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De Tunis à Alger, le chemin est très court
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 20 - 01 - 2011

Il suffit d'une immolation, d'un sucre ou d'un bidon d'huile pour que tout soit dit. Tout est clair. Les leçons doivent être prises en bonne considération. Car c'est tout aussi simple. Maintenant tous les chemins menant de Tunis vers d'autres capitales arabes sont en finalité très courts.
La longévité dans un poste qu'il soit politique ou autre n'emmène en fin de cycle que lassitude et dégoût. D'autant plus s'il s'agissait là d'un pouvoir exorbitant en matière de pouvoir politique. Nous ne sommes pas ainsi en face d'une réflexion ou d'un avis personnalisé. C'est l'histoire de l'humanité tout entière qui le prouve à travers les innombrables soubresauts qui l'ont émaillée. De César, Néron, à Caligula, Attila, jusqu'à Mussolini, Ceausescu, Chah d'Iran, les dictateurs et les éternels assis au trône de la puissance n'ont eu qu'une seule double-issue fatidique. Fuir et s'enfuir ou périr et mourir. Chassés à coup de morts et de sang, ils avaient la détresse ou la malédiction comme unique compagne tout le long du restant de leur vivant ou de leur au-delà. C'est cette longue histoire universelle qui nous décèle comment certains dirigeants ont par impulsions abusives ou désir immodéré et prolongé poussé leur peuple à leur réserver le plus souvent un sort funeste.
Ce qui vient de se passer en Tunisie doit impérativement inspirer les autres dirigeants à plus de retenue, mais aussi les peuples à plus de prise de conscience. Ils viennent, ils ne sont pas les premiers, les Tunisiens à démontrer qu'aucun pouvoir n'ait à se faire dans l'éternité ou à vie. Il n'y pas plus serein et paisible que cette alternative tant exigée par tous. L'homme s'est créé le mandat dans le temps. Alors pourquoi cherche-t-il à défier Dieu dans son ego de devenir une icône immortelle ?
Les événements subis par la société tunisienne ne sont en finalité et non loin aussi d'une manipulation tacite, qu'une issue inévitable, fatale mais à la longue salutaire. Elle devait surgir à n'importe quel moment où l'hégémonie d'un clan, d'une famille, d'une belle-famille ou d'une fratrie devienne une chape lourde à supporter davantage par ceux et celles qui sont maintenus sous un joug dominateur, écrasant et étouffant. Ainsi Tunis, avec ce 14 janvier 2011 vit à l'heure algérienne d'octobre 1988. Le plus fondamentalement menaçant et dangereux n'est pas encore venu. Il reste à faire, à subir. Ils vont connaître la liberté de dire tout en vrac, le tout cru d'un ras-le-bol qui vient briser le verrou. Ils viennent déjà de vivre le couvre-feu, le pillage et l'état d'urgence. Ils commencent à goûter au doux goût de la vindicte, du règlement de compte et du lynchage public. Ils vont connaître des élections qu'ils appelleront avec innocence, libres et transparentes. Ils vont revoir la copie de la constitution en tentant d'instituer un régime parlementaire et ouvert. Ils vont connaître la floraison des journaux, des partis, des associations et des comités de citoyens ou de soutien. Ils vont, après l'euphorie, crier aux disparitions et aux arrestations typiques qu'ils vont certainement qualifier d'arbitraires et outrancières. Ils ne vont pas cesser de marcher, de faire des rassemblements, des sit-in. Leur télévision nationale ne va pas rater un scoop historique pour se jeter dans la délation, la dénonciation et l'amertume d'une démocratie, somme toute de façade. La route est longue et pleine de trébuchements. Pourvu qu'ils n'arrivent pas à connaître les escadrons de la mort, les maquis truffés et touffus, les bombes, les attentats, les personnes explosives, les faux barrages et l'égorgement. Cependant ils commencent déjà à brailler la réconciliation nationale, la concorde civile et la préservation du patrimoine collectif.
C'est ainsi, par-devant une soif ardue de liberté et de démocratie, qu'on voulant y boire, que le pire puisse arriver. Ce pays abrite dans ses soubassements de nombreuses cellules dormantes toute idéologie confondue. La plus virale reste, en toute évidence, la constance islamiste. Elle a été, depuis que la Tunisie est Tunisie, mise à l'écart et empêchée d'infiltrer les rouages officiels de l'appareil dirigeant. La société pratiquait silencieusement sa religion. L'islam est un islam d'Etat, officiel et point c'est tout. L'on en fait ni éloge ni propagation. Il cohabite sournoisement avec les autres religions. Les juifs y sont implantés depuis bien longtemps. Le régime fait dans la quiétude de tous. Mais, les régimes successifs de Bourguiba et de Ben Ali ont fait que les Tunisiens étaient, par tous les moyens, éloignés de la mouvance islamique. Le réveil des fauves surviendra juste après la tempête populaire. Car tous les droits y seront pêle-mêle reconnus.
L'histoire est parfois, à la limite de l'injustice, impersonnelle et inhumaine. Elle n'agit pas dans les sentiments. Le temps s'exerce et passe. Les actes aussi. L'enregistrement y est spontané et définitif. La touche «supprimer» ou celle d'un clic retour n'existe pas dans le clavier de l'histoire. Tout signe ou graphe y est consigné pour la perpétuité. Le peuple fait et défait les présidents. Les présidents également font fortifier ou assujettir des peuples.
