La prolifération du marché informel de tout genre a réellement pris des proportions inquiétantes à Annaba et dans les régions avoisinantes. Or, depuis le mois de Ramadhan, la situation est devenue incontrôlable au chef-lieu de la wilaya, laissant libre champ à ces milliers de personnes qui activent dans le créneau de diverses formes de commerce clandestin. En effet, la ville a perdu, désormais, son charme avec ses centaines de charrettes de fruits et légumes comme aussi la vente à même le sol, des produits cosmétiques, vêtements, chaussures et produits agro-alimentaires où ces activités clandestines qui échappent entièrement au Fisc, sans supporter des charges, envahissent le centre-ville de Annaba et portent un réel préjudice aux commerçants légalement constitués en leur livrant une déloyale concurrence, constate-t-on. Choquant au début, les magasins étalant la friperie sont d'ores et déjà entrés dans les mœurs des consommateurs algériens. A Annaba, c'est devenue désormais un gain très rapide et un marché incontrôlable dispersé à travers plusieurs zones de la ville, à savoir sur les avenues d'El Hattab, dans la cité de la Plaine ouest, sur le rond pont de la rue Gambetta et ailleurs. Des jeunes et moins jeunes ont pris d'assaut ces lieux pour écouler leurs marchandises dans les rues, bloquant ainsi toute circulation aux piétons et aux automobilistes qui trouvent une grande difficulté à rouler au centre-ville. Le marché est inondé de fringues de toutes sortes, jeans, tee-shirt, shorts, robes et chaussures. Vendeurs et clients y trouvent, en effet, leur compte pour lequel ce marché de la friperie connaît réellement son plein essor et continue d'imposer, vu ses prix très bas, parfois une rude concurrence à l'industrie nationale de textile et aux importateurs de prêt-à-porter. Etant ainsi libéralisé pour des milliers d'acheteurs issus majoritairement de milieux pauvres, il n'a pas fallu cependant beaucoup de temps pour constater une vraie ruée de personnes qui envahissent les rues de la wilaya de Annaba. Dans ce volet, il faut savoir que le marché informel qui déstabilise l'économie du pays dont la friperie constitue notamment un business lucratif surtout pour les pays occidentaux, ceux qui déversent leurs stocks sur le continent africain tout en rapatriant des milliards de dollars au profit de l'Europe, l'Asie et l'Amérique. L'origine de ces vêtements qui sont des dons de particuliers ou des invendus de plusieurs magasins étrangers destinés à la Croix-rouge et aux associations d'aide aux nécessiteux. Ils sont distribués ou vendus selon les cas. Les fonds récoltés suite à la vente sont reversés aux hôpitaux et institutions humanitaires. Effectivement, ce sont ces dons européens qui sont détournés vers les pays sous- développés. Sétif, Tébessa et Constantine abritent d'ailleurs l'un des plus grands marchés de gros spécialisé dans la friperie par contenaires et ballots, ils sont vendus au plus offrant après avoir été triés en trois choix selon la qualité et l'état des vêtements. A noter que le commerce informel, dont la friperie, est devenu une activité commerciale très rentable et pratiquée par des grands commerçants qui ont, à leur tour, constitué un réseau très important bien maîtrisé, des points de vente de gros et de détail dans chaque région du pays. Or, depuis quelques années la ville de Annaba fait face à une situation sociale des plus aigues due principalement à un double exode rural qui s'est repercuté sur le visage de la région en lui offrant un tableau de précarité immense. De leur côté, les enfants issus des déperditions du système scolaire s'enfoncent dans l'activité de vente de petits pain devant les marchés de la ville, la vente des boissons gazeuses et des produits alimentaires devant les magasins les plus mouvementés de la localité. Plusieurs autres jeunes vendeurs étalent sur des tables des produits de détergents et de nettoyage, tous types confondus, à des prix abordables pour les bourses moyennes alors que, pas très loin, à quelques pas de marche, d'autres vendeurs en noir proposent plusieurs sortes de parfums féminins contrefaits de grandes marques même à des prix allant jusqu'au 3.000 DA. Bref, le marché informel est devenu de nos jours la seule source et l'unique gagne-pain pour des milliers de familles pauvres de la région.