Dans une tribune publiée ce mardi dans le célèbre quotidien britannique The Guardian, Shada Islam, analyste politique basée à Bruxelles et spécialiste des affaires européennes, accuse l'Union européenne d'inaction face au « génocide en cours » à Gaza et dénonce un « racisme structurel » enraciné dans ses politiques. Pour elle, la souffrance palestinienne est réduite à une simple crise humanitaire alors qu'elle résulte d'un choix politique délibéré. Elle rappelle que l'UE est le premier partenaire commercial d'Israël, mais qu'elle refuse d'utiliser les nombreux leviers dont elle dispose : suspension de l'accord d'association, exclusion des programmes de recherche ou sanctions économiques. Les rares propositions en ce sens ont été bloquées par des pays comme l'Allemagne et l'Italie, tandis que les exportations israéliennes vers l'Europe continuaient de croître. Shada Islam souligne le contraste saisissant entre la réaction ferme et immédiate de l'UE face à l'invasion russe de l'Ukraine, et son silence face à la dévastation de Gaza. Selon elle, cette différence illustre un biais colonial et racial persistant, qui déshumanise les Palestiniens comme il déshumanise d'autres populations racisées et migrantes. Elle appelle l'Europe à un véritable examen de conscience. L'UE, qui aime se présenter comme championne du droit international, mine sa propre crédibilité par ses doubles standards. La mise à jour du plan d'action antiracisme de 2020 pourrait être un pas en avant, mais elle exige une volonté politique claire et une reconnaissance des héritages coloniaux qui pèsent encore sur ses choix. Enfin, Shada Islam insiste sur l'urgence : stopper les projets israéliens d'occupation totale de Gaza, permettre l'entrée massive d'aide humanitaire et imposer un cessez-le-feu immédiat. Pour elle, sans remise en cause de son racisme structurel, l'Europe restera complice de l'oppression du peuple palestinien.