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De la confrontation idéologique à la rééducation des djihadistes (IV)
Islamisme radical
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 01 - 2010

La lutte contre la radicalisation et le combat contre-idéologique incluent d'autres aspects, que nous renonçons évoquer ici, à commencer par le développement de sites web supposés offrir une réponse et un barrage à la diffusion du discours djihadiste en ligne ; l'importance du réseau Internet pour ce dernier est, en effet, de plus en plus manifeste, comme nous l'avons déjà mentionné à propos de l'approche britannique.
«Lavage de cerveau» : du discours anti-sectes à la lutte contre le djihadisme?
En écoutant plusieurs communications, durant le colloque de Singapour, l'auditeur ne pouvait être manqué d'être frappé par un langage thérapeutique et un vocabulaire épidémiologique : des intervenants évoquaient l'idéologie djihadiste comme un virus qui se diffuse, ou une tumeur qu'il s'agirait d'extirper. La réorientation des djihadistes vers un islam «acceptable» est présentée en des termes qui semblent, parfois, analogues à celui d'un processus de guérison. Il faut noter que le discours est adopté même par des islamistes opposés au djihadisme. Ainsi, dans un entretien publié en 2005, Kamal Helbawy, membre des Frères musulmans et ancien responsable de plusieurs associations considérées comme islamistes, expliquait avoir proposé aux autorités britanniques la création de «centres de traitement» pour personnes ayant été influencées par «cette idéologie malsaine» (this sick ideology), et déclarait considérer ces gens comme «malades» (Mahan Abedin, «How to Deal with Britain's Muslim Extremists ? An Interview with Kamal Helbawy», Spotlight on Terror, 3/6, 5 août 2005). Dans le champ religieux, tout cela ne peut manquer de rappeler les controverses apparues, dès les années 1970, autour de groupes qualifiés de sectes et accusés d'endoctriner leurs adeptes, et de leur «laver le cerveau». Aux yeux de certains critiques de tels groupes, cela justifiait parfois l'enlèvement de membres (généralement par leurs familles, avec l'assistance de personnes recrutées pour cette tâche) afin de les emmener dans un endroit d'où ils ne pouvaient s'échapper, afin d'y être «déprogrammés». Ces pratiques semblent avoir nettement diminué, depuis quelques années, et plusieurs anciens «déprogrammeurs disent renoncer, aujourd'hui, à l'usage de la contrainte.
L'expression de «lavage de cerveau» a commencé à être utilisée à partir des années 1950, dans le contexte de la guerre de Corée et de certaines méthodes communistes pour tenter de convaincre, idéologiquement, des détenus américains. La notion de «lavage de cerveau» n'est pas, vraiment, une catégorie scientifique, et les critiques des méthodes de certaines sectes préfèrent, pour la plupart, parler aujourd'hui de «manipulation mentale». Le sujet reste controversé, comme le montre (cf.la deuxième partie de l'ouvrage collectif dirigé par Benjamin Zablocki et Thomas Robbins, Misunderstanding Cults : Searching for Objectivity in a Controversial Field, University of Toronto Press, 2001). Après les événements du 11 septembre 2001, plusieurs groupes critiques envers les sectes ont suggéré que leur approche pouvait s'appliquer à l' «endoctrinement» djihadiste et que celui-ci relevait d'un modèle analogue au recrutement et au maintien de l'adhésion dans des groupes sectaires. Cette démarche relève d'un processus d'élargissement progressif des champs couverts par la critique des sectes (passant de quelques «cibles» originelles à une variété beaucoup plus grande de mouvements dont les comportements sont jugés «sectaires» : groupes politiques marginaux, groupes au sein d'Eglises établies, etc.). En outre, durant les années 1990, et particulièrement à l'approche de l'an 2000, les courants «anti-sectes» avaient mis l'accent sur les dangers éventuels présentés par des mouvements apocalyptiques susceptibles de recourir à la violence, dans le sillage d'événements tels que les Branch Davidians à Waco (Texas), ou des cas de suicides/assassinats collectifs ; ces prévisions ne se réalisèrent pas, mais les événements du 11 septembre 2001 ouvrirent de nouvelles perspectives, rappelle Stuart A. Wright («Reframing Religious Violence after 9/11: Analysis of the ACM Campaign to Exploit the Threat of Terrorism», Nova Religio, 12/4, mai 2009, pp. 5-27). La tentative de certains