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Mouvement des cadres: Le carrousel des fonctionnaires
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 10 - 2010

Le dernier mouvement des walis a entraîné également dans son sillage un autre mouvement opéré dans l'encadrement
de l'Etat. Celui-ci a concerné les cadres des services extérieurs entre chefs de daïra et directeurs d'exécutif. Toutes les wilayas sinon leur quasi-totalité ont connu un changement presque radical au niveau de leurs responsables. Ainsi, un incessant va-et-vient s'est produit au bonheur des uns et aux heurts des autres.
Un mouvement suppose une dynamique comme un son ou une vibration prédispose à une mobilité certaine. Notre cadre, s'il ne l'est plus, est comme un poney galant qui exécute, dans le cadre d'un mouvement, des galopades métrées décidées par les maîtres de l'heure.
Des centaines de décisions de mouvement ont touché des centaines de travailleurs. Ces travailleurs qu'une loi, à une certaine époque d'égalitarisme, voulait qu'ils soient tous les mêmes. Le SGT. L'attribut de fonctionnaire tendait à disparaître du jargon administratif, tellement empoisonné par les relents qu'octroyait à ce terme son sens politique. En effet, cette loi définissait comme travailleur toute personne vivant d'un effort intellectuel ou manuel. Y avait-il, par ailleurs, une troisième voie ? Le président de la République, le leadership du parti bien unique et le ministre du Travail étaient alors de simples travailleurs, tout comme le cordonnier, le teinturier du coin ou le vigile et l'appariteur à la SONA… La Fonction publique s'assimilait à une entreprise presque d'autogestion ou à une grande SARL étatique dont la puissance des biceps est un outil de production et la présence, même passive, une force de travail. Au regard du harassement qui terrassait, par la baisse la productivité, appel est fait à la loi pour légaliser et la durée de travail et le repos dit légal, loin de toute loi naturelle régissant le corps humain. On ne pouvait définir le fonctionnaire qu'en tant que piètre quantité de savoir-faire et surtout de savoir se taire. Il est une somme d'instructions qui l'aide à s'asservir et à se sacrifier pour l'intérêt suprême de l'Etat ; ce patron, cet employeur et pourvoyeur de la subsistance soldatesque qui lui permet de vivoter ou, pour reprendre, quoique maladroitement et en retard, Marx, en disant juste pour se revigorer ou reconstituer cette force, ô combien utile et bénéfique pour le propriétaire de l'usine…de l'administration!
Même le fonctionnaire connaît les affres du taylorisme, cette distribution machinale du travail. Il la vit par son corps et son âme. Au nom du noble principe qu'était la mobilité dans les esprits qui l'ont conçue, aux tous débuts des balbutiements de l'idée de la Fonction publique, l'on se permet à jeter, comme le fait le semeur, des personnes-grains ou des fonctonnaires-poussières dans les sillons des terres arables ou en jachère. L'agent d'encadrement public devient ainsi un produit sans volonté et changeable à volonté. Si au moins on lui laissait l'honneur de décocher avec nif le tablier ou lui permettre facilement de se déposer. Une consigne tacite et générale semblerait dicter qu'aucun cadre supérieur n'a la faculté volontariste de se déloger, cela s'assimilerait à une offense immense au pouvoir ayant attribut de nomination. Tous les cadres, même des ministres, en ont eu peur ; à l'exception de certains, dont l'opiniâtreté culturelle et la hardiesse communicative dépassant leur compétence ministérielle, qui s'étaient eux-mêmes délogés. C'est une vision personnalisée de la dignité personnelle, disaient-ils. Celui qui nomme est et reste exclusivement celui qui dégomme. La culture de la démission et du désistement ne semble pas s'installer chez nous du jour au lendemain. Ni les scandales, ni les grosses erreurs, ni les échecs et surtout pas l'insolence ou l'affront hiérarchique n'eurent à s'ériger en motifs de décharge et de renoncement. Malgré cet écueil dans le métier, ce dernier, nonobstant quelques brins de justice et d'égalité de chance, demeure toujours attrayant et attractif et l'on ne se privait pas, pour l'avoir, le faire ou le subir, de recourir aux parrainages et autres manœuvres de genre clanique, clientéliste, etc. Rien comme élément d'«intervention » n'était laissé au hasard, telle qu'une occasion de régler des comptes ou relever une ancienne revanche.
Les alliances maléfiques devenaient morales et le cadre se débitait, qui à une influence mercantile, qui à une hors-hiérarchie agissante et, même parfois, qui à des personnes réjouies et allègres ayant fait, dans l'orgie et la surabondance, le plaisir de celui à qui « l'intervention » était destinée. Rien ne vient tout seul, tout se trace.
Chaque mouvement de cadres suppose également deux dimensions: l'une c'est l'un qui part, l'autre c'est l'autre qui arrive. L'un heureux, l'autre malheureux mais si souvent très heureux de devoir partir d'une administration fort décriée, lorsque la platitude et la malfaisance s'installent au lieu et place du défi et de la vaillance, lorsque le chef n'est plus le chef mais le sont les sous-chefs. Ainsi, un wali qui tend à gérer les affaires de sa cité par personnes influentes interposées est presque otage de sa turpitude. Un chef de cabinet à qui l'on remet tout son agenda de sortie ou de réception finira par prendre le dessus et s'auto-installera tacitement comme maître des lieux.
