En France, ces dernières années le peuple fait l'objet d'un véritable procès pour «crime de lèse-majesté informationnel», accusé de complotisme, pour s'être affranchi du discours médiatique dominant propagé d'ordinaire sans rencontrer de scepticisme, de doute, de résistance. À plus forte raison dans une conjoncture où l'Etat n'est plus qu'un instrument dominé par les entreprises multinationales. En effet, en France comme dans tous les pays, actuellement l'Etat règne sans gouverner. Transformé en succursale sécuritaire du grand capital, il est réduit à gérer exclusivement la répression policière et à généraliser la tyrannie des interdits. Désormais, entre le gouvernement Macron – chapeauté par le grand capital – et le peuple français, il n'y a qu'un mince cordon de CRS qui assure la vacillante gouvernance à coups de LBD, véritables armes de guerre destinées à rappeler au peuple le caractère policier et militaire de la démocratie totalitaire à la française instaurée depuis l'élection de Macron. Jeter l'opprobre sur le peuple en pleine contre-offensive informationnelle et résistance politique est l'apanage des classes régnantes en sursis, condamnées par l'Histoire. De manière générale, la désinformation consiste à fabriquer délibérément une communication falsifiée, via les supports médiatiques stipendiés, relayée avec une mise en scène spectaculaire pour lui imprimer une dimension émotionnelle effrayante propre à anesthésier toute réflexion au sein de la population tétanisée. Tel est le climat médiatique actuel dominé par la propagation du virus de la peur, la diffusion d'informations virales réduites à leurs banales expressions politiquement amplifiées et falsifiées. Dans une société divisée et hiérarchisée, fondée sur l'exploitation et l'oppression de la majorité de la population laborieuse asservie, la désinformation fait partie intégrante d'une stratégie de guerre menée par les classes possédantes, aussi bien contre l'ennemi extérieur (puissance étrangère rivale) qu'intérieur, la classe opprimée, autrement dit le prolétariat menaçant. Globalement, sous le capitalisme, notamment en France, pour régner la classe dominante dispose du monopole des armes à feu, mais également de celui des « armes à faux », ces fabriques de l'information manipulatoire. Si les premières visent à neutraliser le corps social en révolte, les secondes ciblent en permanence, par la mobilisation des mass médias aux ordres, le cerveau de la population, pilonné à coups de propagandes informationnelles paralysantes et anesthésiantes. Cette arme-à-faux propagandiste, médiatique, officielle est d'autant plus persuasive et convaincante qu'elle émane de sources « autorisées étatiques légitimes », censées incarnées la vérité officielle incontestée. En France, le pouvoir macronien a sombré à tel point dans l'obscurantisme qu'il a éprouvé le besoin d'instituer, au lendemain des mouvements anti-pass et antivax, en 2022, une Commission intitulée « les Lumières à l'ère numérique », en vue probablement de redonner de l'éclat à sa gouvernance ternie par l'imposture et gouvernée par l'opacité. Cette opacité est incarnée actuellement par l'occulte Conseil de défense, véritable cabinet noir au sein duquel siègent de ténébreux ministres et généraux animés de sombres projets, à observer l'interdiction faite aux membres de divulguer quelque information relative aux délibérations soumises au secret défense. En effet, selon l'Elysée, cette commission a été chargée de « mesurer les dangers du numérique sur la cohésion nationale et nos institutions afin de mieux y faire face». La vérité surgit toujours de l'obscurité dans laquelle les puissants s'efforcent malaisément de la cantonner pour lui éviter d'éclater au jour. En quelques petits mots, le gouvernement Macron a dévoilé l'objectif de cette commission : protéger la cohésion nationale et les institutions des dangers... de la dissidence, de la contestation, de la subversion, de l'insurrection, toutes entrées en activité volcanique dans une éruption sociale subversive, ces dernières années. À la vérité, cette commission, tout comme d'autres structures similaires créées récemment, n'a aucune vocation pédagogique. C'est un instrument inquisitorial destiné à l'endiguement du déferlement des vagues de dissidence enregistrées sur tous les fronts de la