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Les visées secrètes de la haute finance
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 06 - 2009

Personne ne met en doute l'utilité d'une “basse” finance: face à la corvée d'avoir à charrier son argent dans des coffres, avec balances et réactifs pour en vérifier la pureté, escorte armée indispensable et seconde escorte pour surveiller la première, il est certain que le loisir d'utiliser des chèques, des billets de banque et des cartes de crédit, n'est pas sans atouts. Et la possibilité qu'ont les ménages de recourir aux emprunts et aux prêts, pour éviter d'avoir à faire coïncider revenus et dépenses journalières, hebdomadaires, mensuelles ou annuelles, non plus.
Mais quelle est l'utilité de la “haute” finance?
La définition conventionnelle qu'en donnent les économistes lui confère trois sortes d'utilité. Elle permet d'abord à un grand nombre d'épargnants de mettre en commun leur argent pour financer des projets dont l'envergure est en mesure de répondre à celle dont l'industrie moderne à gros capital est capable.
Ensuite, la haute finance est une arène à l'intérieur de laquelle les patrons de grosses corporations doivent répondre de leurs pires abus. La démocratie ne fonctionne pas chez les actionnaires, tout bonnement, la peur, en revanche, qu'ont les patrons d'être débarqués si leurs cotations en bourse tombent trop bas, représente une contrainte utile.
Enfin, la haute finance permet la diversification de portefeuille, grâce à quoi les investisseurs peuvent, individuellement, escompter des profits élevés, sans avoir à s'exposer aux risques énormes et caractérisés de banqueroute et de pauvreté.
Ce sont là des avantages que la haute finance réserve au monde idéal des économistes – c'est à dire à un monde de rationalistes utilitaristes, excellentes machines à calculer aptes à suppléer au manque de prévisibilité, pour qui la programmation dynamique n'a aucun secret et dont le quotidien est fait de calcul stochastique. Leur monde n'a rien à voir avec le monde dans lequel nous vivons.
Les économistes ont passé leur vie à essayer de développer des théories sur la façon dont certaines caractéristiques relevant de la réalité viendraient à se vérifier, si nous vivions vraiment dans leur monde idéal, mais tel n'étant pas le cas, leurs entreprises théoriques sont d'une utilité discutable. Elles reviennent à expliquer quel gâteau de mariage délicieux on pourrait confectionner, en n'y mettant que du miel, du bicarbonate de soude et de l'aubergine crue.
Si on revient au monde tel qu'il est, on comprend vite que la haute finance rend deux autres services à notre bien-être économique collectif. En incitant à épargner, à amasser et à investir, elle nous garantit des apports fiables et disponibles, même en cas de coup dur.
Et cette incitation à l'épargne et à l'investissement est à la fois un prélude à notre tendance à nous adonner aux jeux d'argent, et son prolongement.
Nous sommes certainement beaucoup plus heureux d'épargner et d'amasser – et beaucoup plus enclins à le faire, si nous pensons avoir sous la main cet argent épargné et amassé. Toutefois, quand on investit sa fortune – dans la propriété intellectuelle de Pfizer, les usines de Shenzhen, les réseaux de distribution mondiale ou les centres commerciaux d'Atlanta – de fait, on n'en dispose pas. L'argent investi ne peut avoir qu'un semblant de disponibilité aux yeux de l'un ou l'autre d'entre nous, et uniquement si la collectivité n'est pas prise d'un soudain désir de disponibilité.
Et nous sommes d'autant plus heureux d'épargner et d'amasser, que nos décisions reçoivent des réponses, positives et négatives, dans un laps de temps qui nous permet de croire qu'en modifiant notre stratégie, nous ferons mieux la prochaine fois – confer marketwatch .com et CNN/Money.
Bien entendu, les investisseurs qui croient fermement que leur argent est disponible et que c'est à leur profit exclusif qu'ils le valorisent en achetant et en vendant, sont bien naïfs. Si une urgence survient, une fortune financière n'en devient pas disponible pour autant. Quand nous achetons et vendons, ce n'est pas nous qui nous enrichissons, ce sont les experts et les teneurs de marché.
Cette naïveté nous est cependant profitable. Psychologiquement, nous sommes d'un naturel impatient, alors mieux vaut nous bercer de l'illusion que notre argent est bien à l'abri et que nous sommes à même de le faire fructifier par d'habiles opérations d'investissement, car cette illusion nous inspire un comportement moins impatient. Collectivement, cette illusion va nous pousser à épargner et augmenter ainsi notre capital, lequel augmentera à son tour tous nos traitement et salaires.
John Maynard Keynes s'est penché il y a soixante-treize ans sur la réforme et la régulation des marchés financiers, du point de vue de leurs trois premières visées, et il a été “tenté… de faire de l'investissement une opération perpétuelle et indissoluble, comme le mariage…” Mais il s'est immédiatement ravisé du fait que, “pris individuellement, chaque investisseur se figure que l'argent qu'il a engagé est ‘liquide' (ce qui ne se vérifie pas pour tous les investisseurs pris collectivement), [que] ses nerfs en sont calmés et [qu']il est beaucoup plus prompt à prendre un risque…”
En outre, pour Keynes, “investir professionnellement est un jeu odieusement ennuyeux et difficile, pour qui n'a pas la fibre joueuse; tandis que celui qui en est pourvu aura à payer un tribut en proportion de son penchant.”
Voilà les raisons pour lesquelles, chaque fois que nous avons dû envisager de réformer notre système de réglementation financière, nous avons pu sembler paralysés depuis une ou deux générations. Et voilà pourquoi nous le sommes encore aujourd'hui, même face à une grave crise financière.
Traduit de l'anglais par Michelle Flamand
* Professeur d'économie à l'université de Californie à Berkeley


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