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B?la?d Abane (auteur) : ?Abane Ramdane ?tait un monomaniaque de l?Alg?rie?
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 11 - 2008

Quelles sont les motivations qui vous ont conduit à écrire cet ouvrage ?
J'ai toujours été un passionné d'histoire et, tout particulièrement, de l'histoire de notre pays. Certains livres avaient fini par installer un doute dans mon esprit. Avons-nous été des bourreaux ou des victimes ? J'ai, donc, très tôt voulu en savoir un peu plus.
J'ai, également, nourri depuis le début des années 1980 le projet d'écrire un livre sur Abane Ramdane. Pourquoi lui, me diriez-vous, et pas Didouche, Ben M'hidi, Ben Boulaïd, Amirouche, Lofti ou quelque autre prestigieux dirigeant de notre guerre de Libération, qui méritent tous amplement un livre ? Abane est celui qui, pour moi, vient tout naturellement en premier. D'une part, comme vous le devinez, il m'est proche et je voulais rendre hommage à son sacrifice total. Ce n'est pas un vain mot, car Abane était une sorte de monomaniaque de l'Algérie — et à travers lui, à tous les dirigeants et combattants morts au cours de la guerre de Libération. D'autre part, dès que Abane, qui a été, comme vous le savez, longtemps effacé des hommages officiels, est réapparu comme l'un des personnages centraux de la Révolution, après le déverrouillage idéologique et politique qui a suivi les événements de 1988, les attaques ont commencé à pleuvoir. Certaines de ces attaques ont, outrageusement, dépassé le cadre d'une critique doctrinale, une critique, au demeurant, nécessaire, pour un débat sain et serein sur notre histoire. Je l'ai dit et le répète, Abane n ‘est pas un sanctuaire inviolable. Comme tous les autres dirigeants il ne doit pas être épargné par la critique, à condition qu'elle soit débarrassée de l'insulte et de la calomnie. Imaginez-vous, il aurait été de ce monde qu'on s'y prendrait, à dix fois et non à deux, avant de l'attaquer de manière aussi ignominieuse. A l'évidence, les morts ne font peur à personne, comme le dira un jour, amèrement, le docteur Lamine Debaghine. Ce livre, et le deuxième, qui est en stand by chez l'éditeur, pour être publié dans les prochains mois, sont donc aussi une réponse à ces attaques et une manière de dire à tous ses contempteurs : faites d'abord le bilan de ce que vous laissez à la postérité. Puissiez-vous, un jour, avoir l'honneur d'être pris à partie comme l'est aujourd'hui Abane ?
2. Comment avez-vous travaillé ?
Il y a de nombreuses années que je recueille documents et témoignages. Ces derniers m'ont beaucoup aidé à comprendre «l'ambiance» de la révolution, et à la restituer dans mon livre. J'ai, notamment, rencontré à plusieurs reprises le président Ben Khedda, dont je garde un souvenir affectueux, tant est humble l'homme, et son honnêteté irréprochable. J'ai également rencontré en 1999, pendant plus de deux heures, le président Ben Bella, que je suis allé voir en sa qualité de meilleur adversaire politique d'Abane, pensant mettre fin, par quelque communiqué apaisant, à l'affaire suscitée par les insultes et les calomnies d'Ali Kafi. Charmé, comme beaucoup l'ont été, par sa chaleur et sa jovialité j'ai été, par la suite, très déçu. Car deux années plus tard il parlera, comme il me l'avait promis, à El Jazeera.TV, mais pour déclarer exactement tout le contraire de ce qu'il m'avait dit, le jour de notre rencontre. J'ai eu, également, le bonheur de rencontrer le président Rabah Bitat, un homme affable et d'une simplicité désarmante. Il m'apportera, avec gentillesse et délicatesse, des informations importantes inédites sur les premiers jours de la Révolution et, notamment, sur la place de Abane dans le projet de novembre. Je rapporte tout cela en détail, dans ce livre et le prochain. J'ai rencontré, aussi, le colonel Ouamrane à plusieurs reprises. Les informations que je tiens de lui m'ont apporté un éclairage nouveau sur la manière dont s'est déroulée la crise au sein du FLN post-soumamien. La rencontre avec Lamine Debaghine m'a ému et m'a, également, beaucoup appris. J'ai été bouleversé par les conditions de vie, à la limite de la décence, de cette grande figure du mouvement national algérien. Ce jour-là, il m'apprendra qu'il venait de commencer à percevoir sa modeste retraite de diplomate. J'ai également cotoyé un certain nombre de dirigeants qui m'ont, chacun, apporté une bribe qui m'a permis de reconstituer un pan du récit national, et de cette vérité que je cherchais.
