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Toponymie et Histoire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 12 - 2010


Suite et fin
Un homme qui croyait à l'indépendance de l'Algérie Bouakouir a délibérément choisi d'éviter tout engagement direct dans des activités politiques, nationalistes ou autres. Jusqu'à la fin de sa vie, il s'est abstenu de faire toutes déclarations ou de prendre toutes positions publiques laissant deviner ses choix profonds. Il n'en reste pas moins qu'en refusant de prendre la nationalité française et donc, de se débarrasser de l'opprobre alors attaché au statut d'indigène, qui frappait d'ailleurs même les Algériens christianisés, il a montré où ses préférences allaient.
D'autre part, dans ses fonctions, il a tenté, si ce n'est de faire disparaitre, du moins, de réduire l'impact du pacte colonial qui faisait de l'économie algérienne, une économie quasi entièrement fondée sur la production agricole en complément de l'économie de la métropole. Il était un partisan fervent de l'industrialisation de l'Algérie et avait rédigé plusieurs articles, y compris dans la prestigieuse revue d'économie politique française, article où il défendait la nécessité de doter le pays d'une industrie de transformation compétitive.
Lors de la Guerre de Libération nationale, il est un des concepteurs du document de 526 pages, préparé en 1957, (à la suite des résultats de l'enquête de la commission Maspétiol sur les causes de la «rébellion algérienne») portant sur le développement de l'Algérie qui devait servir de base au plan de Constantine lancé par De Gaulle en Septembre 1958.
Au-delà des objectifs purement politiques de ce plan, qui n'ont pas échappé au GPRA, ce programme comportait des aspects positifs pour une Algérie indépendance. D'ailleurs, selon ses proches collaborateurs tant au niveau de l'administration qu'il dirigeait, que du Conseil Supérieur du Plan de Constantine, installé à Paris et qu'il présidait, il ne cachait pas le fait que nombre de ses actions allaient dans le sens de la préparation de l'indépendance algérienne, à laquelle il croyait. Il était considéré comme «nationaliste modéré» et Delouvrier lui-même rappelle que Bouakouir avait accepté le poste de secrétaire général adjoint sur accord tacite du FLN. (Voir : Maurice Faivre : «Archives Inédites de la Politique Algérienne, 1958-1962, 2000,» et Daniel Lefeuvre : «Chère Algérie»)
Quels étaient ses contacts avec le FLN à Alger ?
Il ne semble pas que Bouakouir ait eu des contacts poussés avec les différentes organisations qui menaient la résistance dans la capitale algérienne. Sans aucun coute, il a dû côtoyer des Algériens militants, et leur exprimer sa sympathie sans aller au-delà. Mais, ce qui est certain, c'est qu'il n'a jamais été l'objet d'attaques, et que, malgré ses fonctions supérieures au sein de l'administration coloniale, il a vécu une vie normale de haut fonctionnaire, et n'était pas entouré d'une garde spéciale quelconque. Ceci prouve qu'il jouissait d'une réputation favorable auprès des groupes militants.
A quelle époque a-t-il pris contact avec le GPRA ? Et comment est-il devenu agent du MALG ?
Il semble bien que Bouakouir connaissait Ferhat Abbas dès avant la Seconde Guerre mondiale, puisque celui-ci le cite, dans un de ses écrits datant de la fin des années trente du siècle dernier, comme un membre de l'élite algérienne nouvelle, et ensuite, fait mention de son assassinat dans un de ses livres autobiographiques. (voir : Jean de la Guérivière : «Amère Méditerranée : Le Maghreb et Nous, 2004, p. 203»)( voir également : Ferhat Abbas: «Le Jeune Algérien, 1930, De la Colonie vers la Province, 1981»)
Avait-il gardé le contact avec Abbas après 1955? On ne peut répondre à cette question que par l'affirmative, car il serait difficile de comprendre comment il a pu rencontrer un membre du GPRA en 1959 à Delhi s'il n'avait pas bénéficié d'une recommandation forte d'un de ses membres. Le fait est qu'à partir de 1960, il est chargé par le MALG non seulement de mettre en place un réseau de collecte de renseignements avec les fonctionnaires supérieurs algériens de confiance, mais également de dresser une liste de sympathisants auxquels on pouvait faire appel, dans le cadre d'une opération concertée de noyautage de l'administration coloniale destinée à faciliter des actions politiques ou autres futures de grande envergure. (Voir : Mohammed Harbi : Le FLN, Mythes et Réalités.»)
