Les travaux de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et de technologies de la santé, organisée du 27 au 29 novembre à Alger, se sont achevés avant-hier samedi par la signature d'accords majeurs portant sur l'exportation de produits pharmaceutiques algériens vers plusieurs pays africains, pour une valeur totale de 10 millions de dollars. Cet événement continental, accompagné du Salon Clinvest Expo au Palais des Expositions, a donné lieu à de nombreuses annonces structurantes pour l'avenir de l'industrie pharmaceutique africaine. Lors de la cérémonie de clôture, le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, a salué l'adoption unanime de la ''Déclaration d'Alger'', un document stratégique qui fixe les orientations du continent pour la production locale de médicaments à l'horizon 2025 et 2035. Il a rappelé que l'Union africaine ambitionne d'atteindre une production locale couvrant au moins 55 % des besoins pharmaceutiques du continent à l'horizon 2035, un objectif nécessitant un renforcement massif des capacités industrielles, ainsi que l'intensification de la formation et de l'échange d'expertises. L'Algérie, qui produit déjà plus de 80 % de ses besoins en médicaments, vise désormais à fabriquer localement 50 % des dispositifs médicaux au cours des prochaines années. Pour M. Kouidri, le pays est désormais «une véritable locomotive» capable de porter la transition industrielle africaine grâce à son expérience, ses infrastructures et son encadrement réglementaire renforcé. L'obtention, attendue en 2026, du niveau de Maturité 3 (ML3) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) constitue un autre tournant pour l'export algérien, ouvrant la voie à une accélération significative des ventes sur les marchés africains. Les rencontres bilatérales tenues en marge de la conférence ont permis d'identifier précisément les besoins pharmaceutiques de plusieurs pays africains, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Dans une allocution lue en son nom lors de l'ouverture par le Premier ministre Sifi Ghrieb, le Chef de l'Etat a dénoncé la dépendance massive du continent envers les importations, malgré ses richesses humaines et naturelles, appelant à une production locale des médicaments essentiels, vaccins, dispositifs médicaux et matières premières. Le Président a également réaffirmé l'engagement de l'Algérie envers la solidarité africaine et l'intégration régionale, fondée sur une vision d'une Afrique souveraine, unie et capable d'assurer son propre développement sanitaire. Au cours de la cérémonie de signature, organisée par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Ait Messaoudene, s'est félicité de la conclusion de cinq accords d'exportation vers la Mauritanie, le Mali et le Sénégal, en plus de plusieurs contrats de partenariat. Il a mis en avant la nécessité de lever les obstacles bureaucratiques freinant l'essor de l'industrie pharmaceutique africaine, tout en soulignant que la feuille de route issue de la conférence constitue une étape décisive vers l'autonomie sanitaire. Le représentant du Bureau de l'OMS en Algérie, Phanuel Habimana, a, pour sa part, mis en exergue le rôle de leader joué par l'Algérie en Afrique, particulièrement en matière de recherche, développement et numérisation. Il a estimé que la ''Déclaration d'Alger'' marquera «un point de départ historique» pour le développement d'une production locale durable sur le continent.