Il faut, naturellement, ajouter à cela une considérable compilation d'articles et d'ouvrages traitant de la guerre de Libération nationale. Je peux dire que j'ai, à peu près, tout lu de ce qui s'est écrit, en tout cas du côté algérien, sur la période 1954-1962, y compris une bonne partie des œuvres de fiction.
Pensez-vous avoir fait œuvre d'historien ?
Non bien sûr. Pensez-vous qu'un médecin puisse s'aventurer, aussi facilement, sur le territoire sacré de l'historien. Je le dis clairement dans mon avant propos où, vous le remarquerez, je me suis beaucoup attardé sur les préalables méthodologiques pour dire comment, et pourquoi ,j'ai écrit ce livre. Je n'ai pas la qualité d'historien et je n'en ai pas la compétence. Je n'ai, du reste, travaillé qu'à partir des faits, historiquement avérés. La nouveauté est que j'ai totalement changé d'angle de vue et d'objectif, au sens optique du terme, afin de rétablir certains faits dont l'importance a été soit surdimensionnée («les atrocités du FLN») soit sous évalués ou, même, ignorés, comme les horreurs de la responsabilité collective et du terrorisme ultra. Vous lirez dans la plupart des livres d'histoire des inepties du genre : c'est à la Soummam que le FLN a programmé la violence aveugle à l'encontre de la population européenne au cours de «la bataille d'Alger». La vérité est que la violence aveugle du FLN est une réponse aux horreurs de la responsabilité collective dans le bled et au terrorisme, aveugle, pratiqué par les ultras à Alger, notamment avec la bombe de la rue de Thèbes, qui constitue le véritable tournant du FLN et son basculement dans l'engrenage infernal de la guerre totale contre la population européenne d'Alger.
Si ce n'est pas un livre d'histoire c'est quoi alors ? Ce que j'ai voulu écrire, c'est une sorte de cotre roman colonial, un récit national, libéré des entraves qu'impose l'académisme des historiens. Il faut encore beaucoup de livres comme le mien. L'histoire est un domaine trop grave, pour le laisser entièrement aux seuls historiens. Les historiens algériens sont trop frileux, brisés par le souci d'objectivité. la glaciation de l'histoire nationale n'est pas, entièrement, le fait de la censure politique, comme on trop souvent tendance à le croire.
Quant aux historiens français, rares sont ceux qui font l'effort, comme Gilbert Meynier et Gilles Manceron, ou comme quelques nouveaux historiens comme Pascal Blanchard, Raphaëlle Branche, Sylvie Thénault et Linda Amiri, pour comprendre les tourments de l'âme indigène et le bouillonnement et les aspirations à la liberté et à la dignité qui agitent ce monde algérien, que les historiens colonialistes décrivent comme une masse- «la masse indigène»- infirme sans affect et sans psyché. Je me suis, donc, attaché à injecter un peu de psychologisation, cette dimension qui manque, singulièrement, dans l'approche historienne, qui n'hésite pourtant pas à s'émouvoir des humeurs et des malheurs des Européens d'Algérie parfois, il est vrai, à juste titre.
Il y a également une autre constante de l'approche historienne de type colonialiste : celle de présenter les dirigeants du FLN, et les combattants de l'ALN, comme des spectres menaçants et malfaisants. Sous l'angle unique de la perversité et de l'infériorité morale, en quelque sorte. Cela continue, encore aujourd'hui; au cinéma. Tenez, le dernier film de Florent Emilio Siri, L'ennemi intime, qui a, pourtant, fait un effort de rééquilibrage, a présenté l'ALN comme une armée d'ombres dont les «atrocités» font basculer des officiers français qui, eux, ont forcément des problèmes de conscience. Je me suis, donc, attaché à redonner à l'ALN un peu de cette humanité, que j'ai réellement sentie quand j'étais enfant, fier de caresser leurs armes dont je percevais alors, ardemment, qu'elles étaient porteuses de mon propre avenir.
