Le regretté Rabah Driassa est l'une des figures majeures de la chanson algérienne authentique et un symbole du chant engagé alliant créativité et attachement aux valeurs nationales.A la veille du 4ème anniversaire de sa disparition (8 octobre 2021), des artistes interrogés par l'APS ont assuré que sa voix reste intimement liée, dans la mémoire collective algérienne, aux chansons patriotiques et à celles appelant au travail, l'amour et la sincérité. Ses œuvres intemporelles telles que «Ya Mohamed», «El Momaridha» (l'infirmière), «Nedjma Kotbia» (Etoile polaire), «Ya Chmalia», «El Djaoula El kbira» (Le grand voyage) ou encore «Yahiaou Ouled Bladi» (que vivent les enfants de mon pays), continuent de résonner à travers les générations. Né à Blida le 1er juillet 1934, Driassa a entamé sa carrière dans les années 50, il alliait les arts plastiques, notamment la miniature et la calligraphie, au chant, selon son neveu, l'artiste Nasreddine El-Blidi. Sa première chanson, «Nedjma Kotbia», lui a valu une notoriété nationale et internationale. «Deriassa était un artiste complet qui écrivait, composait et interprétait ses propres textes abordant des thèmes patriotiques, moraux et sociaux. Son répertoire compte plus d'un millier de chansons enregistrées», selon son neveu. Le défunt a également contribué à la valorisation de la chanson bédouine (El Ayaï), collaborant avec des poètes et maîtres du genre comme Cheikh El-Ardjani, Cheikh El-Bedoui et Khelifi Ahmed, gagnant ainsi le respect du public algérien et le statut de pionnier du chant engagé. Pour l'artiste Nasreddine El-Blidi, Rabah Driassa était «un modèle et une source d'inspiration» en matière d'engagement et de sincérité artistique. Il a évoqué, à ce titre, ses débuts dans le monde artistique, relevant que son défunt oncle fut son « premier soutien ». Il a composé pour lui son premier album intitulé « Katba » (Destinée), qui avait connu à l'époque un grand succès, se rappelle t-il, nostalgique. A son tour, le comédien, Abdelhamid Rabia, a qualifié Deriassa d'«artiste complet» alliant noblesse de caractère et fidélité à la chanson authentique. «Il a su toucher le cœur du public par la simplicité et la sincérité de ses paroles. Son influence a dépassé les frontières, faisant de lui un véritable ambassadeur de la chanson algérienne lors de ses tournées dans plusieurs pays, notamment en Irak, en Arabie Saoudite, au Koweït, aux Emirats arabes unis, au Liban, en Egypte et en Libye», a souligné l'artiste. Pour sa part, l'artiste et organisateur de spectacles, Noureddine Benghali, a salué en Deriassa son usage du dialecte algérien raffiné, compris par les publics arabes, ce qui lui a valu une grande popularité dans le monde arabe. Il a aussi souligné la modestie et l'humilité du chanteur qui privilégiait la sincérité artistique à la recherche des projecteurs, convaincu que «l'art qui vient du cœur touche le cœur». Rabah Driassa s'est éteint le 8 octobre 2021 à Blida à l'âge de 87 ans, léguant à la postérité un riche répertoire artistique marqué du sceau de l'authenticité et de la créativité. En hommage à son parcours exemplaire, son nom orne, désormais, la maison de l'Artiste de Blida, située non loin de son domicile au centre-ville de Blida, en reconnaissance de sa contribution majeure à la culture nationale.