Assassinée par l'armée israélienne en janvier 2024, Hind Rajab, 6 ans, est restée enfermée des heures dans une voiture entourée des corps de sa famille, implorant au téléphone les secours qui n'arriveront jamais. Les ambulanciers du Croissant-Rouge, venus pour la sauver, ont eux aussi été exécutés par les forces israéliennes. Son martyre, devenu symbole du génocide à Gaza, résonne aujourd'hui sur les écrans de la Mostra de Venise avec le film choc The Voice of Hind Rajab. La 82e Mostra de Venise a été secouée par « The Voice of Hind Rajab », le film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania qui redonne vie au cri d'une fillette tuée à Gaza en janvier 2024. Soutenu par Joaquin Phoenix, Rooney Mara et Brad Pitt, le long-métrage retrace les derniers instants de la petite Hind, 6 ans, dont les appels à l'aide, restés sans réponse, avaient bouleversé le monde. La projection a été un moment historique : plus de 23 minutes d'ovation debout, rythmées par des larmes, des chants de « Free, Free Palestine » et des drapeaux palestiniens brandis dans la salle. Jamais Venise n'avait vibré avec une telle intensité politique et émotionnelle. Le film, centré sur les enregistrements du Croissant-Rouge palestinien, montre comment les secouristes ont tenté pendant des heures de rassurer Hind alors qu'elle était piégée dans la voiture où sa tante, son oncle et ses cousins venaient d'être tués par le feu israélien. En conférence de presse, l'actrice palestinienne Saja Kilani a livré une déclaration poignante : « Sa voix est celle de dizaines de milliers d'enfants tués au cours des deux dernières années. La voix de tous ceux qui auraient dû vivre et rêver, mais à qui on a tout arraché en un claquement de doigts. » Elle a conclu par un appel solennel : « Assez. Pas un jour, pas demain, maintenant. » Très émue, Kaouther Ben Hania a expliqué sa démarche : « Lorsque j'ai entendu pour la première fois la voix d'Hind Rajab, il y avait quelque chose de plus que sa voix. C'était la voix de Gaza qui appelait à l'aide, et personne ne pouvait entrer. » Après son passage remarqué à Venise, où il brigue le Lion d'or, The Voice of Hind Rajab s'apprête à voyager de festival en festival — de Toronto à Londres, en passant par Saint-Sébastien et Busan — avant de représenter officiellement la Tunisie aux Oscars. En donnant un visage et une voix à Hind Rajab, Kaouther Ben Hania rappelle l'essentiel : derrière les chiffres effroyables, ce sont des vies d'enfants qui sont systématiquement détruites. Son film arrive dans un moment où le mot « génocide » n'est plus seulement une accusation militante, mais un constat repris par de nombreux juristes, institutions et personnalités. La voix d'Hind, réanimée à l'écran, témoigne de l'horreur d'une politique d'extermination qui vise à effacer un peuple de sa terre. En résonnant à Venise, elle brise le mur du silence et place le cinéma face à sa responsabilité : celle de dire l'indicible et de nommer le crime.