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La r?alit? de l??galit? entre les sexes ? l??preuve de la garde des jeunes enfants (II)
Publié dans La Nouvelle République le 28 - 12 - 2008

Le discours des professionnelles et le choix qu'elles effectuent pour leur(s) propre(s) enfant(s) rendent compte de la permanence de ces idéaux matricentrés, dans le cadre de la garde déléguée au sein même des lieux d'accueil pour jeunes enfants, érigés en véritables bastions de l'idéologie traditionnelle de la complémentarité des rôles parentaux, et gardiens du temple de l'idéologie de la primauté maternelle. La prégnance dans le champ de la petite enfance de l'habitus maternel participe à la reproduction, à l'insu des acteurs eux-mêmes, des rapports sociaux de sexe et au confinement des femmes dans la sphère privée. L'habitus ne reproduit pas mécaniquement des conduites identiques mais des tendances à certaines conduites étayées sur un discours «expert J. [15]». Les professionnelles mettent en avant la fragilité des tout-petits, leurs besoins d'une relation individuelle, de la disponibilité permanente de l'adulte.
Quelles actions possibles pour une égalité entre les femmes et les hommes ?
Dans une perspective féministe, les discours des professionnelles de la petite enfance, les politiques publiques, encourageant depuis plusieurs années les familles à avoir recours à un mode de garde individuelle par le jeu d'aides financières ou de déductions fiscales devant permettre d'employer directement des personnes (qui se trouvent être quasi uniquement des femmes) afin de pourvoir à la garde de leur(s) jeune(s) enfant(s) durant leur activité professionnelle, concourent à renvoyer encore le jeune enfant à sa mère, et si ce n'est à sa mère à une femme.
L'appréhension actuelle de la séparation comme étant source de souffrance pour le tout-petit fait que celle-ci doit être évitée (les établissements d'accueil et les professionnelles s'attachent alors à tout mettre en œuvre pour éviter la souffrance) et participe à complexifier la délégation des jeunes enfants à un tiers, qui plus est au sein d'un accueil collectif.
S'il est actuellement admis de confier son jeune enfant à partir de l'âge de 10 semaines lorsque les deux parents travaillent, la matrifocalisation des conceptions des professionnel-le-s rend complexe le processus de séparation et accentue encore le sentiment de culpabilité que peuvent ressentir les mères, auxquelles le bien-être de l'enfant est sans cesse renvoyé. De plus, elle construit les institutions d'accueil pour jeunes enfants sur un plan négatif. Comment penser positivement un mode de garde lorsque la séparation et l'absence de la mère sont pensées comme néfastes pour l'enfant ? La première mission des établissements et services d'accueil pour jeunes enfants est de permettre aux parents de concilier vie familiale et vie professionnelle. En effet, l'obtention d'un mode de garde conditionne, très souvent, la possibilité pour les deux parents d'avoir une activité professionnelle. Pour que les mères puissent s'investir dans leur activité professionnelle, elles doivent pouvoir suffisamment «oublier» leur(s) bébé(s) en étant convaincues que ces derniers sont dans une institution bénéfique pour eux au sein de laquelle ils peuvent s'épanouir et grandir en leur absence.
Penser les modes d'accueil collectif comme bénéfiques pour les enfants
Les structures d'accueil pour jeunes enfants sont appréhendées le plus souvent dans les représentations sociales, et par les professionnelles, comme un moyen nécessaire pour les couples bi-actifs, comme un service rendu aux familles pour leur permettre de concilier vie familiale et vie professionnelle.
L'accueil des jeunes enfants est, donc, l'objet de débats idéologiques antagonistes et les parents, notamment les mères, se trouvent soumis à des injonctions contradictoires : se rendre disponibles et se montrer attenti-f-ves à leur(s) bébé(s) mais en même temps socialiser le jeune enfant plus âgé en vue de son entrée à l'école maternelle.
La nécessité d'accueillir des jeunes enfants au sein des établissements et services de la petite enfance comme de l'école maternelle ne peut se réduire uniquement à permettre aux parents de concilier vie familiale et vie professionnelle, mais répond aussi à l'utilité et à la nécessité pour les jeunes enfants de tisser d'autres relations avec des pairs mais également des adultes hors de la cellule familiale. Pour changer les représentations, il est nécessaire de modifier la formation des professionnel-le-s de la petite enfance. La formation des professionnel-le-s de la petite enfance est largement matrifocalisée. Les idéologies de la primauté maternelle, de la dyade mère/enfant et de la répartition des rôles parentaux sont toujours largement véhiculées par les centres de formation aux différents métiers de la petite enfance [16] .
Les formations prennent notamment appui sur des contenus «psy» qui ne sont pas appréhendés comme étant des constructions sociales mais comme des vérités incontournables. De même, la prise en compte de la dimension genrée du travail social est peu développée dans les formations professionnelles de la petite enfance. Une réflexion sur la féminisation du travail social en général, et du champ de la petite enfance en particulier, est inexistante.
Il s'avère pourtant nécessaire que les enseignements dispensés par les centres de formation abordent la sexuation de ce champ et la mettent en regard des analyses féministes du care afin d'interroger sa forte féminisation et l'influence de cette dernière sur les pratiques professionnelles comme sur la perpétuation des stéréotypes sociaux de sexe. Les centres de formation ont, à notre sens, un rôle important à jouer dans la déconstruction de la division sexuelle du travail social en questionnant la contribution de l'action et de l'intervention sociales à la production du genre [17].