vie sociale, notamment médiatique. Pour ce faire, cet organe d'Etat de contrôle de la pensée a pour mission de préparer « des propositions complètes dans le champ de l'éducation, de la régulation de la lutte contre les diffuseurs de la désinformation en ligne ». En résumé, cette commission a pour dessein de proposer des pistes de réflexion pour converger vers les réflexions pistées, autrement dit au contrôle de la pensée, à la pensée contrôlée. Officiellement, cette instance de moralisation des esprits est donc chargée de débusquer les « fausses informations » circulant sur Internet et de faire des propositions au gouvernement pour lutter contre le « complotisme ». Pour cette Commission, entité inquisitoriale composée de « scientifiques », la science acquiert sa véracité et conquiert sa validité exclusivement de l'Etat, autrement dit du gouvernement Macron, le tout puissant omniscient et omnipotent président jupitérien, qui n'est pas un simple Dieu, mais le roi des dieux en matière de gouvernance et de connaissance. À cet effet, l'Ayatollah Macron en voie de radicalisation, fanatiquement mobilisé dans une opération d'éradication de toute pensée politique hérétique et projet social alternatif jugé sacrilège, pour protéger son tyrannique régime militaro-sécuritaire vacillant, a fixé quatre objectifs à ses pasdarans, ces Gardiens de la République bourgeoise laïque et impérialiste française, en charge de la défense de l'orthodoxie économique libérale chaotique. Le premier vise à « définir un consensus scientifique [...] sur l'impact d'Internet dans nos vies ». Le second consiste à « formuler des propositions » touchant à la fois à l'éducation, à la prévention, à la régulation et à la judiciarisation des « entrepreneurs de haine » en ligne (entendre : haine antisystème, qu'il faut donc museler. Car la haine raciste, notamment anti-arabe et antimusulmane actuellement virulente, n'est nullement visée. Aussi continuera-t-elle à être diffusée librement sur les chaînes de télévision et les ondes des radios françaises). Troisième objectif, « proposer de nouveaux espaces communs » en ligne promouvant « la démocratie », « la citoyenneté » et le « collectif ». Enfin, la commission devra « développer une analyse historique et géopolitique » des menaces internationales auxquelles la France est aujourd'hui exposée sur Internet. D'aucuns, non sans ironie, l'ont baptisé « ministère de la Vérité », en référence au chef-œuvre 1984 rédigé par le romancier George Orwell. Car, sous couvert de lutter contre le complotisme, l'objectif de la commission consiste à imposer La Vérité Officielle conçue par les élites politiques, médiatiques et intellectuelles d'obédience macronienne, c'est-à-dire la Macronie bourgeoise, cette religion du capital qui ne souffre aucun schisme politique, hérésie économique, hétérodoxie scientifique, dissidence informationnelle (taxée de complotisme). De fait, cela revient à considérer la population française comme une masse inculte ayant besoin d'être éclairée par un aéropage d'esprits « cultivés » triés sur le volet par le brillantissime pouvoir macronien, renommé pour être composé par d'éminents intellectuels mondialement reconnus pour leur érudition encyclopédique et leur indépendance d'esprit. Globalement, cette instance épistémologique moralisatrice est chargée de départager le vrai du faux, autrement dit de dicter sa vérité scientifique et informationnelle fondée sur l'indiscuté et indiscutable paradigme gouvernemental réputé pour son éthique en politique (cette science des mœurs œuvrant à l'adoucissement des comportements et à la perfection des conduites humaines, en d'autres termes à la chloroformisation des consciences) et pour sa morale économique philanthropique (œuvrant, comme tout le monde le sait, pour le bonheur de l'humanité, les 1% de la population mondiale, ces Elus de Dieu-capital). Curieusement, ce soudain intérêt pédagogique (idéologique) des puissants d'éclairer les populations, censément perverties par les réseaux sociaux complotistes, se manifeste également parmi les dirigeants des plateformes, notamment Facebook, YouTube, Twitter, désireux également d'orienter et encadrer les débats scientifiques et politiques dans une perspective méthodologique officiellement garantie par les seules autorités gouvernementales. (A suivre…)