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Objet et méthodologie de son écriture (II)
Histoire
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 06 - 2010

L'histoire de l'Algérie est de nouveau sur la scène publique à travers deux évènements culturels que sont la publication du livre de Saïd Sadi relatif à la mort du colonel Amirouche, chef de la Wilaya 3 historique, qui a donné lieu à des controverses et des débats qui se sont éloignés de la vérité au lieu de s'en rapprocher, et la projection du film de Bouchareb Hors la loi au festival de Cannes, qui a connu le même sort.
Méthodologie de l'écriture de l'histoire
Une fois qu'il a défini l'objet de l'histoire, Ibn Khaldoun définit la méthodologie de son écriture. La définition de la méthodologie de l'écriture de l'histoire a aussi un but, celui d'accéder à la vérité d'un côté et d'éviter les erreurs de l'autre.
Pour cela, Ibn Khaldoun écrit : «Pour écrire des ouvrages d'histoire, il faut disposer de nombreuses sources et de connaissances variées. Il faut aussi un esprit réfléchi et de la profondeur pour conduire le chercheur à la vérité et le garder de l'erreur. S'il se fie aux récits traditionnels, s'il n'a pas la claire notion des principes fournis par la coutume, les fondements de la politique, la nature même de la civilisation et les conditions qui régissent la société humaine, si, d'autre part, il n'évalue pas sa documentation ancienne ou de longue date en la comparant à des données plus récentes ou contemporaines, il ne pourra éviter le faux pas et les écarts hors la grande route de la vérité. Historiens, commentateurs du Coran et grands ‘'traditionnistes'' ont commis bien des erreurs. Ils acceptent d'emblée leurs histoires pour argent comptant sans les contrôler auprès des principes ni les comparer aux récits du même genre. Pas plus qu'ils ne les éprouvent à la pierre de touche de la philosophie, qu'ils ne s'aident de la nature des choses ou qu'ils ne recourent à la réflexion et à la critique. Ainsi s'égarent-ils loin de la vérité pour se trouver perdus dans le désert de la légèreté et de l'erreur.» Plus loin, il ajoute ceci : «Il faut distinguer le connu du supposé et le certain du possible.» Il ajoute encore que l'histoire pleine d'erreurs est «devenue une branche confuse où abondent les quiproquos, ce qui désoriente les chercheurs. Pour orienter le chercheur, Ibn Khaldoun propose ceci : «Il lui faut comparer le passé et le présent, le proche et le distant, les causes de ressemblance et des différences… Son objectif doit connaître à fond les causes de chaque événement et leur origine. A cette fin, il lui faut vérifier ses informations avec ses principes. En cas d'accord, l'authenticité est certaine, sinon, les faits sont apocryphes… Ainsi, le public mal informé croit-il qu'il s'agit d'une science facile. C'est ainsi que le bon grain est mélangé avec l'ivraie et le mensonge avec la vérité.»
Poursuivant la description de la méthodologie, Ibn Khaldoun cite le changement des conditions historiques. Il écrit : «Les historiens ont encore à se garder d'un autre risque, celui de négliger le changement, dans les conditions propres aux nations et aux races, dû aux transformations des temps et à la fuite des jours. Ces changements sont comme une maladie latente, qu'on décèle que, longtemps après sa naissance, et dont très peu de gens ont conscience.»
Abordant le mensonge dans les ouvrages d'histoire, Ibn Khaldoun énumère sept causes sources des mensonges et des erreurs. Il écrit : « Le mensonge s'introduit naturellement dans l'information historique. Plusieurs raisons concourent à cette fin.» Il cite les raisons que voici :
1) L'esprit partisan en faveur de certaines opinions ou certaines tendances. Un esprit qui reçoit un renseignement avec impartialité lui accorde le degré voulu d'examen critique pour trancher de son authenticité ou de son caractère apocryphe. Tandis qu'un esprit prévenu acceptera, sans hésiter, la version favorable à ses propres tendances. Ce genre de préjugé voile l'esprit critique et l'esprit d'examen. Et c'est ainsi que l'on admet et retransmet le mensonge.
2) La confiance aveugle que l'on fait aux sources d'information est une deuxième cause d'erreur. Or, pour savoir si l'on doit faire crédit à quelqu'un sur ce point, il faut lui appliquer la méthode d'enquête de moralité.
3) La troisième raison est l'ignorance de la signification d'un évènement. Bien des gens ne connaissent pas le sens réel de faits qu'ils ont observés ou dont ils ont entendu parler. Ils transmettent ensuite un renseignement auquel ils attribuent une valeur imaginaire. Résultat : erreur
4) La quatrième raison est que chacun est persuadé de détenir la vérité. C'est une illusion fréquente, qui tient, le plus souvent, au crédit accordé aux informateurs.
5) La cinquième raison est la méconnaissance de l'application des circonstances à la réalité, qui dépend, en fait, des remaniements ambigus et des altérations. C'est ce côté artificiel des choses qui empêche les observateurs de raconter les évènements tels qu'ils les ont compris.
6) La sixième raison est la flatterie des dirigeants. Comme on n'approche pas les grands de ce monde sans avoir la flatterie et la louange à la bouche, on embellit leur histoire et on répand leur renom. Ces récits, devenus publics, n'ont rien de véridique.
7) La septième raison, sans doute la plus importante, est l'ignorance des caractères naturels de la civilisation. Tout phénomène ou événement possède forcément, soit essentiellement, soit matériellement, un caractère naturel, propre aussi bien à son essence qu'aux circonstances qui l'accompagnent. L'étudiant qui connaîtrait la nature des évènements, les circonstances et les nécessités de l'existence serait bien armé pour exercer son examen critique au tri du mensonge et de la vérité. Il disposerait, à cet effet, du moyen le plus efficace.
Voici les sept raisons qui conduisent à l'erreur et au mensonge dans l'écriture de l'histoire et comment les éviter. Ils constituent avec ce qui les précède la méthodologie scientifique élaborée par Ibn Khaldoun pour arriver à la vérité historique et éviter les mensonges.
Pour les études historiques futures, j'ai appliqué cette méthodologie. Elle m'a permis de découvrir les mensonges grossiers dans l'histoire officielle, dans le livre de Harbi le FLN : mythe et réalité, dans les témoignages de Benbella, les mémoires de Messali Hadj, l'assassinat du colonel Amirouche, en exploitant aussi bien les sources algériennes que celles françaises, en intégrant les évènements dans leurs contextes historiques, tout en tenant compte des changements qui ont engendré des dynamiques nouvelles qui ont abouti à d'autres évènements.
Autrement dit, il fallait déconnecter l'effet de la cause, d'abord pour les délimiter afin d'étudier tel ou tel événement comme effet ou comme cause avec ses effets et ses conséquences pour reconstituer l'interaction, ou la corrélation, c'est-à-dire la dépendance d'un événement supposé secondaire ou mineur d'un événement majeur, devenu mineur chez certains pour rendre majeur un événement mineur. Autrement dit, il fallait reconstituer en totalité l'histoire nationale depuis 1912 à ce jour à la lumière de la méthodologie d'Ibn Khaldoun. Elle a donné des résultats nouveaux et surprenants jamais connus auparavant. Je livrerai quelques-uns aux lecteurs qui sont libres d'apprécier, de critiquer, d'enrichir et d'apporter ce qu'ils ont à leur disposition.
(Suite et fin)


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