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Regard : Maurice Audin ou le déni des crimes coloniaux
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 12 - 2010

Maurice avait vingt-cinq ans, était mathématicien, assistant à l'université des sciences d'Alger, etmilitant communiste. Il est enlevé chez lui par les hommes de Bigeard le 11 juin 1957 vers 23 heures. Il est conduit au centre de triage d'El-Biar, où il est immédiatement torturé. Il est mort dix jours plus tard. C'était terrible, mais il y a pire. Sa femme Josette et ses enfants ne sauront jamais ce qu'est devenu son cadavre. Parmi tous les criminels de l'époque qui vivent encore, il y en a bien quelques-uns qui savent et qui pourraient soulager la douleur d'une famille.
De toute évidence, ils n'en feront rien, jusqu'au bout. Même pas par un petit mot anonyme qui soulage une conscience, pour autant qu'il y en ait une. Il y a aussi ces gigantesques appareils, militaire et policier, avec leurs moyens et leurs archives, qui ne font pas le moindre petit geste vers la plus petite tentative d'enquête. Il s'est pourtant passé 53 ans depuis que Josette attend de savoir où porter des fleurs et caresser ses plus doux souvenirs.
François Mitterand, ministre de l'Intérieur, avait dit, le 12 novembre 1954, à la tribune de l'Assemblée nationale française : «L'Algérie, c'est la France. Les départements de l'Algérie sont des départements de la République française.»
En trois jours tout a été mis en place. On a dit : «Est-ce pour maintenir l'ordre ?» Non, pas seulement. C'est pour affirmer la force française et marquer notre volonté... L'Algérie c'est la France ! Et qui d'entre vous, Mesdames et Messieurs, hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France ? Tout sera réuni pour que la force de la nation l'emporte en toute circonstance.
C'est vers les leaders, vers les responsables qu'il faudra orienter notre rigoureuse répression. Les assassins lancés aux trousses des insurgés contre «l'Algérie française» ne se sont pas fait prier. Ils ont accompli leur mission dans les règles de l'art et ont excellé dans la répression avec la rigueur commandée par le ministre.
Audin s'est trouvé sur leur chemin et ils ne l'ont pas raté. Ils ont même voulu qu'il n'ait jamais existé, convaincus qu'ils étaient de combattre non pas des êtres humains mais une espèce sans droits, sur laquelle on leur a fait comprendre qu'ils détenaient un pouvoir absolu. En droit cela s'appelait «les pouvoirs spéciaux».
L'un d'entre eux, principal suspect, a eu droit plus tard à la «légion d'honneur» ; il est mort depuis avec ce secret qui torture une famille depuis 53 ans.
Un acte de décès est établi par le tribunal d'Alger le 1er juin 1963 et le jugement n'est devenu exécutoire en France que le 27 mai 1966. Trois ans après, en vertu de la négation persistante du meurtre et de la subtilisation du corps.
«Cette distinction décernée par vous est incompatible avec cette non-réponse de votre part (il s'agit du refus de contribuer à faire la vérité, ndlr). Vous me voyez donc au regret de vous informer que je ne souhaite pas recevoir cette décoration», écrit, à Sarkozy, Michèle Audin, fille de Maurice Audin.
Elle refusait le grade de chevalier de la légion d'honneur qu'il propose de lui décerner. Elle avait commencé par lui dire qu'elle était «très heureuse de cet intérêt montré à (sa) contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et à la popularisation de cette discipline (…)».
Par son exemplarité, l'histoire de ce militant de la cause algérienne illustre l'impossible «apaisement» de la mémoire que certains veulent nous faire confondre avec l'absolution par l'oubli des crimes coloniaux.


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