Au fait, comment devient-on cadre supérieur de la Nation ou de l'Etat ? Sinon des deux, s'il existe une différence. Il faudrait avoir, pour certains, peu ou prou de diplômes et beaucoup de connaissances et de savoir ! Tiens ! De quelles connaissances et de quel savoir parle-t-on ? Eh bien ! Celles que l'on a tissées au moment de la disgrâce, sur les bords de la réserve ou encore celles que l'on puise auprès de certains grands noms devenus légendaires dans la gestion des affaires de l'Etat, qui, des décennies après, font toujours le jour et la nuit de la Nation, l'ire et le sourire de ces gens. Qu'à cela ne tienne, si ce n'était que la personne du cadre, dans ses moindres, intimes et égocentriques détails, ne serait soumise à un examen d'habilitation ou communément une enquête de moralité ou d'habilitation.
L'on y signalera, avec beaucoup de controverses à qui de droit, l'apparence que dégagerait le comportement visible ou présumé du futur cadre. Le salut de la fonction supérieure et publique ne se doit que dans le remodelage total, sinon le renoncement de cette approche au profit d'une autre moins introspective et moins personnellement inquisitoire pour le cadre et, partant, amoindrissante de l'autorité qu'il est censé incarner, respecter et faire respecter.
Les mois d'été, en plus des fêtes familiales, connaissent d'autres cortèges autrement nuptiaux et funéraires. C'est le pic en théorie des mouvements que l'urgence politique a étendu sur tous les mois de l'année. L'été chez nous, à la fonction, c'est toute l'année. Néanmoins, par la grâce de Dieu, ce mouvement de septembre 2010, brassant large, aurait le mérite d'avoir été accompli à un moment largement propice. Rentrées sociale, scolaire, universitaire, lancement du plan quinquennal, échéances électorales, enfin nouvelle stratégie du ministère de tutelle. La mentalité acquise suite aux changements opérés, remplaçant sournoisement la culture d'Etat tant dispendieuse au souverain de la dynamique mouvementale, surgit à son tour pour faire d'autres frais aux dépens de simples employés ou commis de l'Etat. Si la « tête » ou le « chapeau » d'une charpente, soit d'une institution, vient à changer, le changement touchera inévitablement toute la structure pyramidale et tous porteront « le chapeau ». Les chauffeurs, secrétaires, femmes de ménage et autres subalternes n'échappent pas à la lessive. C'est comme si les uns travaillaient chez les autres. Cette mentalité voulant combattre la mystification de l'ancienne s'engouffrerait davantage dans le règlement de comptes par cadres interposés. La carence ainsi persiste, subsiste et fait dire en confirmant, par antinomie, les adages populo-présidentiels : «Lirouh khir mel lidji», «Li taârfou khir men li mataârfouch». Le mérite utile du changement et de l'alternative au pouvoir ou à la fonction ne serait-il pas ainsi faire compromis ? Le grand mérite pour ce mouvement réside paradoxalement en ce qu'il a brassé large. Certaines wilayas ont connu un redéploiement entier. Du wali aux chefs de daïra, passant par le secrétaire général, le DAL et le DRAG, l'administration est ainsi remise à zéro. Ceci reste au bonheur de tous les administrés. L'égalité des chances serait de la sorte préservée. Car personne n'est censé connaître personne. L'état des lieux se fera par constat personnel, sans nulle influence d'un certain relent du passé ou quelconque témoin.
La rotation des cadres est considérée sous d'autres cieux comme un programme managérial de réussite professionnelle et non comme un épouvantail qui fait plus de peur et de pleurs aux enfants innocents qu'aux cadres (leurs enfants bien entendu), malgré le faux bonheur qu'elle peut entraîner pour les arrivants, les retournants ou les maintenus dans sa volte-face rotative. Les variations différentes qu'elle provoque touchent presque à tout, sauf parfois à l'objectif voulu. On a vu de hauts cadres occuper cinq fois, en cinq ans, le même poste dans des endroits différents. On a vu la promotion d'un chef de cabinet, chef de daïra dans un chef-lieu, alors qu'il aurait mieux valu qu'il aille faire ses premières classes au Sud. On a vu, on a vu…
La stabilité est un contredit officiel de la théorie nouvelle des changements, et pour certains, elle devient un délit d'encadrement ! La longévité dans une case aussi cause une atrophie du service public dont les dégâts se subissent à tous les niveaux, y compris ceux du cadre. La limite d'âge ne semble toujours pas constituer un obstacle. Continuer à être wali à 70 ans frise la sénilité. L'on ne sera plus en mesure de suivre l'aptitude physique que recommanderait le suivi rigoureux des projets inscrits et notamment s'ils se trouvent répartis dans les soixante communes qui font la wilaya. L'âge n'est certes pas un handicap réflexif car, au fur et à mesure que l'on y avance, l'on rencontre les vertus de la sagesse, mais la loi de la nature fait que l'inaptitude devient une évolution biologique inévitable et provoquerait fatalement un handicap à une évolution. Celle du regard, de l'ouïe, de l'attention, de la mémorisation et du reflexe. M. Kadri, l'unique qui avait la volonté d'écrire sa bioservice-graphie d'ex-wali, s'entendait dire par sa petite-fille à une question relative sur les audiences qu'il accordait aux citoyens: «Est-ce qu'il les écoutait parfaitement? Répondant que oui, elle lui rétorquait : «Alors papa, tu m'accordes une audience?» En pratique, il n'écoutait personne et n'avait d'ouie que pour la voix de son maître. Je l'ai lu gémir et geindre de son évincement.
En finalité, rien n'est figé. De la statique naît la dynamique et ainsi de suite. Le cadre, le fonctionnaire enfin l'homme demeure en perpétuel mouvement. Il ne devrait pas croire, mais dire qu'à la Fonction publique algérienne, nous appartenons et à elle nous reviendrons. Amen !


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