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Baisse des réserves de change, de vives tensions budgétaires, recours ciblé au financement non-conventionnel et extérieur pour 2026 Face à la dégradation de la balance commerciale
Selon les données de l'ONS, organe du Gouvernement chargé de la statistique du Gouvernement, les prix à l'exportation de marchandises ont connu une baisse de 7,4% par rapport au premier semestre 2024 et les prix à l'importation de marchandises, une diminution de 2,8% durant la même période. Cependant, malgré cette baisse des prix, le volume des importations a fortement augmenté (+28,4%), tandis que celui des exportations a baissé (-1,2%). Ainsi, au premier semestre 2025, les importations ont enregistré une hausse de 24,8%, atteignant 3 767,0 milliards de dinars, contre 3 018,3 milliards au cours du premier semestre 2024, soit au cours actuel de 130 dinars un dollar 29 milliards de dollars donnant selon la même tendance 58 milliards de dollars fin 2025, soit une sortie de devises de 64 milliards de dollars. Les exportations durant ce premier semestre 2025 ont connu une baisse de 8,5%, s'établissant à 3 055,6 milliards de dinars contre 3 338,3 milliards en 2023 soit 25,67 milliards de dollars donnant en tendance 51 milliards de dollars. Cette baisse s'explique principalement par le recul enregistré dans la catégorie des hydrocarbures, dont les prix ont baissé de 8,2% et les volumes ont également diminué de 2,1%. Les exportations hors hydrocarbures ont, quant à elles, enregistré une hausse en volume de 8,6% et une hausse des prix de 3,0%, soit une augmentation globale en valeur de 11,8% sur la période mais ce que ne met pas en relief l'ONS grâce aux dérivées des hydrocarbures. Cette diminution a concerné les catégories suivantes : Articles manufacturés divers (-14,6%) ; Produits chimiques et produits connexes (-10,7%) ; Machines et Matériel de transport (-6,4%) ; Matières brutes non comestibles, sauf carburants (-4,5%) ; Boissons et tabacs (-0,4%) et les hausses concernent les catégories « Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes» (+28,1%) et « Huiles, graisses et cires d'origine animale ou végétale » (+16,3%). Comme conséquence, nous avons un déficit commercial de 711,5 milliards de dinars et un recul du taux de couverture à 81,1%, les termes de l'échange enregistrant une baisse, passant de 131,4% au 1er semestre 2024 à 125,3% au 1er semestre 2025. Ce qui donne un déficit commercial de 5,5 milliards de dollars , montant auquel il faut ajouter les sortes de devises des services avec paradoxalement l'exode de cerveaux algériens , évaluées en 2024 à environ 6 milliards de dollars soit 11,5 milliards de dollars. Cela a des répercussions sur le niveau des réserves de change, principalement grâce à Sonatrach. Les exportations de Sonatrach principal pourvoyeur de devises ont été de 60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023, 45 et si l'on s'en tient aux données récentes du ministère des hydrocarbures de 31 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de 2025 de 31 milliards de dollars, selon le même rythme seraient fin 2025 entre 41/42 milliards de dollars. Si les prévision de l'AIE se confirment environ 60 dollars Et moins pour 2026 et 25/30 dollars le mégawattheure de gaz (33% des exportations algériennes) avec la forte concurrence des USA en Europe après les accords redents, d'exportation de 250 milliards de dollars par an, , et sous réserve du maintien de la forte consommation intérieure, 45/50% de la productions, de la production actuelle faute d'une politique de subventions ciblées, les recettes de Sonatrach en 2026 seraient encore inférieures. Quant aux exportations hors hydrocarbures, à ne pas confondre avec production hors hydrocarbures dans le PIB, elles sont passées de 6,9 milliards de dollars en 2022, 5,01 en 2023, 4,5 milliards de dollars en 2024 et si on applique une hausse de 3% pour 2025 le montant serait de 4,7 milliards de dollars ,et sur chacun de ces montants plus de 65% selon les statistiques douanières sont des dérivées d'hydrocarbures. Quant