En Arabie saoudite, où l'alcool est interdit depuis plus de 70 ans, une petite révolution se fait en silence. À Riyad, un magasin longtemps réservé aux diplomates vend désormais discrètement whisky, vin et champagne à certains étrangers non musulmans. Mais l'accès reste extrêmement limité : seuls les détenteurs de la très coûteuse «résidence premium» et gagnant au moins 50 000 riyals par mois — soit environ 13 000 dollars — peuvent y entrer. Un certificat de salaire est même exigé pour prouver ce niveau de revenus.Sur place, les clients décrivent un magasin pris d'assaut, une sécurité très stricte et des prix extravagants : une bouteille de vin peut coûter cinq fois son prix aux Etats-Unis. Les achats sont plafonnés par un quota mensuel lié à l'identité du client, signe que l'opération est étroitement encadrée.Cette ouverture ultra-sélective s'inscrit dans la stratégie de «modernisation» menée par Mohammed ben Salmane : avancer vite, mais discrètement, sans annonce officielle, pour éviter un choc dans une société encore conservatrice. L'accès à l'alcool, réservé à une élite expatriée, en est l'illustration la plus récente.