L'on retiendra qu'à Tunis, le départ n'a pas été cette immolation publique plus que ne l'était cette humiliation. Le jeune Bouaziz s'est à son corps défendant rendu en une torche humaine, suite à un acte d'excès de pouvoir commis par une policière. L'humiliation s'est vite consommée. La dignité bafouée. Cet agissement en uniforme traduisait un comportement d'Etat, sinon adopté en son nom. Le détail de l'acte isolé, diront les uns, a pu toutefois libérer tout un pays. Tous les morts, les disparus et le sang versé seront pour rien, si jamais, et ce cela semble se confirmer, le régime subsiste. Car le changement n'implique pas subtilement le départ d'un homme. L'essentiel est dans la disparition totale des relents, courtisans et applaudisseurs d'un système de gestion honni et réprouvé par l'ensemble du corps social d'abord. Puis viennent, pour les besoins de récup, les entités politiques et corporatistes.
C'est vrai qu'en Tunisie la peur gagnait toutes les bouches. Cette peur était visible et audible. Le régime sévissait à l'ombre comme un fantôme. On avait l'impression d'être non pas dans une caserne mais dans un grand commissariat. Ce sentiment fantomatique de peur, on le voyait partout et nulle part. Il avait ses oreilles, ses yeux dans le même corps social. La trouille se voyait s'ériger comme un management de gestion adoucissante des foules. Mais cette peur, à vrai dire, ce sont tous les peuples arabes qui la vivent. Elle emplit l'être arabe de l'écran de sa TV, à son école ou université jusqu'à dans ses écrits, paroles et œuvres artistiques ou littéraires. A-t-on vu un poète faire des odes à la faveur de Sarkozy ? Ou bien la France n'a plus de poètes ? A-t-on vu des citoyens ramenés par bus de la banlieue argenteuillaise pour arborer devant les cameras de TF1 le portrait de Sarkozy ? Même les plus durs de ses militants UMP ne le font pas. Car, en fait de l'éventualité d'un amour politique ou présidentiel, celui-ci ne peut s'exercer que dans le comportement quotidien et citadin. Dans le bel exemple. Dans le respect de l'autre. Dans la légalité.
Il n'y a pas pragmatiquement de similitude entre Carthage et El Mouradia. Bouteflika n'est pas Ben Ali. Il a une trompe plus emphatique et historique que l'époux de la régente de Tunis. Il n'a pas vingt-trois ans de règne, il a à peine 12 ans. La similitude existe cependant dans l'espèce de fonctionnement réciproque des rouages de l'Etat. Le système. Il est fait aléatoirement de la même pâte. Une démocratie qui ne veut rien dire, avec des partis totalement dressés en meubles domestiques de décor extérieur d'un paysage aride allant de l'opacité à la fermeture. La peur triture également les entrailles de certains avis contraires ou contradictoires. Elle côtoie chaque jour l'individu qui se parle en silence. Si la liberté d'expression chez l'un est entièrement disconvenue et policièrement réprimée, chez l'autre, elle est sujette à conditionnement par voie d'une agence d'édition et de publicité. Ou se confine dans un écran unilatéral, muet, plat et insipide. Elle est mise en surveillance, sinon comment expliquer que l'opposition politique continue à se faire à partir de l'étranger ? Si l'anti-islamisme chez l'un est une caractéristique de survie et une note d'évaluation de la maison blanche ou de l'Elysée, il est chez l'autre une mitoyenneté moulée dans une réconciliation nationale et soumise à un pieux appel sans cesse au dépôt de la violence.
Voilà que c'est fait, la Tunisie va vivre donc au rythme d'une nouvelle ère révolutionnaire. Plein de rêves et de liesse quant au recouvrement de la liberté, le citoyen va se désenchanter rapidement. Le régime Ben Ali sera toujours présent. Pour preuve, le gouvernement d'union nationale qui vient de se composer nie en bloc les autres courants. Sa légitimité s'est remise en cause par de nombreuses personnalités. L'enjeu s'est incarné dans le groupe assurant l'intérim de l'Etat. Tous issus de la production politique de l'homme déchu. Le président intérimaire, le chef du gouvernement, la majorité des ministres reconduits ne sont en fait qu'un appendice encore vivant d'un corps que l'on croit fermement mort. En fait, les régimes ont la peau dure. Les Tunisiens par cette révolte qui mérite pour leur postérité le titre de révolution, auront à gagner à préserver surtout le caractère d'ouverture touristique qui les caractérisait à ce jour. Ils ne doivent pas arborer une fausse dignité face à un touriste exigeant. Le monde ne doit pas penser que c'est fini, Hammamet et ses plages, c'est fini ces soirées libres et sans tabous, cette sécurité routière, hôtelière, urbaine, rurale etc. Sinon
Enfin, cet éveil, malgré les difficiles transitions, finira tout de même par faire arrimer le pays à la borne de la pluralité. Les autres d'entre voisins et cousins doivent absolument savoir que tous les chemins menant de Tunis vers d'autres capitales arabes sont en finalité très courts.


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