aux réserves de change, toujours du fait de la détérioration de la balance commerciale, elles seraient passées de 70 milliards se dollars fin 2023 à environ 67 milliards de dollars fin 2024(source FMI) et seraient moindre pour 2025, sous la barre des 60 milliards de dollars. Car pour pouvoir exporter, il faut des entreprises concurrentielles en termes de cout et qualité, que le secteur industriel en Algérie représente en 2024 moins de 6% du PIB. Un projet pour atteindre son seuil de rentabilité sans compter sa maturation et les tracasseries bureaucratiques ( analyse du projet, octroi de terrain, de prêts bancaires, négociations avec le partenaire étranger), après sa mise en exploitation en 2025 pour les PMI-PME est de trois années minimum soit 2028, et un grand projet comme le fer de gara Djebilet entre 7 à 8 ans, soit 2032/2033. Or, la nouvelle procédure bureaucratique à partir des enquêtes de terrain, loin des discours déconnectés de la réalité, mise en place le 9 juillet 2025 qui consiste en l'obligation pour toutes les entreprises qui importent des produits de présenter un programme prévisionnel d 'importation PPI pour le second semestre 2025 pour la domiciliation bancaire et le dédouanement des marchandises importées a entraîné une hausse des prix, des pénuries et une sous-utilisation des capacités d'une large fraction de l'appareil de production entreprises publiques et privées. Il faut impérativement revoir cette procédure paralysante. Quelles perspectives ? Nous avons assisté entre 2021 et les prévisions du PLF 2026 à un déficit entre les recettes et les dépenses budgétaires et en prenant un cours constant de 130 dinars un dollar, de 21,4 milliards de dollars en 2021, de 32,17 milliards de dollars en 2022, de 45,26 milliards de dollars en 2023, de 47,60 milliards de dollars en 2024, de 63,62 milliards de dollars en 2025 . Pour le PLF 2026, les recettes devraient atteindre 8 009 milliards de dinars,(61,60 milliards de dollars) 19% du PIB et les dépenses 17 636 milliards de dinars, 42% du PIB (135,66 milliards de dollars), soit une différence négative de 9627 milliards de dinars soit au cours actuel 74,06 milliards de dollars, avec une masse salariale de 33,6% du budget de l'Etat et des transferts sociaux de 6.000 milliards de dinars soit 46,15 milliards de dollars soit 14,33% du PIB afin de contenir la hausse des prix. Selon le ministre des Finances, le déficit prévu pour 2026 serait de 5000 milliards de dinars, financé par la dette intérieure, soit 38,46 milliards de dollars, bien que le PLF 2026 dans sa monture montre un écart entre les recettes et les dépenses de près de 74 milliards de dollars, et ce pose cette question du pourquoi avoir prévu tant de dépenses et la question de la faiblesse de cette capacité d'absorption. Ce déficit budgétaire montre une monétisation progressive du déficit avec le recours à la planche à billets, source d'inflation en cas de rigidité de l'offre. Dans une véritable économie de marché concurrentielle, le taux d'inflation dépasserait largement les 10/15% et non le taux utopique annoncé par PLF 2026 de 2,9%, car compressé administrativement par un taux de change officiel ne reflétant pas la réalité économique. Pour preuve, l'écart avec le marché parallèle en novembre 2025 d'environ 80%, s'orientant vers 300 dinars un euro favorisant les actions spéculatives par les subventions généralisées et non ciblées et ce grâce aux réserves de change qui tiennent la cotation officielle du dinar à plus de 70%. En cas de baisse ce ces réserves, par exemple entre 20/30 milliards de dollars l'Algérie se retrouverait dans le scénario vénézuélien pourtant premier réservoir pétrole au niveau mondial, avec une hyper inflation. C'est que la théorie keynésienne de relance de la demande globale (consommation et investissement) globale par le déficit budgétaire s'appliquant à une économie productive(sous-utilisation des capacités), contrairement à ce qu'annoncent certains experts induisant en erreur le pouvoir, , ne s'applique pas à l'Algérie souffrant d'un déficit d'offre comme le montre l'importance