Il semblerait qu'il y ait eu obstruction au niveau du FBI, car selon les propos de Pam Bondi en février, le bureau du FBI de New York détenait des milliers de pages de documents relatifs à l'enquête et à l'inculpation d'Epstein, ainsi que de très nombreuses vidéos. La Procureure avait alors demandé au FBI de lui remettre le reste des documents avant 8 h le vendredi 28 février et avait exigé du chef du FBI Kash Patel qu'il enquête sur les raisons pour lesquelles la demande de lui remettre tous les documents n'avait pas été satisfaite. On connaît désormais la réponse : ordre venu d'en haut. Donc, c'est très clair, le dossier Epstein est définitivement clos. Tout comme celui de l'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy qui n'a rien dévoilé de plus que ce qui avait été divulgué, malgré les effets d'annonce de Donald Trump. Elon Musk entre dans l'opposition Mais c'est compter sans le pavé jeté dans la mare aux canards par Elon Musk qui joue les cheveux dans la soupe. Le 5 juin dernier, à midi 10', en pleine bagarre contre le président US qu'il avait aidé à entrer au bureau ovale, Elon Musk a publié un tweet qui a ébranlé les fondements de la Maison Blanche : « Il est temps de lâcher la grosse bombe. @realDonaldTrump est dans les fichiers Epstein. C'est la véritable raison pour laquelle ils n'ont pas été rendus publics. Bonne journée DJT ! ». Ce tweet a été vu par 1,9 million de personnes. Il a ajouté dix minutes plus tard dans une publication en-dessous de la première : « Notez ce message pour plus tard. La vérité éclatera. » Elle a été vue par 7,5 millions d'abonnés. Musk a alors diffusé une vidéo montrant Trump et Epstein ensemble lors d'une soirée festive organisée dans la maison de Trump à Mar-a-Lago en Floride, et où Trump commentait les atouts de certaines pom pom girls qui étaient présentes « Elle est chaude, celle-là ! ». Musk a supprimé son tweet quelques jours plus tard en s'excusant, mais tout le monde avait bien enregistré et le tweet et la vidéo qui circulent toujours sur les réseaux sociaux. Pourquoi cette bagarre au sommet de l'Etat entre le président US et l'un des hommes les plus riches du monde, lequel a été l'un de ses plus fervents soutiens ? Une question d'intérêt, bien sûr. En instituant ce qu'il appelle le Big Beautiful Bill, Trump a gravement contrarié les projets de Musk. En effet, celui-ci estime que cette loi est ce qu'il appelle une « abomination répugnante » qui va creuser davantage le déficit fédéral via des réductions de taxes et des dépenses militaires. Mais ce qui contrarie surtout Musk, c'est que Trump supprime les incitations aux véhicules électriques, ce qui nuit bien évidemment à Tesla. Le fait aussi que Trump favorise Peter Thiel, le créateur de Palantir, en faisant de lui l'un des principaux bénéficiaires de ce projet de loi axé sur la régulation fédérale de l'intelligence artificielle aux Etats-Unis et la concentration des pouvoirs financiers dans le secteur technologique, ne plaît pas du tout à Elon Musk. Il y a donc clairement un choc des Titans entre milliardaires au sommet de l'empire. Sauf qu'ils ne sont pas des Titans, mais de vulgaires oligarques qui ont fait fortune avec leur camelote. Suite à cela, Musk a décidé de créer un nouveau parti, l'American Party, ce qui a mené Trump à déclarer qu'il pourrait envisager de nationaliser ou de fermer SpaceX si Musk s'entête dans son opposition. Il est à souligner que ces hommes, qui sont les plus riches du monde et qui représentent le 0.01%, sont tous des néofascistes bon teint, et que les entreprises qu'ils détiennent ont un impact majeur sur l'humanité entière, impact pas vraiment bénéfique. L'American Party d'Elon Musk Si Musk a été très entreprenant en lançant SpaceX et Tesla, il n'a rien inventé en ce qui concerne l'American Party, car celui-ci existe depuis le milieu du XIXe siècle. Parfois appelé « Know Nothing Party », ce mouvement politique américain protestant est apparu dans les années 1850 en réaction à l'arrivée massive d'immigrés européens catholiques, notamment irlandais et allemands. L'idéologie qu'il véhiculait était nationaliste, nativiste et anti-immigration. En effet, les colons américains, anglo-saxons protestants, craignant une perte d'identité nationale et religieuse, se sont ligués contre les nouveaux arrivants en défendant les « natifs ». Le surnom « Know Nothing » provient du fait que lorsqu'on interrogeait ses membres sur leur organisation secrète, ils répondaient « I know nothing » (Je ne sais rien). Petite parenthèse d'importance, les peuples autochtones, les seuls vrais natifs de l'Amérique, n'avaient absolument pas voix au chapitre. Comme tout mouvement réactionnaire, le nativisme du Know Nothing Party réapparaît régulièrement dans l'histoire américaine lors des bouleversements sociaux ou économiques. De nos jours, le discours s'est transformé pour s'adapter à la situation actuelle. Il n'est plus religieux