Développer
des politiques d'égalité femmes/hommes efficientes
Depuis le début des années 1980, l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est au centre des préoccupations sociopolitiques françaises. Cependant, l'engagement de la France en faveur de l'égalité femmes/hommes apparaît être davantage un engagement de principe, de bonnes intentions que la mise en œuvre d'une réelle politique d'égalité entre les femmes et les hommes.
La portée des différents textes et recommandations émis n'ayant pas de portées contraignantes, leur portée est donc avant tout symbolique [18] , limitant ainsi les avancées et la modification des résistances au changement. L'analyse des politiques familiales françaises rend compte que les politiques sont sexuées. Dans le contexte économique et social existant en France depuis les années 1980, l'État providence tente de concilier ses objectifs natalistes et sa lutte contre le chômage. Actuellement, dans les discours politiques l'objectif mis en avant au sein de la politique familiale est de reconnaître la fonction parentale, de la soutenir, et de permettre l'articulation de la vie familiale avec la vie professionnelle. Cependant, il apparaît qu'il n'y a pas une réelle volonté politique, pour mettre en place un service public d'accueil de la petite enfance. Il s'agit davantage de résoudre la problématique du chômage en développant par exemple les emplois de service d'aide à la personne, dont les besoins sont importants, en permettant aux parents, mais essentiellement aux mères, de concilier vie familiale et vie professionnelle, à moindre coût.
En effet, à partir des années 1980, la croissance de l'offre de places en établissements collectifs ralentit comme l'a mis en évidence Mariette Sineau [19]. Dans les faits, la mise en place des différentes prestations, telles l'Ape ou la Paje, depuis 2004, a comme revers de renvoyer les femmes ayant un emploi dans la sphère privée. Si la majorité des parents ayant recours à l'Ape ou à la Paje, sont des femmes, à 98% [20], certains hommes, certes minoritaires, désirent cesser temporairement leur activité professionnelle pour garder et s'occuper de leur(s) enfant(s).
Cependant, le recours au congé parental d'éducation, à la prestation d'accueil du jeune enfant (Paje) et au complément de libre choix d'activité, par les hommes, est entravé par son très bas taux d'indemnisation, qui ne permet pas de pallier la perte de salaire qu'implique la cessation totale ou partielle de l'activité professionnelle. Le choix de prendre ou non un congé parental d'éducation (lorsqu'il ne dépend pas d'une assignation aux femmes et, donc, aux mères de pourvoir à la garde des jeunes enfants) répond à un calcul économique prenant en compte les revenus du ménage. La pertinence économique de la cessation temporaire de l'activité professionnelle de l'un ou l'autre des conjoints entrave l'implication des pères et leur investissement dans la garde à domicile de leur(s) enfant(s).
Dans une perspective d'égalité femmes/hommes, il s'avère, donc, nécessaire de revoir les montants des prestations familiales afin que l'arrêt de l'activité professionnelle ne se reporte pas continuellement sur les femmes.
Développer une offre publique de garde
La nécessité de trouver un mode de garde n'est plus à démontrer en ce qui concerne la possibilité pour chaque parent, notamment pour la mère, de poursuivre une activité professionnelle. Cependant, le fait d'avoir obtenu une place dans un établissement d'accueil régulier n'apparaît pas suffisant pour permettre une réelle conciliation vie familiale et vie professionnelle, notamment pour les mères.
En effet, à l'écart entre les offres et les demandes de places en structures d'accueil collectives ou individuelles, un autre facteur limite la possibilité pour nombre de mères d'avoir une activité professionnelle à plein temps ou leur permettant d'assumer des responsabilités et, donc, par exemple d'occuper des postes d'encadrement : les contraintes concernant les limites horaires de l'arrivée du matin et du départ du soir imposées aux parents.
Dans les discours politiques et médiatiques, lorsque est évoquée la notion de conciliation, celle-ci vise les femmes. Les modes de garde de la petite enfance en tant que dispositifs devant permettre cette conciliation sont en permanence liés à la massification du travail des femmes à l'extérieur de la cellule familiale et à la nécessité pour les femmes de déléguer les soins et l'éducation de leur(s) jeune(s) enfant(s) durant leur activité professionnelle. La corrélation entre, d'un côté, le travail des femmes et, d'un autre, la garde des enfants ne participe-t-elle pas à renvoyer sans cesse la responsabilité des jeunes enfants aux femmes, à qui il reviendrait de pourvoir, de façon quasi exclusive, aux soins et à l'éducation des tout-petits et lorsque celles-ci exercent une activité à trouver un mode de garde [21] ? La notion de conciliation, visant quasi exclusivement les femmes, telle que développée dans les politiques publiques semble participer à l'assignation des femmes à porter un plus grand intérêt aux enfants que les hommes, ainsi qu'à une déresponsabilisation des hommes et des pères [22] .
Le développement d'une offre de garde s'avère, donc, nécessaire afin de permettre aux femmes d'accéder aux mêmes types d'emplois que les hommes, notamment aux postes d'encadrement. L'analyse de la diversité des modes d'accueil et de garde, particularité française, met en évidence qu'elle ne profite pas à tous les ménages. L'utilisation du terme «libre choix» du mode de garde apparaît, donc, mensongère [23]. De plus, la diversité des modes de garde a un revers non négligeable, celui de limiter le développement d'une offre publique, et de renvoyer le choix du mode de garde à une question privée et à une affaire individuelle alors qu'il s'agit d'une question hautement politique, relative à un projet de société dans lequel l'égalité femmes/hommes ne constituerait plus uniquement un discours.


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