groupes «anti-sectes» d'étendre, ainsi, leur champ de compétence vers le terrorisme de type djihadiste ne semble pas avoir entièrement atteint ses buts, peut-être par manque d'intervenants possédant des qualifications pouvant leur donnant une crédibilité par rapport à l'islam, et aux courants djihadistes. Stuart Wright rappelle, aussi, que les recherches sur le terrorisme ne mettent pas prioritairement l'accent sur les facteurs psychologiques dans les motivations, bien que cela semble avoir un peu changé, car «[l]es experts européens de la lutte antiterroriste s'intéressent, de plus en plus, aux outils que pourrait leur fournir la psychologie pour prévenir des attaques, obtenir des renseignements mais, également, endiguer le phénomène de radicalisation» (Le Monde, 24 juillet 2005). En outre, il existe certaines différences essentielles entre des groupes religieusement marginaux, même s'il arrive qu'ils utilisent des techniques terroristes dans des cas rarissimes (par exemple Aum Shinrikyo au Japon), et des groupes extrémistes qui se situent dans la continuité d'une grande tradition religieuse (cf. J.-F. Mayer, «Cults, Violence and Religious Terrorism : An International Perspective», Studies in Conflict & Terrorism, 24/5, sept.-oct. 2001, pp. 361-376).
Cela ne signifie pas l'absence de passerelles dans les modèles explicatifs sur des sectes controversées, et ceux qui s'appliquent aux projets de «rééducation» de djihadistes : sur un plan très concret, un représentant des services de sécurité de l'un des pays les plus actifs, dans ce domaine, nous a confirmé que certaines des figures de proue de la critique des sectes selon des modèles psychologiques avaient été invitées, dans ledit pays, afin d'y exposer leurs observations et expériences aux responsables des programmes de rééducation des djihadistes.
Nous pouvons relever aussi, au passage, d'intéressants parallèles dans le rôle attribué aux repentis — considérés, en raison de leur expérience, comme des «experts» pouvant à leur tour contribuer à une action préventive — tant dans la pratique de certains milieux critiques à l'encontre des sectes que de certains programmes de rééducation des djihadistes, ou de lutte contre l'extrémisme (pour ce dernier aspect, les biographies des principaux animateurs de la Quilliam Foundation, que nous avons citée plus haut, sont révélatrices). Mais la motivation des djihadistes est-elle, avant tout, idéologique ? Plusieurs communications présentées lors du colloque de février 2009, à Singapour, suggèrent une variété de situations. A côté d'engagements de nature doctrinaire, d'autres semblent être le fruit de circonstances et de contextes politiques : en Irak, par exemple, les personnes arrêtées en raison de soupçons d'implication dans des activités terroristes sont loin d'être, tous, des croyants zélés. Outre des convictions idéologiques, des conflits, et les injustices qui les accompagnent, peuvent jouer un rôle de forte motivation : plusieurs interventions ont rappelé que l'existence de telles situations continuerait d'alimenter des vocations militantes.
Inévitablement, les programmes de «rééducation» des djihadistes suscitent des questions, sur différents plans. Sans entrer dans ce débat, qui ne relève pas du propos de Religioscope, il paraît assez difficile d'évaluer dans quelle mesure un détenu a été «rééduqué» et sa famille «immunisée», observe Kumar Ramakrishna («A Holistic Critique of Singapore's Counter-Ideological Program», CTC Sentinel, 2/1, janvier 2009, pp. 8-11). Encore que l'on puisse dire que l'absence de nouveaux actes de violence ou de propagande extrémiste de la part des détenus libérés soit un signe positif par rapport aux objectifs du programme. Cela dit, comme le reconnaissait un haut responsable des services de sécurité de Singapour, personne ne peut lire l'esprit d'un être humain et savoir ce qu'il pense vraiment. Les initiatives évoquées dans cet article illustrent de nouveaux développements, dont l'importance ne doit pas être négligée. Ils entraînent des Etats non seulement dans un combat idéologique, mais aussi sur le terrain de la définition des partenaires souhaitables au sein de communautés religieuses et du discours religieux, considéré comme acceptable et normatif. Tout cela pourrait avoir des conséquences, encore imprévisibles, positives ou non, au delà de la question du djihadisme.
(Suite et fin)


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