En matière de protection des terres agricoles, le Président Abdelmadjid Tebboune a pris, lors de la réunion du Conseil des ministres qu'il a présidée ce dimanche, une décision radicale qui marque la rupture avec une pratique passée incompatible avec l'impératif de la sécurité alimentaire. En effet, selon le communiqué du Conseil des ministres, concernant un projet de Décret exécutif portant annulation du classement de parcelles de terres agricoles, le président de la République a refusé que des terres agricoles soient détournées de leur vocation initiale pour la création de projets publics, instruisant le Gouvernement d'adopter d'autres mécanismes pour trouver des assiettes foncières susceptibles d'accueillir ces projets, les terres devant être non arables. Une terre non arable est définie comme un terrain qui ne convient pas à la culture de plantes agricoles en raison de limitations naturelles comme la forte pente, la présence de roches, l'érosion, les inondations ou le manque de profondeur, ou bien à cause de contraintes économiques ou d'activités humaines. C'est là qu'il faut mettre le béton pour construire les logements et les équipements publics et non pas sur les meilleures terres et, pire encore, sur là où se trouvent également de bonnes disponibilités en eau pour l'irrigation et de bonnes conditions météorologiques pour l'apport en pluies, facteurs favorables à la production agricole. Ainsi, par le passé des exploitations agricoles qui donnaient de bons résultats avaient été amputées d'une partie du verger ou de parcelles cultivées pour des projets publics qui vont de la construction d'une usine ou de logements au simple élargissement d'un trottoir dans un petit village. Les exploitants étaient rarement indemnisés puisqu'il s'agissait de terres publiques qui leur avaient été concédées pour la mise en valeur et la production agricole. La voix de la raison l'a emporté et le Président Tebboune l'a dictée: les assiettes foncières pour accueillir les projets publics doivent être prises sur les terres non arables, c'est-à-dire non productives au plan agricole. En mars dernier, en inaugurant l'usine de dessalement de l'eau de mer ''Fouka 2'' dans la wilaya de Tipasa qui contribue à renforcer les capacités d'approvisionnement en eau potable au profit des habitants des wilayas de Tipasa, Alger et Blida, le Président Tebboune avait assuré que les terres agricoles fertiles avaient été préservées dans la réalisation de ce projet suivant une approche «permettant de répondre aux besoins des citoyens en eau potable sans toucher aux terres agricoles». L'ordre du jour du Conseil des ministres comprenait également l'examen et le débat du projet de loi de Finances (PLF) 2026, deux projets de loi portant institution de la médaille de l'Armée nationale populaire (ANP) et de médailles militaires. La réunion du Conseil des ministres a été entamée par la présentation par le Premier ministre du bilan de l'activité du Gouvernement lors des deux dernières semaines. Par la suite, le Président Tebboune a donné les instructions, les directives et orientations sur les dossiers traités. Concernant l'exposé relatif à la réalisation de cinq nouvelles usines de dessalement d'eau de mer, le Président a ordonné d'approfondir l'étude relative à la création de ces usines, en prenant en considération les wilayas qui connaissent des perturbations dans la distribution d'eau. Il a également ordonné d'accorder la priorité aux villes à forte densité de population et connaissant le stress hydrique, notamment dans les Hauts-Plateaux. Concernant l'exposé sur la situation de l'approvisionnement en eau potable, le président de la République a ordonné d'ajourner l'exposé et d'approfondir le contenu pour la prochaine réunion du Conseil des ministres. Il a insisté sur la nécessité que la distribution de l'eau dessalée depuis les nouvelles stations atteigne un rayon d'au moins 250 km à partir des côtes, la décision de localisation de ces stations devant être prise lors du prochain Conseil des ministres. Il a insisté également sur la nécessité d'adopter la culture d'Etat envers nos concitoyens, à travers l'élaboration d'un calendrier étudié pour la distribution de l'eau et son application avec rigueur.