«Les violences commises contre des civils, y compris dans des établissements médicaux, peuvent constituer des crimes de guerre et de graves violations du droit international humanitaire ». Selon la Monusco. Une attaque, attribuée au groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF), s'inscrit dans une série de violences qui dévaste le Nord-Kivu et l'Ituri voisine, dans l'est de la RDC. D'origine ougandaise et affiliées à l'Etat islamique, les ADF multiplient depuis des mois les tueries, ciblant jusqu'aux « personnels religieux et funéraires », selon la mission. Rien que ces trois derniers mois, plus de 300 civils ont été tués dans cette région livrée à des exactions récurrentes. 89 civils en tout, ont été tués, dont au moins 20 femmes et un nombre indéterminé d'enfants, selon les informations recueillies par la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo. Parmi les victimes figurent aussi des patientes venues accoucher, abattues dans la maternité de Byambwe, à 60 kilomètres à l'ouest de Lubero, où 17 personnes ont perdu la vie. Ce massacre survient alors que l'est du pays subit, depuis le début de l'année, une offensive majeure du Mouvement du 23 mars (M23). Se réclamant de la défense des intérêts de la minorité tutsie congolaise et soutenu, selon l'ONU, par l'armée rwandaise, le groupe rebelle a conquis de larges pans du Nord-Kivu et du Sud-Kivu voisin, allant même jusqu'à s'emparer de Goma et Bukavu, les principales villes des deux provinces. Les corps ont été découverts dans des villages au bout de pistes qui s'enfoncent dans les collines du territoire de Lubero, au Nord-Kivu. Entre le 13 et le 19 novembre, quatre pavillons d'un centre de santé ont brûlé, des maisons ont été réduites en cendres et des familles entières ont été prises dans la tourmente. Après la signature, le 27 juin à Washington, d'un accord de cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda, puis, le 19 juillet à Doha, d'une déclaration de principes entre Kinshasa et le M23, le chef des opérations de paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, a salué lundi l'établissement de « principes directeurs pour la paix » entre le gouvernement du pays et le groupe armé. « J'encourage les parties à poursuivre les négociations de bonne foi afin de traduire ces engagements en progrès concrets sur le terrain », a-t-il écrit dans un message publié sur X, tout en remerciant le Qatar, les Etats-Unis et l'Union africaine pour leurs efforts de médiation. Tandis que la rébellion du M23 continue de bouleverser l'équilibre régional, les attaques des ADF, elles, s'enfoncent plus profondément dans les zones rurales, frappant des communautés déjà fragilisées par les déplacements massifs, l'insécurité alimentaire et l'effondrement des services publics. Dans plusieurs villages du territoire de Lubero, Mabiango, Tunarudi, Sambalysa, Thucha, Butsili, les assaillants ont pillé du matériel médical, incendié des habitations et détruit ce qui restait de moyens de subsistance. La Monusco affirme poursuivre ses efforts dans les secteurs où elle reste déployée. La brigade d'intervention de la force a récemment conduit l'opération Nyondo, destinée à réduire les incursions de l'ADF dans la région de Komanda, en Ituri. En parallèle, la brigade et les forces armées congolaises mènent l'opération Safisha dans le Nord-Kivu, le long de l'axe Beni–Kasindi et entre Beni et Eringeti, tandis que l'opération Mid-Night Guard vise à sécuriser les grands centres de population de la zone pendant la nuit. Mais ces efforts se heurtent à la multiplication des fronts et à la profondeur des zones contrôlées par les groupes armés. Les autorités congolaises doivent lancer « des enquêtes indépendantes et crédibles » pour identifier les responsables des massacres et les traduire en justice. Bruno Lemarquis a également rappelé la position du secrétaire général des Nations unies, exhortant « tous les groupes armés locaux et étrangers à déposer les armes sans condition ». Dans cette région congolaise riche en minerais, en proie à la violence armée depuis des décennies, la paix ne saurait arriver trop tôt.