisage déjà comme un vecteur de conscience et d'engagement. De retour à Tiaret, Ali Maâchi fonde en 1953 la troupe Safir Ettarab (l'Ambassadeur du Tarab), avec laquelle il sillonne les villes algériennes et les capitales arabes, chantant l'amour de la patrie, l'espoir de liberté et la dignité retrouvée. Ses chansons, comme Angham El Djazaïr, Taht Sama El Djazaïr, Tarik Wahran ou encore El-Ouelf Saib, s'inscrivent dans le genre oranais mais se distinguent par leur tonalité engagée. À travers ses paroles, il exprime les douleurs d'un peuple opprimé, mais aussi sa détermination à se libérer. Avec le déclenchement de la Révolution algérienne le 1er novembre 1954, Ali Maâchi comprend que l'heure n'est plus seulement à la chanson, mais à l'action directe. Lui et plusieurs membres de sa troupe abandonnent leurs instruments pour rejoindre la lutte armée. Certains prennent le maquis, d'autres, comme lui, s'engagent dans les cellules clandestines du FLN. Il devient fidaï, opérant dans la clandestinité à Tiaret. Le 8 juin 1958, il est arrêté par les forces coloniales françaises. Après avoir été torturé, Ali Maâchi est exécuté en public avec ses deux compagnons, Mohamed Djahlène et Djillali Bensotra. Leurs corps sont suspendus par les pieds à un platane sur la place Carnot (aujourd'hui place des Martyrs), en plein centre-ville de Tiaret, exposés à la vue de tous jusqu'au lendemain. Une scène d'horreur destinée à briser les esprits, mais qui au contraire a nourri la révolte et renforcé la détermination du peuple. Soixante-sept ans après, la mémoire d'Ali Maâchi reste vivace. Partout en Algérie, on continue de faire vivre son héritage à travers des commémorations porteuses de sens. Car Ali Maâchi, ce n'est pas seulement un chanteur ou un martyr : c'est le symbole d'un peuple qui a su mêler art, engagement et sacrifice pour reconquérir sa liberté. Son message résonne encore aujourd'hui : celui d'une Algérie libre, fière, et debout.