En définitive, je n'ai pas fait œuvre d'historien. C'est même plus confortable pour moi de ne pas en être. Cela m'a permis d'appréhender les événements, sans entrave épistémologique, et les restituer avec une plus grande liberté. Ceci dit, j'assume totalement mon projet dans le fond et dans la forme.
4- Vous affirmez (page 219) que le vrai acte de naissance du FLN est consécutif à l'appel du 1er avril 1955 lancé par Abane Ramdane au peuple algérien ? Pouvez-vous en expliquer ?
J'ai écri,t en effet, que l'appel à l'action et à l'union du peuple algérien, lancé le 1er avril 1955, signe «le vrai acte de naissance du FLN et son émergence comme mouvement national». Vous remarquerez que j'ai pris soin de mettre cette affirmation entre guillemets, car je n'ai fait que reprendre l'historien Gilbert Meynier qui est, à mon sens, le meilleur historien du FLN en rappelant, toutefois, que les travaux de Mohamed Harbi lui ont servi de précieux tremplin.
Je suis cependant d'accord avec Meynier. Ce que l'historien a voulu dire, sans aucun doute, est que c'est à partir de cet appel que le FLN est véritablement né, politiquement. Si vous relisez la proclamation de novembre il y est encore question d' «une équipe de jeunes responsables, militants et conscients…», «indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir …». Dans son tract du 1er avril Abane, resté à l'abri des querelles qui ont secoué le landernau politique du PPA/MTLD, est définitivement sorti du «patrimoine de parti». Pour lui «la réussite dépend de la contribution de tous les Algériens aux côtés des forces combattantes». C'est également à partir de cet appel que viendront se fondre dans le Front, MNA excepté, toutes les sensibilités du mouvement national algérien (centraliste, UDMA, Ulémas, communistes, indépendants) donnant aux trois lettres de l'acronyme FLN une réalité concrète. Il ne faut pas oublier que, durant plus d'un semestre, il n'y avait dans le FLN que du personnel de souche PPA/MTLD, issu exclusivement de sa branche activiste, et que c'est après l'arrivée de Abane que le FLN deviendra réellement un large mouvement de résistance et la façade politique nécessaire- en tout cas pendant encore quelques temps- à l'action de l'Armée de libération nationale sur le terrain.
5- Pensez-vous avoir apporté des éléments nouveaux par rapport à ce qui est déjà connu ?
C'est la question qui a tourmenté mon esprit depuis que j'ai entamé ce travail, il y près de six ans. Le doute m'a constamment accompagné, au cours de ce projet . Ceci dit, quand on écrit deux livres totalisant un millier de pages, en y mettant tout son cœur, beaucoup de temps et d'énergie, il y a, forcément, quelque chose de nouveau. Pas de scoop naturellement. J'ai essayé de conter un récit national, en prenant le contre-pied du roman colonial. Pour la partie guerre de libération, le fil conducteur est la contribution décisive d'Abanane Ramdane à l'unification du mouvement national.
Abane a, en effet, réussi à mettre sur pied un véritable front de combat. J'ai essayé de montrer comment cette troisième tentative d'union nationale, la bonne, est allée jusqu'à la victoire, en rappelant l'échec du Congrès musulman de 1936, tentative morte avec les espoirs déçus du Front populaire, et celui des AML de 1944 qu'engloutira le bain de sang du 8 mai 1945. Bien entendu, la conjoncture historique n'est pas la même. Du nouveau, également, concernant la place d'Abane dans le 1er novembre. Celui qu'on a, souvent, tendance à présenter comme un nouveau venu faisait, en fait, partie d'un comité révolutionnaire de 12 membres, désigné à la veille de l'insurrection. J'y reviens en détail dans mon livre. J'ai, également, abordé de manière inédite cette gigantesque opération de police baptisée «bataille d'Alger» par Massu et ses colonels. Dans ce livre j'ai, aussi, projeté la vision et les perceptions de quelqu'un qui a vécu la guerre du début jusqu'à sa fin, reclus dans un village de regroupement, à l'ombre d'un mirador militaire.
Sur le plan de la forme tout est nouveau : L'angle de vue général, la psychologisation, le style, que j'ai énormément travaillé pour le rendre fluide. Il y a, également, beaucoup d'informations peu connues du grand public. J'espère, aussi, que le lecteur lambda apprendra les grandes lignes de l'histoire nationale tout en prenant du plaisir. Les quelques échos que j'ai eux m'ont encouragé et un peu réchauffé le cœur.


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