Les autorités locales à pied d'œuvre pour une rentrée scolaire dans les meilleures conditions    IATF 2025 en Algérie, catalyseur de la Zone de libre-échange africaine    Industrie pharmaceutique: plusieurs conventions attendues à l'IATF-2025 à Alger    Ligue 1 Mobilis: le derby USM Alger-MC Alger se termine sans vainqueur    Décès de Jaâfar Yefsah, l'une des figures marquantes du sport algérien    Le bilan grimpe à plus de 800 morts    La poursuite du génocide sioniste exige une évaluation internationale des efforts déployés    Le Premier ministre par intérim préside l'ouverture des travaux de la réunion de coordination avec les walis de la République    Vague de chaleur et pluies orageuses dans plusieurs wilayas du pays lundi et mardi    Manifestation massive en Argentine dénonçant le génocide sioniste à Ghaza    Rentrée scolaire: le secteur de la solidarité a pris toutes les dispositions nécessaires    Italie: manifestation pour Ghaza avec plusieurs milliers de personnes en marge de la Mostra à Venise    L'opération militaire sioniste à Ghaza compliquera l'acheminement de l'aide    Des colons israéliens envahissent la mosquée Al-Aqsa sous protection policière    ONU : Les Etats-Unis refusent le visa pour des responsables palestiniens    L'Algérie a besoin d'une nouvelle reconfiguration institutionnelle, ministérielle et territoriale    Volley (U16) : L'Algérie décroche la qualification au Mondial 2026    Espagne : Les joueurs Carvajal et Rodri de retour avec la sélection    Ligue 1 (2e journée) Ça ne démarre pas très fort...    Dispositions relatives à l'ouverture de la session parlementaire ordinaire : Nasri préside une réunion du Bureau du Conseil de la nation élargi    Sommet mondial de la jeunesse 2025 à Kazan: Hidaoui rencontre son homologue de la République du Tatarstan    M. Baddari supervise le lancement d'un projet de fabrication d'un moteur à hydrogène vert (ministère)    Hautes vagues et vents forts sur plusieurs villes côtières étaient prévues ce dimanche    Mission hautement accomplie par les soldats du feu !    Une secousse tellurique de 4 degrés enregistrée    Renforcer le rôle des agences de promotion de l'investissement dans la concrétisation de la ZLECAf    Le caftan algérien mis à l'honneur    Que vaut vraiment James de Percival Everet ?    Ambiance festive    Basket / Championnat arabe féminin des clubs : l'Algérie représentée par l'équipe Cosider en Arabie saoudite    Hidaoui rencontre le président du Forum de la jeunesse de l'OCI    Foot / Ligue 1 Mobilis : l'USM Khenchela l'emporte (2-1) à Chlef et s'empare seul de la 3e place    Début à Alger des travaux de l'université d'été des associations à caractère culturel    Lancement du Festival culturel et artistique "L'été de Mascara"    Le président de la République met fin aux fonctions de Nadir Larbaoui et nomme Sifi Ghrieb Premier ministre par intérim    Saïd Chanegriha reçoit en audience le Chef d'Etat-major des Forces terrestres indiennes    Programme du mercredi 27 août 2025    La Fifa organise un séminaire à Alger    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Que vaut vraiment James de Percival Everet ?
Prix Pulitzer 2025 ?
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 08 - 2025

James est curieux, avide d'apprendre. Amoureux des mots, philosophe à ses heures perdues, James est surtout un esclave.
Capable de lire et d'écrire, il se démarque – mais jamais en présence d'un Blanc, jamais lorsque ses connaissances pourraient lui porter préjudice.
Il prétend être simplet, avoir peur de tout, ne rien comprendre à rien. Ce n'est qu'en maintenant cette illusion sordide qu'il peut se protéger, protéger sa famille. Mais lorsqu'il entend qu'il est sur le point d'être vendu à un homme de La Nouvelle-Orléans, séparé à jamais de sa femme et de sa fille, il décide de s'enfuir.
J'éprouvais autant de peur que de colère, mais vers où diriger sa colère quand on est esclave ? Nous pouvions être en colère les uns contre les autres ; nous étions humains. Mais la vraie source de notre rage devait rester sans adresse, être ravalée, réprimée. Ils allaient déchirer ma famille et m'envoyer à La Nouvelle-Orléans où je serais encore plus loin de la liberté, et je ne reverrais sans doute jamais les miens.
Déterminé, James compte réussir à gagner assez d'argent pour racheter la liberté de sa famille. Or, ce qu'il ne sait pas au moment de fuir, c'est que le petit Huckleberry Finn – oui, lui-même – a simulé sa propre mort, afin d'échapper à son père violent. La synchronicité de ces deux actes – la fuite de l'un et la « mort » de l'autre – met James en grand danger.
Il le sait : les Blancs penseront qu'il a assassiné le gamin, que ses mains d'esclave sont à l'origine de cette tragédie. Un choix s'impose à lui : accepter la présence de Huck, pour tenter de survivre à deux. Mais là où l'enfant voit le début d'une aventure digne de ses plus grands héros, James est conscient que sa vie est en danger à chaque kilomètre qu'il parcourt. Commence alors un périple sur le fleuve Mississippi vers les Etats libres du Nord…
Parmi les différentes critiques envers le racisme et l'horreur de l'esclavagisme, Percival Everet joue sur l'utilisation du langage. Les « r » sont avalés, des « là » ponctuent la fin des phrases... le tout, pour constituer des phrases qui n'éveillent pas les soupçons. « Les Blancs s'attendent à ce que nos paroles sonnent d'une certaine façon et, forcément, mieux vaut ne pas les décevoir. Quand ils se sentent inférieurs, nous sommes les seuls à souffrir. Peut-être devrais-je dire "quand ils ne se sentent pas supérieurs". »
Ce qui aurait pu être une simple réinterprétation des écrits de Mark Twain est en réalité une critique féroce du racisme, de l'esclavage et des inégalités systémiques, portée par une plume mordante.
Ici, Huck n'est qu'un personnage secondaire, tandis que Jim – devenu James – est au centre de tout. Ses pensées, ses émotions, ses états d'âme constituent la matière première de cette histoire. Observateur et perspicace, James est conscient de son statut : il n'est considéré que comme une simple propriété, qui n'a jamais son mot à dire. L'absurdité et la cruauté du monde dans lequel il vit ponctuent son quotidien. Loin du portrait simpliste de Jim dans le roman original, notre protagoniste est un personnage complexe et résilient qui se réapproprie sa propre histoire. Mieux : qui tente de l'écrire, de lui donner forme et chair, armé d'un crayon. Il comprend mieux que personne le poids des mots, l'impact du savoir.
« En cet instant, le pouvoir de la lecture m'apparut clairement, dans toute sa réalité. Si je voyais les mots, alors personne ne pouvait contrôler ces mots ni ce que j'en retirais. On ne pouvait même pas savoir si je les voyais seulement ou si je les lisais, si je me contentais de les déchiffrer ou si je les comprenais dans leur globalité. C'était une pratique absolument intime, absolument libre et, par conséquent, absolument subversive. »
Ce récit, élégamment traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut, est tout bonnement saisissant. Un incontournable de cette rentrée littéraire, à n'en pas douter...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.