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L'Etat a-t-il les moyens de réguler le marché ?
Flambée des prix des fruits et légumes et des viandes
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 08 - 2010

N'empêche que les ménages aux revenus modestes jugent les prix des fruits et des légumes frais ainsi que ceux des viandes rouge et blanche assez élevés. Mais qu'est-ce qui fait flamber les prix à la veille de chaque Ramadhan ? Pour «les théoriciens» de l'économie de marché, c'est la loi de l'offre et de la demande qui oriente les prix vers le haut ou vers le bas. Et l'équation est bien simple : durant le mois de Ramadhan la demande sur les produits frais et sur les viandes augmente. D'où cette hausse sensible des prix. Ces derniers baissent une fois que la fièvre des achats tombe. Mais si les pouvoirs publics parlent très souvent de demande, l'offre par contre reste méconnue. Les agriculteurs algériens produisent-ils assez pour approvisionner les marchés ? Revenons aux chiffres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour avoir une idée sur les quantités produites par l'agriculture algérienne. Selon le département de Benaïssa, la production maraîchère du pays est passée de 3,6 millions de tonnes en 2001 à plus de 6,5 millions de tonnes en 2008, dont plus de 2,5 millions de tonnes de pomme de terre. Cela représente une hausse de 75% en l'espace de huit ans. Même constat pour la production des fruits frais. Cette dernière est passée de 958 000 tonnes en 2001 à 1,44 millions de tonnes en 2006. Soit une croissance de 50,30% en l'espace de six ans. Selon toujours les chiffres du ministère, l'agriculture algérienne produit en moyenne 180 kg de légumes frais et 41 kg de fruits par habitant. Une production jugée largement suffisante pour couvrir la demande et réguler le marché, y compris durant le mois de Ramadhan. Mais ces chiffres du ministère de l'Agriculture sont-ils crédibles ? Difficile de répondre à cette question en raison de l'archaïsme et de l'anarchie qui caractérisent les marchés de gros des fruits et des légumes. De ces millions de tonnes de légumes et de fruits produits par les agriculteurs, quelles sont les quantités qui sont commercialisées par l'intermédiaire des marchés de gros en activité à travers le territoire national ? Quelles sont les quantités qui passent par le circuit informel et quelles sont aussi les quantités détruites par les spéculateurs pour maintenir les prix à la hausse ? Les ministères de l'Agriculture et du Commerce ne peuvent répondre à ces questions à partir du moment où ils n'ont aucune emprise sur la chaîne nationale de distribution et de commercialisation des fruits et des légumes frais. Au milieu des années 1980, l'Etat mène tambour battant un processus de réforme de l'activité agricole et commerciale. Les offices étatiques et les coopératives intervenant dans la commercialisation des produits agricoles et la régulation du marché à l'exemple de l'Ofla (Office de commercialisation des fruits et des légumes) et les Cofel, au niveau des wilayas, seront dissoutes et leurs biens démembrés. Les marchés de gros des fruits et légumes construits par l'Etat seront de leur côté loués à des privés par les collectivisés locales. L'entreprise publique qui gérait pour le compte de l'Etat la chaîne nationale du froid, l'Enafroid, sera elle aussi dissoute et les biens cédés à des privés ou carrément abandonnés. L'Etat qui venait d'adopter les principes de l'économie de marché se retire de la fonction de commercialisation et de stockage au profit de l'initiative privée et pouvait se contenter du seul rôle de régulateur du marché. Mais ayant perdu toute emprise sur le marché, l'Etat ne pouvait même pas assumer son rôle de régulateur. Et il s'est avéré que le «privé algérien» était incapable de remplacer l'Etat pour réguler le marché. L'ouverture économique et l'éclipse de l'Etat n'ont pas donné naissance à des chaînes de distribution modernes et à des centrales d'achats capables de préserver les intérêts des producteurs et des consommateurs. Le marché était totalement livré à la spéculation, à la concurrence déloyale, à l'informel, à la fraude et aux gains facile.
En parallèle, l'Etat ne cessera pas de fournir l'appui nécessaire aux agriculteurs. De 2005 à 2009, l'Etat va mobiliser 300 milliards de dinars au profit de l'agriculture dans le cadre d'un programme complémentaire de soutien à la croissance. 57 autres milliards de dinars seront accordés au développement de l'agriculture dans les régions des Hauts-Plateaux et du Grand Sud. Durant cette même période, plus de 40 milliards de dinars de dettes des agriculteurs seront effacées. Pour la période 2010-2014, l'Etat compte accorder près de 1 000 milliards de dinars au profit de l'agriculture. En mobilisant des montants aussi importants au profit des agriculteurs, l'Etat ne peut-il avoir un droit de regard sur la production agricole et sa destination ?
Après plus de deux décennies d'éclipse, le gouvernement a finalement compris que le marché ne pourrait être régulé avec un Etat totalement absent des circuits de distribution, d'où la décision prise de créer une entreprise publique chargée de la gestion des marchés de gros. Une décision qui permettrait d'avoir une idée des quantités de fruits et des légumes qui transitent annuellement par le circuit formel de commercialisation. Il est important aussi d'avoir une idée sur les coûts à la production des produits agricoles ainsi que les marges des agriculteurs et des intervenants dans les circuits de commercialisation. En résumé, il est utile de savoir si les prix de vente aux consommateurs, à n'importe quel moment de l'année, sont justifiés.