mais culturel avec une tendance affirmée anti-élite, anti-woke et anti-immigration illégale. Ce ne sont plus les partis traditionnels qui le véhiculent mais des milliardaires, des plateformes sociales et des communautés numériques. Et enfin, il recourt à des schémas pointant la décadence, l'invasion étrangère, la perte de grandeur, comme à l'époque du Know Nothing Party. Bref, du MAGA pur jus, mais récupéré par Elon Musk. Les points communs entre le MAGA de Trump et l'American Party de Musk résident dans un nationalisme populiste se référant aux « vraies valeurs américaines » en opposition à une élite cosmopolite corrompue, qui se défie du « système », et en dénonçant « l'Etat profond », la bureaucratie centralisée à Washington, les grands médias diffusant des fake news, et en défendant les éternels oubliés ou méprisés de l'establishment. La référence aux Pères Fondateurs et à la Constitution stricto sensu est également commune aux deux mouvements qui prônent tous deux la liberté individuelle, la liberté d'expression et le port d'armes. Tant Trump que Musk sont deux bêtes des réseaux sociaux, et d'ailleurs leur guéguerre se déroule sur X ex-Twitter pour Musk et sur Truth Social pour Trump, renvoyant les médias traditionnels sur le banc de touche. Les différences entre les deux partis se situent au niveau de l'idéologie, religieuse pour Trump qui s'appuie sur une droite chrétienne évangélique et conservatrice liée au parti républicain. Musk quant à lui, est plus proche d'un mouvement indépendant et techno-libertaire. Trump ne s'intéresse aux grandes technologies que si elles servent le business, alors que Musk est un technocrate libertarien, prônant l'IA (on le voit avec son IA Grok sur X), la conquête spatiale, le bitcoin, etc. Trump veut contrôler l'Etat et s'en emparer, tandis que Musk cherche plutôt à le contourner en le rendant inefficace par rapport au privé, comme on le voit avec Tesla, SpaceX, X, Neuralink, etc. Et enfin, on peut dire que le MAGA porté par Trump est plus traditionnaliste, plus rustre, à l'image de celui qui l'incarne, et apprécié des Rednecks, alors que l'American Party de Musk se veut « futuriste », moderne, néo-réactionnaire, comme son patron et peut plaire à un jeune électorat de droite. En résumé, le nouvel American Party est un cousin idéologique du MAGA avec des racines communes que sont le populisme, le rejet des élites, le nationalisme, mais avec un esthétisme différent : plus technologique, plus libertarien, et moins enraciné dans le christianisme conservateur. Il ne s'agit pas d'un doublon pur et simple, mais d'un rival potentiel pêchant dans les mêmes eaux et visant le même électorat, surtout si Musk décide un jour de soutenir un candidat ou d'en devenir un lui-même. Cette rivalité en devenir a fait dire à Trump le 1er juillet dernier sur son réseau social Truth Social que « Musk sans les subventions américaines, devrait probablement fermer boutique et retourner chez lui en Afrique du Sud », ajoutant que « cela permettrait aux Etats-Unis d'économiser une fortune en cessant de financer les lancements de fusées, les satellites ou la production de voitures électriques de Musk ». Ambiance... La guéguerre Trump-Musk est uniquement une guerre d'intérêts entre milliardaires, car il n'y a pas réellement de divergence idéologique profonde entre eux. C'est aussi une bataille entre deux egos surdimensionnés. Quand Make America Great Again (MAGA) devient Make Israel Great Again (MIGA) Les Américains qui ont voté pour Trump se réveillent et se rendent compte qu'ils ont été floués sur bien des points. Trump avait axé sa campagne électorale sur le projet MAGA et s'est présenté comme l'homme qui apporterait la paix et rendrait à l'Amérique sa grandeur. Il avait promis qu'il assécherait le marais et qu'il divulguerait tout ce qui a été caché pendant des décennies concernant l'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, que le public américain saurait enfin la vérité sur l'affaire Epstein. Le soufflé qui semblait bien doré et bien gonflé pendant la cuisson s'est effondré avec un grand pffffuuut quand on l'a sorti du four en répandant une odeur de fosse septique. On constate que Donald Trump a une façon bien particulière « d'assécher le marais » qui pullule toujours de miasmes dégoûtants. Et du côté de la paix, Trump vient de décider d'envoyer des missiles à longue portée à l'OTAN, susceptibles de toucher le cœur de la Russie. Il a aussi bombardé le Yémen et l'Iran, et il soutient et finance le génocide du peuple palestinien à Gaza. Sans parler de la Syrie qui est tombée aux mains des terroristes d'Al-Qaïda et qui est en proie actuellement à une guerre entre différentes factions, pendant que Damas est bombardée par l'aviation de l'entité nazisioniste d'Israël. Pour la paix promise, on peut dire que c'est raté, et Trump peut d'ores et déjà faire une croix sur le prix Nobel de la Paix qu'il espérait. A suivre