Concernant l'industrie automobile en Algérie, en conseil des ministres en ce mois de juillet 2025, le président de la République a ordonné au Gouvernement de ne pas renouveler les erreurs du passé. Cette présente contribution où j'étais un des rares observateurs à dénoncer les dérives de ces importations de voitures qui se sont chiffrées entre 2 à 3 milliards de dollars par an, sans impacts sur la dynamisation du tissu industriel, sans compter les délits d'initiés, se propose d'examiner les perspectives de l'industrie de voitures en Algérie face aux nouvelles mutations mondiales de cette filière stratégique. 1.- En 2024, il y aura environ 1,475 milliard de véhicules dans le monde pour 2024, incluant voitures, camions et SUV, hors motos pour une population mondiale d'environ 7,951 milliards d'habitants, représentant environ un véhicule pour cinq personnes. Ci-joint les données de 2024 qui représentent les ventes de véhicules neufs : Chine: 31,4 millions de véhicules – Etats-Unis: 16,3 millions de véhicules – Japon: 4,42 millions -Inde: 4,27 millions de véhicules vendus – Corée du Sud 4,13 millions – Allemagne: 2,81 millions -Brésil: 2,48 millions – Royaume-Uni : 1,95 million – France : 1,70 million – Russie: 1,57 million – Italie : 1,56 million. Toujours pour 2024, pour les voitures en circulation (parc automobile) données différentes, à ne pas confondre avec le nombre total de véhicules immatriculés plus nombreux nous avons : France, 39,3 contre 52 millions – Allemagne : Plus de 48 millions – Royaume-Uni : environ 37 millions d'Italie : environ 40 millions. – Etats-Unis: environ 121 millions – Chine: environ 116 millions- Japon : environ 61 millions -Brésil: environ 33 millions. – Russie : environ 43 millions – Corée du Sud environ 26 millions. Pour l'Algérie, selon l'ONS données reprises par l'APS en 2023, le parc automobile national comptait plus de 6,3 millions de véhicules tous types confondus, ce chiffre devant dépasser les 7 millions d'ici fin 2025, la demande annuelle en véhicules neufs étant estimée entre 600.000 et 700.000 unités. La structure est la suivante – Véhicules de moins de 5 ans : 19,32 % – Véhicules âgés de 5 à 9 ans : 22,08 % – Véhicules âgés de 10 à 14 ans : 17,22 % – Véhicules âgés de 15 à 19 ans : 22,08 % – Véhicules âgés de 20 ans. Ainsi, il ressort de ces données que 80% des voitures en circulation en Algérie sont vieilles de plus de 5 ans ; et près de deux tiers d'entre elles (58%) ont plus de 10 ans d'âge. En outre, seuls 1/5 des véhicules ont moins de 5 ans, et 1/5 ont plus de 20 ans. Il s'agit là d'un effet palpable de la stagnation du marché lors des cinq dernières années. 2.- La situation du marché mondial de voitures est évolutive, ce marché étant un marché oligopolistique, un nombre de producteurs limités face à un nombre croissant de demandeurs, fonction du pouvoir d'achat, des infrastructures et de la possibilité de substitution d'autres modes de transport, notamment le collectif spécifique à chaque pays, selon sa politique de transport. Ce marché a connu depuis la crise d'octobre 2008 d'importants bouleversements. Les fusions se sont succédé aux rachats et aux prises de participation diverses. Nous observons deux tendances opposées qui sont en train de se produire en même temps : la localisation de la production sur certaines zones géographiques et sur certains pays et la délocalisation ; et pour ce qui est de la localisation de la production automobile mondiale, elle se concentre régionalement sur trois zones : l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. De plus, sur chacune d'entre elles, la fabrication est localisée sur certains pays. Ainsi, en Europe, les principaux fabricants sont l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, appartenant tous à l'Union européenne. En Amérique du Nord, la production se concentre majoritairement sur les Etats-Unis, et en Asie. Elle se trouve au Japon et en Corée du Sud. Pour les exportations mondiales d'automobiles, la concentration est encore plus élevée, puisqu'elle est limitée principalement à deux zones : l'Europe et l'Asie. Et que dans un futur proche avec la perte de compétitivité de certains pays au profit de certains pays émergents (Russie, Inde, Chine, Brésil), nous devrions assister à la réorganisation de la production mondiale de véhicules et de toute évidence, les usines qui se maintiendront sur chaque pays seront les plus compétitives, les priorités des dirigeants étant donc : technologie, innovation (robotisation) approche collaborative, meilleures stratégies de succès et environnement. Ainsi, l'industrie de voitures est pleine évolution étant devenue capitalistique, les tours à programmation numérique éliminant les emplois intermédiaires où le nombre d'emplois directs et indirects créés devient marginal. Dans cette conjoncture de restructuration importante de cette filière avec une concurrence vivace et des ententes entre grands groupes pour contrôler des espaces régionaux, il est difficile de trouver de véritables partenaires capables de produire, selon les normes internationales, pour atteindre le seuil de rentabilité, entre 200 000 et 300 000 unités par an, allant avec les actuels restructurations à plus de 400 000 unités/an pour les voitures individuelles et plus de 150 000 par an pour les camions/bus et que pour exporter il faut s'adapter aux nouvelles mutations technologiques mondiales devant favoriser les voitures hybrides ou solaire, sinon c'était à terme la faillite. Il faut donc changer de discours pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Comme ces annonces, pour bientôt une voiture algérienne à 100% qui ne va pas sans rappeler les déclarations fracassantes à la télévision publique ENTV, le 27 août 2009 de l'ancien ministre de l'Industrie suivi par d'autres responsables du gouvernement qui avaient annoncé qu'entre 2009/2014, nous aurons une voiture à 100% algérienne avec des discours changeants, une fois des contrats avec l'Italie Fiat, puis avec l'Iran, puis avec la Chine, puis avec l'Allemagne, puis avec la France, puis avec la Corée du Sud et même avec Ford pour les USA. Aucun pays dans le monde n'a dix à vingt constructeurs c'est une aberration unique dans l'histoire, les USA ou les pays européens et asiatiques entre trois et cinq constructeurs. 3.- Face à ces nouvelles mutations de l'industrie de voitures tenant compte du constat que la majorité de la société algérienne est irriguée par la rente des hydrocarbures dont l'évolution des cours détermine fondamentalement le pouvoir d'achat des Algériens, l'on devra répondre à huit questions reposant sur des études de marché sérieuses, afin d'éviter le gaspillage des ressources financières où en 2024, les importations de véhicules en Algérie ont connu une forte augmentation, atteignant un milliard de dollars pour les véhicules neufs notamment en provenance de l'Italie et ce en dehors des importations de pièces détachées accusant une pénurie qui ont vu une hausse des prix entre 2022 et 2024, selon la gamme , entre 100 et 300% pénalisant les couches moyennes. Pr des Universités Expert international Abderrahmane Mebtoul