C'est une décision rare, audacieuse et hautement symbolique. La Slovénie est devenue, jeudi, le premier pays de l'Union européenne à interdire l'entrée sur son territoire à deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. En cause : leurs propos « génocidaires » et leur rôle actif dans l'incitation à « une violence extrême » contre le peuple palestinien. À travers ce geste, Ljubljana envoie un message clair et sans ambiguïté : ceux qui appellent à l'écrasement des Palestiniens, justifient le nettoyage ethnique et alimentent la politique de colonisation et d'apartheid n'ont pas leur place sur le sol européen. Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, est connu pour sa rhétorique raciste et son soutien affiché aux colons les plus violents. Smotrich, ministre des Finances, se distingue par ses appels à annexer la Cisjordanie et par sa négation explicite du droit des Palestiniens à exister en tant que peuple. Tous deux défendent une idéologie suprémaciste profondément ancrée dans le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Ils sont déjà sanctionnés par plusieurs pays — Australie, Canada, Royaume-Uni, Norvège, Nouvelle-Zélande — mais c'est la première fois qu'un Etat de l'UE va aussi loin. « C'est une mesure inédite dans l'Union européenne », a déclaré la cheffe de la diplomatie slovène, Tanja Fajon, qui appelle ses partenaires à ne plus fermer les yeux. Ce geste s'inscrit dans une prise de position plus large de la Slovénie. En mai dernier, sa présidente, Natasa Pirc Musar, dénonçait ouvertement « le génocide en cours à Gaza » devant le Parlement européen. Quelques semaines plus tard, Ljubljana annonçait la reconnaissance officielle de l'Etat de Palestine. Alors que la majorité des chancelleries européennes continuent de tergiverser, la Slovénie fait preuve de cohérence morale et politique. Face à un génocide perpétré en toute impunité, chaque geste compte.