En quelques secondes, un bus bondé a basculé d'un pont vers l'Oued El Harrach, emportant 18 vies et laissant 9 blessés derrière lui. Un drame qui, au-delà des larmes, met à nu les failles béantes de notre système de transport public, entre contrôles techniques laxistes et conducteurs insuffisamment formés. Un après-midi endeuillé. Ce vendredi, la nouvelle a frappé comme un coup de tonnerre : à Alger, un bus de transport en commun a quitté la chaussée, franchi la rambarde d'un pont et terminé sa course dans le lit de l'oued. Dix-huit passagers sont morts (Allah yerhamhoum), neuf autres ont été blessés, dont deux grièvement. La scène, d'une violence inouïe, a figé tout le pays dans la stupeur. Mais derrière la douleur, un constat s'impose : cet accident n'est pas un hasard, c'est le symptôme d'un système défaillant. Contrôle technique : une ligne de défense fragilisée Dans un parc roulant largement vétuste, où la pénurie de pièces détachées et de pneus est devenue structurelle, le contrôle technique est censé jouer le rôle de garde-fou. Pourtant, les faits et témoignages pointent vers un processus parfois réduit à une formalité : lVignettes de conformité délivrées sans inspection minutieuse, lCentres de contrôle rarement audités, lAbsence de traçabilité claire des réparations obligatoires. lQuand la rigueur disparaît, la mécanique devient une menace. lLe facteur humain : quand l'inexpérience devient un danger lL'état du véhicule n'explique pas tout. Le facteur humain pèse lourd dans ce drame : lDes chauffeurs jeunes, parfois immatures, sans réelle expérience de la conduite d'un véhicule lourd, lDes permis de transport en commun délivrés sans formation spécifique lAucune évaluation psychotechnique pour mesurer la capacité à gérer le stress, la fatigue ou les situations d'urgence. l Confier un bus plein de passagers à un conducteur non préparé, c'est accepter que la route décide du sort de dizaines de vies. lUn système à réformer d'urgence lLa catastrophe d'El Harrach n'est pas qu'une tragédie locale, c'est un signal d'alarme national. Deux priorités s'imposent : 1. Rendre le contrôle technique intransigeant et transparent, en contrôlant aussi les contrôleurs, 2. Refondre l'attribution des permis de transport en commun, avec formation théorique, pratique et suivi psychologique obligatoires. Sans réformes fermes et rapides, d'autres villes vivront leur propre après-midi endeuillé, et la route continuera de faucher des vies qui auraient pu être sauvées.