« La population de Ghaza souffre, alors que l'aide vitale de l'UNRWA – nourriture, médicaments, abris, produits d'hygiène – est bloquée. Nous sommes capables de livrer à grande échelle, dans toute la bande de Ghaza. Les besoins sont immenses ». Depuis la mi-août, plus de 76.000 Palestiniens ont pris la route de l'exode, selon le bureau onusien des affaires humanitaires. La majorité d'entre eux sont issus des environs de la ville de Ghaza, dans le nord, où l'armée d'occupation israélienne est sur le point de lancer une invasion à grande échelle. Le génocide ne connaît aucune trêve, pas plus que la famine qui se propage sur le territoire. Alors que l'occupant s'apprête à mettre à exécution son plan de conquête de la principale ville de l'enclave, l'ONU alerte sur un bilan humain qui s'aggrave de jour en jour. La plupart ont fui vers le sud de l'enclave, où les opérations militaires se poursuivent également, et vers les zones côtières déjà hérissées de tentes de la ville de Ghaza. Dans ces dernières, la surpopulation a forcé certains déplacés à reprendre la route, parfois vers le nord, en direction de zones pourtant soumises à des ordres d'évacuations israéliens. Parallèlement, les bombardements et opérations terrestres se poursuivent sur l'ensemble du territoire palestinien. Dans ce chaos, la faim tue chaque jour un peu plus. Depuis la reconnaissance officielle par l'ONU de l'état de famine dans le nord de Gaza, le 22 août, des décès liés à la famine continuent d'être rapportés par les autorités de santé locales. Ceux qui se trouvent dans l'incapacité d'aller chercher de l'aide personnes handicapées, familles sans adultes valides ou entièrement composées de femmes sont les premiers menacés. Pour leur porter secours, le Programme alimentaire mondial (PAM) a repris les distributions de bons d'achat numériques, suspendues depuis plusieurs mois, auprès de plus de 22 000 personnes. Parallèlement, les convois humanitaires continuent de se heurter aux blocages israéliens aux points d'entrée vers l'enclave. «Seul un cessez-le-feu permettra de réunir les conditions nécessaires à une réponse massive », a insisté mardi Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, lors d'un point de presse. Au cours de la précédente trêve, a-t-il rappelé, l'aide avait pu atteindre « quasiment chaque habitant de la bande de Ghaza ». Les blocages ne se limitent pas aux portes de Ghaza. Entre vendredi et lundi, 12 des 37 opérations humanitaires coordonnées par l'OCHA avec les autorités occupantes israéliennes à l'intérieur du territoire ont été entravées ou interdites. Les inspections de marchandises rigoureuses menées au port de la Palestine occupée d'Ashdod ralentissent également le dédouanement de l'aide, aggravant la pénurie de nourriture. À la détresse alimentaire s'ajoute un désastre éducatif. « Gaza est en ruines. Son système éducatif aussi », a dénoncé Philippe Lazzarini, le chef de l'UNRWA, sur les réseaux sociaux. À l'heure de la rentrée des classes, la majorité des écoles et infrastructures scolaires ont été détruites ou gravement endommagées. « Aujourd'hui, au lieu de retourner en classe comme la plupart des enfants du monde, environ 660 000 filles et garçons de Ghaza fouillent les décombres, désespérés, affamés, traumatisés et le plus souvent endeuillés». Lazzarini a mis en garde contre le risque d'une « génération perdue», livrée à la haine et à la violence si le génocide se prolonge. « Un cessez-le-feu est la seule voie possible pour inverser la famine et mettre fin au (scolasticide) qui frappe les enfants de Ghaza ». Le chef de l'UNRWA a résumé la situation en ces termes : « Plus nous attendons, plus les gens mourront ».