Le Qatar a dénoncé une atteinte à son rôle de médiateur, tandis que l'occupant sioniste affirme avoir visé les « cerveaux du terrorisme». L'attaque a balayé les murs d'un complexe résidentiel de la capitale qatari, où des cadres du Hamas étaient en train d'évaluer la dernière proposition américaine de cessez-le-feu à Ghaza et de libération de prisonniers. « Elle s'est produite sur le sol d'un médiateur central », s'est indigné le Premier ministre du pays, Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, venu en personne réclamer justice au Conseil. La frappe israélienne qui a visé mardi un quartier de Doha, tuant six personnes, a suscité jeudi la condamnation de l'ensemble des membres du Conseil de sécurité. «C'est une violation de la souveraineté d'un Etat membre des Nations unies. Israël, mené par des extrémistes assoiffés de sang, est allé au-delà de toute limite », a-t-il lancé, rappelant que l'Emirat, qui est le principal théâtre des négociations entre l'occupant sioniste et le Hamas, avait contribué à la libération de 148 otages israéliens. Pour le dirigeant, frapper Doha, alors même que des pourparlers étaient en cours, révèle « l'intention d'Israël : saboter toute perspective de paix ». Le Conseil condamne Entre ces deux positions irréconciliables, le Conseil a affiché une condamnation unanime de l'occupant sioniste. Dans un rare élan d'unité, ses quinze membres ont publié une déclaration, quelques instants avant la réunion, dénonçant les frappes israéliennes et réaffirmant leur soutien à la souveraineté du Qatar. « Cette frappe ouvre potentiellement un nouveau et périlleux chapitre dans ce conflit dévastateur », a surenchéri Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l'ONU, à l'entame de la réunion d'urgence, qui était convoquée à l'initiative de l'Algérie. Le représentant de cette dernière a accusé Israël d'agir « comme si les frontières n'étaient qu'illusions », entraînant au passage « la région et le monde vers l'abîme ». Son homologue russe a rappelé que le raid israélien avait frappé en pleine après-midi un quartier fréquenté regorgeant d'écoles et de jardins d'enfants, à 600 mètres des locaux diplomatiques de Moscou. Une « impunité totale » uniquement possible, selon lui, « grâce à la couverture diplomatique offerte par Washington ». La France a également condamné des frappes « inacceptables, quel qu'en soit le motif », tout en appelant Israël à mettre fin à l'« état de guerre permanent à Ghaza ». Même les Etats-Unis, habituel bouclier intergouvernemental d'Israël, ont haussé le ton : « Des frappes unilatérales sur le territoire du Qatar ne servent ni les objectifs d'Israël ni ceux de l'Amérique », a reconnu leur ambassadrice, Dorothy Shea, tout en réaffirmant qu'« éliminer le Hamas... est un objectif légitime». La voie pour la paix violée Comme souvent, à l'ONU, c'est la voie de la paix que l'organisation a souhaité mettre en premier lieu en avant. « Concluez un accord. Libérez les otages. Mettez fin aux souffrances du peuple de Ghaza », a exhorté Rosemary DiCarlo, en une supplique presque désespérée. Mais entre le Qatar qui dénonce une diplomatie torpillée et Israël qui promet de traquer ses ennemis dans chaque recoin du monde, l'espace pour une médiation paraît plus étroit que jamais.