Il réussit même à intégrer dans son groupe Abdelkader Barakrok, plusieurs fois membre du gouvernent français, recrue de choix puisque c'était un homme proche de l'Elysée, très introduit dans la classe politique française, et source précieuse d'informations stratégiques nécessaires à la délégation du GPRA qui avait commencé son cycle de négociations avec les autorités coloniales. D'ailleurs, et ceci prouve l'importance de ce recrutement, Barakrok fut chargé par De Gaulle d'une mission secrète auprès du GPRA pour relancer les négociations. Ainsi Barakrok s'est retrouvé face à des représentants algériens qui ignoraient qu'il travaillait pour le MALG dans le cadre du réseau Bouakouir !
Un homme d'un grand courage physique
Bouakouir était un homme qui ne manquait pas de courage physique. Ce courage a été non seulement prouvé par son engagement dans une mission secrète dangereuse et qui devait lui coûter la vie, mais également dans son attitude face à la tentative de putsch menée par le Général Zeller contre De Gaulle en Avril 1961. Convoqué par le général félon le 24 avril, Bouakouir refuse de reconnaître son autorité et l'informe qu'il démissionne de son poste et délègue ses responsabilités à ses adjoints.
La détermination de Bouakouir a incité d'autres hauts fonctionnaires de souche française à rejeter toute idée de collaboration avec les putschistes. Bouakouir a donc joué un rôle crucial dans l'échec de ce putsch, dont la réussite aurait, sans aucun doute, abouti à l'arrêt des négociations de paix fortement engagées alors, et à la reprise de la guerre sous une forme encore plus violente. Ce rôle d'une importance historique inégalée dans les évènements de la Lutte de Libération nationale lui a été reconnu par son chef hiérarchique, Delouvrier.
En conclusion
1. La toponymie a des aspects politiques qui ne peuvent être passés sous silence ou ignorés ;
2. L'administration coloniale française a donné aux lieux de passages et aux localités nouvelles ou anciennes des noms des principaux acteurs de sa guerre d'invasion, et glorifiant les hommes de religion poussés par l'esprit de croisade contre l'Islam ;
3. A l'indépendance, ces noms ont été remplacés par ceux des héros de la Guerre de Libération ;
4. Cependant, certains de ces leaders qui avaient joué un rôle central dans la lutte pour l'indépendance ont été oblitérés de la conscience collective pour des motifs politiques circonstanciels et leurs noms bannis de l'histoire officielle comme de la toponymie publique;
5. Le nom de Salah Bouakouir, haut fonctionnaire algérien de la période coloniale a été choisi pour désigner le boulevard du Telemly, une voie importante de la capitale;
6. Bouakouir est sans doute un homme qui mérite la renommée et la carrière dont il a joui, du fait de ses dons intellectuels naturels et de sa forte personnalité;
7. Un des rares diplômés algériens de la prestigieuse école Polytechnique de Paris avant 1962, il a bénéficié d'un cursus honorum fondé sur la compétence technique et la neutralité politique;
8. Bien que haut fonctionnaire colonial, il n'a ni renoncé à son statut d'indigène, ni pris des positions politiques publiques le plaçant du côté des partisans de la colonisation;
9. Il semble bien, que, dans ses diverses activités, il ait tenu compte des intérêts à long terme du peuple algérien, et qu'il ait eu en vue la consolidation de l'indépendance de l'Algérie par des politiques économiques visant à la création d'un tissu industriel dans le pays ;
10. Bien que le plan de Constantine, dont il a été un des concepteurs, ait eu pour mobile le maintien du système colonial, Bouakouir l'a considéré comme un moyen de donner à l'Algérie indépendante une base économique saine ;
11. Il a été un collaborateur loyal et courageux du MALG dans l'action menée par cette institution non seulement pour collecter les informations nécessaires à la poursuite de la guerre, mais également aux négociations de paix, et créer une base de données de sympathisants algériens dans l'administration coloniale pouvant servir dans des actions collectives d'affaiblissement de l'emprise coloniale ;
12. Bouakouir a recruté un collaborateur important dans cette action, Abdelkader Barakrok, homme très proche alors des sommets de la hiérarchie politique française ;
13. Homme d'un grand courage physique, dont il a fait preuve non seulement dans ses actions clandestines au profit du GPRA, mais aussi et en particulier lors du putsch des généraux félons qui refusaient l'indépendance de l'Algérie, Bouakouir a payé de sa vie son action au service de la libération nationale ;
14. Il n'a pas besoin d'être réhabilité, car il a mené une vie honorable et conduit une carrière remarquable, aidé par ses dons intellectuels naturels et sa forte personnalité, dans un contexte politique et social particulièrement ambiguë, difficile et dangereux;
15. Peut-il être comparé, au vu de sa carrière et de son action, à des hommes comme Krim Belkacem, Boussouf, Ferhat Abbas, et d'autres encore ? Certainement pas.
16. Mais, il mérite une place d'honneur parmi les grands hommes qu'a produit ce pays, même si sa carrière administrative s'est totalement déroulée sous la férule coloniale.


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