La problématique des viandes
Après plus de deux décennies de désinvestissement, le gouvernement semble reprendre l'initiative pour être plus présent dans les circuits de distribution et de commercialisation et jouer ainsi son rôle de régulateur. Il y a quelques mois une convention entre la Badr (banque agricole) et la Proda (Entreprise étatique intervenant dans la production agricole) a été signée. Cette convention permet le financement de la construction de six entrepôts frigorifiques d'une capacité totale de 627 000 m3. Ces nouvelles structures permettront de renforcer le dispositif de régulation des produits agricoles. Auparavant, l'Etat apportait son soutien aux opérateurs privés désirant installer des chambres froides. Mais pour la majorité de ces privés, il est plus profitable d'utiliser ces chambres pour stocker les fruits et autres produits périssables importés que de participer à l'effort du gouvernement pour réguler le marché. Chez le privé, le profit l'emporte largement sur les intérêts de la collectivité. Face à cette situation, l'Etat décida de réhabiliter et de renforcer la chaîne nationale publique du froid pour stocker les produits agricoles de base à l'exemple de la pomme de terre, des oignons, tomates, etc.
La commercialisation et la distribution des viandes rouges et blanches n'échappent pas elles aussi à l'anarchie qui règne dans les marchés des fruits et légumes. Un récent rapport d'évaluation de la filière viandes dans le pays soulignait que «le marché de la viande rouge est archaïque, anarchique et spéculatif. La commercialisation du cheptel vif est le tableau relativement obscur de la filière». Face à cette situation, le gouvernement a décidé, depuis des années, d'ouvrir les vannes des importations pour réguler le marché. Et la récente polémique suscitée par l'importation de quelques milliers de tonnes de viandes bovine d'Inde témoigne des difficultés éprouvées par l'Etat à jouer son rôle de régulateur. Quelques semaines avant le mois de Ramadhan, le kilo de viande ovine de premier choix ne dépassait pas les 780 DA. Le premier jour du mois sacré son prix est passé à 900 DA. Le kilo de steak (viande bovine) était de 1 000 DA, au moment où la viande bovine congelée d'importation était cédée à 550 DA le kilo. Pourtant, de l'année 2000 à celle de 2008, la production de viande rouge (bovine et ovine) du pays a augmentée de 28% passant ainsi de 250 000 t à près de 320 000 t.
Concernant les viandes blanches, la croissance a été plus importante durant la même période. De 198 000 t produites en 2000, la production de viandes blanches est passée à 280 000 tonnes en 2008, ce qui représente une hausse dépassant les 41%. Pourtant, en ce mois de Ramadhan, le kilo de poulet avoisinait les 340 DA, malgré les 5 000 t de viande blanche congelée mis sur le marché par l'opérateur public Proda au prix de 250 DA le kg. Une goutte d'eau dans un océan de spéculation.
Que doit faire l'Etat pour réorganiser le marché et maîtriser l'offre et la demande ?
Les rédacteurs du rapport sur la filière viandes répondent clairement à cette interrogation : «La politique des viandes ne doit pas se limiter à la seule question de la production d'animaux sur pieds. Les problèmes de commercialisation du cheptel vif, de son abattage, de sa transformation en viande, de son stockage et de sa commercialisation sont aussi importants pour maîtriser l'ensemble de la filière viandes».
Cette conclusion semble avoir était prise en considération par le gouvernement. Il y a quelques semaines, un accord pour la construction de trois complexes d'abattage d'ovins et bovins a été signé entre la Badr et le groupe public Proda. Ces abattoirs seront implantés dans trois des plus importants marchés à bestiaux du pays : Bougtob dans la wilaya d'El-Bayadh, Hassi Bahbah dans la wilaya de Djelfa et Aïn Mlila. La capacité de ces trois abattoirs régionaux serait de l'ordre de 40 000 t, soit l'équivalent des quantités moyennes de viande rouge congelée importée annuellement par l'Algérie.
Après un désengagement qui a duré plus de vingt ans, l'Etat semble décidé à revenir en force pour jouer son rôle de régulateur dans le marché des fruits et des légumes ainsi que celui des viandes.
Selon les données chiffrées de la Banque d'Algérie, le secteur de l'agriculture avait fourni plus de 720 milliards de dinars (10 milliards de dollars) au produit intérieur brut en 2008. Une partie importante de cette richesse échappe au contrôle de l'Etat et à l'administration fiscale et para-fiscale. L'argent de la spéculation dans le commerce des fruits et légumes et des viandes blanches est ainsi blanchi dans le foncier et l'immobilier dans les grandes villes au lieu de servir à soutenir le développement des campagnes et des régions des Hauts-Plateaux. Et il est inconcevable que l'Etat puisse engager plus de 1 000 milliards de dinars au profit du développement agricole sans que cela ait des retombées positives sur l'offre et les prix des produits agro alimentaire. Il est moins coûteux pour l'Etat de maîtriser le marché et les prix dans leur ensemble que d'augmenter régulièrement les salaires pour faire faire face à l'inflation galopante et à l'érosion du pouvoir d'achat de larges couches de la population.


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