de la rente des hydrocarbures brut et semi brut qui irrigue directement et indirectement toute l'économie et le niveau faible des exportations hors hydrocarbures non inclus les dérivées d'hydrocarbures. Comme conséquence de ces tensions budgétaires et de la baisse des réserves de change , nous assistons à un autre discours vis-à-vis de l'endettement extérieur qui avait été diabolisé entre 2020 et 2024, l'argument étant qu'il était hors de question d'hypothéquer la souveraineté du pays, et que l'Algérie compterait sur ses propres capacités pour faire face aux déséquilibres économiques. Or, déjà la loi de finances pour 2025 autorise le recours à l'endettement extérieur, mais de manière très ciblée, pour financer les grands projets d'investissement, l'objectif étant de diversifier les sources de financement et de maintenir une dette soutenable qui sera exclusivement destinée à l'investissement, les modalités d'application de cet endettement étant fixées en conseil des ministres. Mais qu'apporte comme garantie l'Algérie pour bénéficier de ces capitaux où pour tout investisseur qui tient avant tout à la visibilité de la politique socio économique , la stabilité politique, sociale, monétaire et juridique , un texte juridique n'étant pas suffisant comme la règle redente de la loi des mines des 20/80% et pour éviter toutes mauvaises interprétations, la règle des 49/51% s'appliquant pour les hydrocarbures et les segments stratégiques. Par ailleurs, avec des charges de la dette qui ont augmenté de 102.5% avec une dette intérieure est estimée à près de 18000 milliards de dinars, soit 138 milliards de dollars, incluant le financement du déficit budgétaire, une dette non conventionnelle et des crédits pour des entreprises publiques comme Sonelgaz, le ministre des Finances a reconnu en novembre 2025 implicitement devant les députés, le recours au financement non conventionnel qui consiste à permettre à l'Etat de pouvoir utiliser les ressources de la Banque d'Algérie pour couvrir des obligations du trésor, c'est-à-dire le recours à la planche à billets. Mesure destinée à une période de transition permettant de combler le déficit tout en espérant éviter une dérive inflationniste. Et le grand problème qui se pose à l'Algérie comment intégrer la masse monétaire hors banques ? Selon les rapports de la Banque d'Algérie, la masse monétaire en circulation hors du circuit bancaire en Algérie a atteint environ 66,25 milliards de dollars à la mi-2024. Ce montant représentant une part très importante de la masse monétaire totale (M2), estimée à environ 34%. Cette circulation fiduciaire hors banques a connu une croissance continue, avec un taux de 8,6% fin 2023 et de 7,25% fin juin 2024, montrant qu'il reste un long parcours pour bancariser cet argent, la numérisation n'étant qu'un moyen, la solution redonner confiance sans laquelle aucune mesure et aucun développement fiable ne peut se concrétiser. En conclusion, face à un monde turbulent et instable et à des besoins sociaux internes croissants, l'Algérie étant fortement connectée à l'économie mondiale – importation/exportation -, le taux de croissance via la dépense publique, le taux d'emploi, les réserves de change, le corps social étant irrigué essentiellement par la rente des hydrocarbures, une nation ne pouvant distribuer plus que ce qu'elle produit, afin d'éviter de vives tensions sociales à terme, cela rend urgent, la nécessité de gérer efficacement les finances publiques pour assurer la stabilité et le développement économique à moyen et long terme Or, force est de constater la forte dépendance de l'économie algérienne face aux aléas du cours des hydrocarbures dont les prix volatils échappent à la décision interne. Aussi, le défi principal de l'Algérie pour asseoir une économie diversifiée et attirer les IDE créateur de valeur ajoutée implique de profondes réformes structurelles renvoyant à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, renvoyant à l'urgence d'une planification stratégique qui fait cruellement défaut. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités