M. Emmanuel Macron, Président de la République française, a donné lundi dernier un discours, très attendu, aux Nations Unies, afin de reconnaître officiellement l'Etat de Palestine. Un choix amplement critiqué en Israël. « Nous reconnaissons aujourd'hui la Palestine, car la paix ne peut se construire que sur deux Etats vivant côte à côte, en sécurité », a déclaré le président français, sous les applaudissements d'une partie de l'hémicycle. Cette reconnaissance, réclamée de longue date par plusieurs ONG et formations politiques, marque un tournant : jusqu'ici, la France se contentait de défendre l'idée d'un Etat palestinien sans franchir le Rubicon diplomatique. La position française sur le conflit israélo-palestinien s'est construite au fil de l'histoire et des présidences successives, entre fidélité à Israël et ouverture au monde arabe. Dès 1949, Paris fut l'un des premiers pays à reconnaître officiellement l'Etat d'Israël, marquant son attachement à la sécurité du jeune Etat hébreu. Mais le ton change en 1967, lorsque le général de Gaulle, après la guerre des Six Jours, critique sévèrement la politique d'occupation israélienne et prône une diplomatie plus équilibrée à l'égard des pays arabes. Depuis, chaque président français a défendu, avec plus ou moins de vigueur, la solution dite des "deux Etats", affirmant le droit d'Israël à vivre en sécurité mais aussi celui des Palestiniens à disposer d'un Etat souverain. François Mitterrand fut le premier à prononcer le mot "Palestine" devant la Knesset en 1982, Jacques Chirac incarna une ligne indépendante face aux Etats-Unis et à Israël dans les années 1990 et 2000, tandis que Nicolas Sarkozy et François Hollande ont maintenu une politique d'équilibre sans franchir le pas de la reconnaissance formelle. Emmanuel Macron, en officialisant cette reconnaissance, s'inscrit donc dans une continuité historique, mais il devient le premier président à transformer les paroles en acte diplomatique concret.